Le Visionnaire de Julien Green

Le Visionnaire de Julien Green

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Js75, le 20 novembre 2010 (Inscrit le 14 septembre 2009, 41 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (40 535ème position).
Visites : 6 018 

4,5 étoiles!

Le Visionnaire est un roman écrit par Julien Green en 1934. L'intrigue est consistante, complexe, prenante de bout en bout. Le style de Julien Green, d'un très bon niveau, est classique, fluide, riche (belles descriptions). Un grand livre, onirique, admirable.

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Se réfugier dans l'imaginaire pour fuir l'hypocrisie...

6 étoiles

Critique de Sissi (Besançon, Inscrite le 29 novembre 2010, 54 ans) - 29 juin 2011

Le jeune Manuel vit chez sa tante, pure dévote rigide, avec sa cousine Marie-Thérèse, fille de la même dévote rigide, dont il est secrètement amoureux.
Une seule fois, il essaiera d’avouer ses sentiments, mais cette révélation va entraîner tout un tas de bouleversements dans sa vie, véritable hécatombe affective dont il ne sortira pas indemne.
D’où la fuite.
La tante est remplie de frustration, ligotée à la pensée chrétienne, sa fille disant d’ailleurs d’elle qu’elle est « une bête sauvage prise dans les rets du catholicisme ».
A celle-ci, la mère inculque le savoir vivre, le savoir être, dans une vie faite de faux-semblants et de mensonges, où tout désir est bridé « Apprends, ma fille, qu’une catholique sérieuse n’a pas de visions ».
La pauvre Manuel, ballotté entre ces deux femmes fragiles et instables, ne parvient pas à trouver un équilibre, et finit pas rejeter ce monde où il ne se reconnaît pas.
D’où, encore, la fuite, fuite dans l’imaginaire, où il s’invente tout un monde qu’il se plaît à raconter.

Belle idée… qu’il fallait retranscrire avec justesse, mais c’est là, précisément, où le bât blesse.
Julien Green opte pour des récits fragmentés, celui de Marie-Thérèse, celui de Manuel, puis en guise d’épilogue un nouveau récit de Marie-Thérèse.
C’est au cœur de celui de Manuel, que la magie n’opère pas : le temps narré et le temps rêvé sont complètement dissociés, et la partie imaginée est carrément annoncée… sans changement de style aucun.
Style qui reste ultra classique, propre, soigné, mais tellement académique…
Comment croire un instant en ce rêve alors que manque l’essentiel : du flou, du vaporeux, du lyrisme, de la magie, de la poésie, des ellipses et de la suggestion ?
Rien de tout cela…. rien.
Ou si, un peu, à la fin du récit du visionnaire, les dernières pages étant très réussies et enfin révélatrices de ce monde parallèle et onirique dans lequel on avait tant hâte de se réfugier nous aussi !

Mais c’est trop tard, Monsieur Green, tout cela arrive tellement trop tard….

C’est d’autant plus dommage, que ça, c’était vraiment très beau :

« Je me demandai si le visionnaire, après tout, ne jette pas sur cette terre un regard plus aigu que le nôtre, et si, en un monde qui baigne dans l’invisible, les prestiges du désir et de la mort n’ont pas autant de sens que nos réalités illusoires. »

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