Apocalypse bébé de Virginie Despentes
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Un roman inclassable, mais fort...
Lucie est une jeune détective privée qui doit surveiller Valentine une ado fragile en rupture de lycée que son père et sa grand-mère soupçonnent de mener une double vie. Mais un jour elle la perd dans le métro, provoquant la colère de ses commanditaires qui exigent qu'elle la retrouve illico. Lucie, aidée de La Hyène, une privée lesbienne aussi étrange que violente, se lance sur ses traces en cherchant des indices auprès de tous ceux qui l'ont fréquentée, ses amis, ses rencontres d'un soir, mais aussi sa mère qui l'a laissée à son père alors qu'elle n'était qu'un bébé. Les deux femmes vont faire bien des découvertes au cours d'une enquête qui les mènera de Paris à Barcelone. Retrouveront-elles vivante la petite fille riche égarée ?
« Apocalypse bébé » est un roman assez inclassable, à la limite de plusieurs genres. A la fois polar noir et thriller, il fait également la part belle à la satire sociale et à la romance sentimentale homosexuelle. Despentes s'étend assez lourdement sur les bonheurs incomparables du sexe entre lesbiennes ce qui peut finir par lasser. Au niveau de l'intrigue, c'est assez léger et le lecteur sent bien que le côté policier est plus un prétexte qu'autre chose d'autant plus que la fin, qui explicite le titre du bouquin, est plus qu'improbable. Si l'on ajoute un style approximatif assez proche du premier jet (coquilles, erreur dans les noms de personnages, phrases mal équilibrées et utilisation de la première puis de la troisième personne du singulier aux moments les plus incongrus ce qui ne peut en aucun cas passer pour un effet de style), l'ensemble pourrait sembler assez faible s'il n'y avait l'humour, l'ironie, le regard intelligent et plein de finesse d'une auteure qui est d'abord et avant tout une observatrice impitoyable des travers d'une société qu'elle passe au vitriol et au scalpel de sa plume véhémente. Et rien que pour ça, il faut lire ce bouquin car il recèle des fulgurances remarquables de justesse. (Un exemple: « Les gens bien nés se reconnaissent à l'odeur, et repèrent les intrus de la même façon. ») Quant à savoir s'il méritait le Renaudot, c'est une autre histoire...
Les éditions
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Apocalypse bébé [Texte imprimé], roman Virginie Despentes
de Despentes, Virginie
B. Grasset
ISBN : 9782246771715 ; 19,30 € ; 18/08/2010 ; 342 p. ; Broché -
Apocalypse bébé [Texte imprimé], roman Virginie Despentes
de Despentes, Virginie
le Livre de poche / Le Livre de poche
ISBN : 9782253159711 ; 7,90 € ; 01/03/2012 ; 1 vol. (376 p.) p. ; Broché -
Apocalypse bébé [Enregistrement sonore], texte intrégral Virginie Despentes, aut. lu par Nadège Piton
de Despentes, Virginie
Audiolib / Littérature
ISBN : 9782356412645 ; 12,90 € ; 15/12/2010 ; 525 p. ; CD
Les livres liés
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Les critiques éclairs (11)
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Portraits au vitriol
Critique de Cecezi (Bourg-en-Bresse, Inscrit le 3 mars 2010, 44 ans) - 11 juillet 2015
Vraie enquête pour fausse histoire …
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 28 août 2013
Donc, oui, enquête. Mais l’essentiel n’est pas là. L’essentiel est plutôt dans le monde, l’époque, tels qu’ils nous sont dépeints.
En l’occurrence, l’enquête concerne Valentine, une adolescente de quinze ans, fille paumée d’un écrivain parisien, qui a échappé à la filature de Lucie dans le métro et qui est recherchée par notre duo. Elle a disparu. Et heureusement que Lucie s’adjoint le concours de « La Hyène » question efficacité !
Lucie est une hétéro tranquille, un peu popote. « La Hyène, une lesbienne militante. Toutes deux vont aller débusquer Valentine à Barcelone. Les choses vont même devenir beaucoup plus compliquées qu’appréhendées, si bien qu’on pourrait avoir l’impression in fine d’avoir lu un thriller écrit par le croisement de John Le Carré (ou R.J. Ellory) avec un Philippe Djian époque déjantée ! Vous voyez le mélange ?
Donc oui, l’enquête n’est pas l’essentiel. On comprend bien que Virginie Despentes a pris plaisir à se pencher sur, et à pointer du doigt, des particularités vers lesquelles notre société occidentale dérive. Ce pourrait être simplement choquant ou parfois graveleux. Ce n’est pas ça. C’est une version moderne d’un monde en train de muter sous le double coup de l’accélération de ce qu’on appelle « le progrès » et une certaine déliquescence de la conscience sociétale …
Quant au titre, si vous voulez savoir pourquoi « Apocalypse », pourquoi « bébé », … vous voyez ce qu’il vous reste à faire ?
La Hyène est dans la place
Critique de Ndeprez (, Inscrit le 22 décembre 2011, 48 ans) - 21 décembre 2012
Cela porte préjudice au roman auquel on peut s'attacher si le nom sulfureux (usurpé) de Despentes ne vous effraie pas.
Je reconnais qu'il fallait oser lui donner le Renaudot.
Polar social cru
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans) - 22 avril 2012
Il est certain que ce livre déconcerte, mais il ne manque ni d'énergie, ni de rythme ni de psychologie, et vaut la peine, bien que la réitération aussi fréquente du tropisme lesbien finisse par "lasser".
Filière P13
Critique de Comhel (Sainte-Ursule, Inscrite le 27 novembre 2008, 69 ans) - 5 février 2012
Désolée. Même si je suis bien consciente de la réalité d'aujourd'hui, il n'en reste pas moins que j'ai trouvé ces écrits vulgaires, tout en respectant le choix de chacun soit dit en passant. Respectez le mien je vous prie.
Trop plein
Critique de Eoliah (, Inscrite le 27 septembre 2010, 73 ans) - 27 octobre 2011
Cela dit la modernité des situations et des profils est intéressante et la lecture plutôt agréable sur les deux premiers tiers.
Un roman moderne, plein de surprises.
Critique de Anonyme3 (, Inscrit le 6 septembre 2011, - ans) - 6 septembre 2011
nous transporte dans un roman moderne et électrique, avec une fin inattendue dans un monde bien réel.
Synopsis:
Une jeune flic, Valentine surveille une enfant, Lucile à la demande des parents. Un beau jour , la gamine remarque la présence de la flic et s'enfuit, provoquant la colère de ses commanditaires qui exigent qu'elle la retrouve illico. Aidée de la hyène, valentine, va se retrouver tour à tour embarquée dans une histoire de meurtre,de lesbianisme etc.. entre Paris et Barcelone.
Livre très bien écrit, avec une noirceur et une fin inattendue. Le livre résume bien la fragilité d'un monde fait de violence et de dépravation.
Bravo! à Virginie Despentes qui mérite amplement le prix Renaudot. Livre qui se lit d'une traite.
Jeans troué
Critique de Deashelle (Tervuren, Inscrite le 22 décembre 2009, 15 ans) - 25 juin 2011
Le choc des mots
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 24 mars 2011
Pas question non plus de comparer Virgine Despentes à Céline mais la violence de certaines phrases, le choc de certains mots, l'humour grinçant et le contre-courant des pensées dominantes m'ont rappelé certaines phrases du « Voyage au bout de la nuit ».
Peu de domaines y sont épargnés:
les écrivains: « Fréquenter les artistes, elle s'en passe volontiers. Les sportifs, les politiques, ça peut l'impressionner. Mais artiste.... toujours une imposture. En tête de sa liste, sans hésitation, elle placerait les écrivains. Elle connait, elle a donné. Ce qui est offert d'une main aimable est repris au centuple de l'autre, la main rapace, fouilleuse et sans scrupules. La main qui écrit, celle qui trahit, épingle et crucifie. »
les femmes: « Mais à ce stade de décomposition, le seul remède serait la burqa »
la maternité: « Si le bébé était payé au poids, on ne les aurait plus délogées de chez Fauchon, les femmes de la famille. »
la culture: « Il a en tête un savoir encyclopédique et large, le genre à battre des records au Trivial Pursuit, mais à l'heure d'internet, qu'est ce qu'on s'en fout que quelqu'un sache tout sur tout. »
les enfants: « Les adultes geignent en faisant mine d'être dépassés par la vitalité destroy des petits. Mais on voit bien qu'ils jouissent d'enfin pouvoir emmerder le monde , en toute impunité au travers de leur progéniture »
Et je ne peux m'empêcher de recopier ce passage qui a peut-être donné des idées à certains ou qui aurait pu alimenter un forum récent et virulent!
« Il en était réduit à écrire lui même et sous pseudonyme, quelques phrases de louange subtilement critique sur les forums et blogs littéraires."
Un roman d'une grande force, original, une intrigue bien menée et beaucoup d'humour...
La violence des mots et quelquefois des faits est cohérente. Je ne connaissais pas cette auteure, et le début du livre m'a surprise mais je me suis prise au jeu de la traque et j'ai fini ce roman avec l'impression d'avoir fait connaissance avec un univers bien marqué de la littérature contemporaine.
« Y reste que des gens comme moi. La racaille. Les gens comme toi … vous pouvez pas vous en tirer... Même institutrice, il faut être plus dure que tu ne l'es. »
Roman moderne
Critique de Gabri (, Inscrite le 28 juillet 2006, 38 ans) - 25 janvier 2011
La formule n’est peut-être pas nouvelle, mais elle est efficace et je trouve que l'auteure a très bien su en tirer profit. Un nouveau personnage à mettre en scène, c’est une nouvelle histoire à raconter à l’intérieur de celle qui court déjà le roman et loin de créer un effet "nouvelles", j’ai trouvé que le résultat était prenant. J’ai aussi beaucoup aimé le style de Virginie Despentes. Les images qu’elle prend pour illustrer ses idées, les remarques pleines de vérité placées juste au bon endroit, sa façon de décrire les personnages et de parler pour eux sans que ça ne sonne jamais faux… C’est aussi un roman moderne; des romances lesbiennes sont décrites sans tabous, Facebook, Twitter et Myspace font tous partie de l’enquête, etc. C’est un peu le portrait de notre époque, avec tout ce qui la caractérise.
Il y a par contre ces petites coquilles qui rendent certaines phrases plus difficiles à comprendre, et l’abondance d’expressions françaises m’a aussi un peu agacée parce que je ne les saisis pas toujours. Et puis, moi non plus je n’ai pas vraiment aimé la fin. Dommage, parce que tout me semblait mis en place pour boucler la boucle...
Oui... mais
Critique de Marsup (, Inscrit le 22 octobre 2009, 48 ans) - 6 janvier 2011
Néanmoins, ce roman a le mérite d'appuyer là où cela fait mal et de dresser un portrait sans concession du monde actuel et d'une jeunesse en mal de repères.
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