La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler
de Michel Folco

critiqué par Sanchan, le 2 décembre 2010
( - 41 ans)


La note:  étoiles
Très intéressant
Michel Folco a décidé de s'attaquer, cette fois, à un lourd personnage, celui d'Adolf Hitler. Comment utiliser sa plume d'auteur historique à l'humour franc pour un personnage monstrueux qui n'a -malheureusement- rien de littéraire? Et bien voilà un lourd défi que s'est donné Michel Folco.

Ce roman historique nous raconte -comme l'indique si justement le titre- la jeunesse d'Adolf Hitler, de sa naissance à la déclaration de la guerre de 1914.
Je ne connaissais rien à cette partie de la vie du dictateur, hormis le fait qu'il avait tenté l'Académie de peinture. Je me suis donc fortement instruite par la lecture de cet ouvrage.
Outre les aspects historiques, on y découvre un personnage terne, bête, très imbu de sa personne, et en compétition permanente avec les gens qu'il côtoie. Faut-il voir dans cet enfant surprotégé à qui on ne disait jamais "non" un personnage de roman ou la véritable image du monstre enfant?

Ce livre dérange. Déjà par son titre si neutre, qui nous montre Hitler comme un personnage plutôt doux, mais surtout comme un personnage parmi tant d'autres. un banal héros de roman.
Tout le livre est ambigu, sans arrêt il faut se répéter que ce nous lisons est la vie du plus grand tueur de l'Histoire pour ne pas développer de l'empathie pour lui. En ce sens le roman de Michel Folco est magistral. Il nous montre parfaitement que la violence et l'horreur peuvent naître en chaque être humain, et qu'on ne peut pas toujours prévoir que tel enfant deviendra Le Monstre du Siècle. A l'heure où le gouvernement propose un dépistage des enfants pour y repérer les futurs délinquants, Michel Folco prend l'image emblématique du Mal au XXème siècle pour faire un pied de nez aux idées reçues. Qui nous dit que notre enfant ne sera pas un monstre? L'enfant du voisin, un peu taciturne mais pourtant gentil, n'est-il pas un sérial killer en devenir? Le mal est sans doute en chacun de nous, c'est le message qui ressort de ce roman au delà de la partie historique.

Cette fois, les amateurs de Michel Folco seront sans doute un peu déçus. Face au personnage difficile d'Hitler, sa plume est moins enjouée, moins drôle. Il y a tout de même des choses que l'on ne peut pas faire, même en littérature... Cela se ressent dans certaines scènes, parfois maladroites.

Maintenant vient le moment très difficile de la note... Combien d'étoiles pour ce roman? C'est un très bon roman, mais le sujet et le traitement en sont difficiles. On a toujours peur de froisser. C'est un roman dérangeant, mais un bon roman.
La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler 6 étoiles

J'adore l'écriture et l'humour de Michel Folco. J'ai lu tous ses autres livres et souvent j'ai bien ri. Relier Hitler aux Tricotin était à mes yeux une excellente idée. Malheureusement, j'ai trouvé ce livre plutôt ordinaire. Je le trouvais long et parfois un peu ennuyant. J'ai préféré La Part de l'autre d'Éric-Emmanuel Schmitt meilleur.

Dans ce livre, j'ai eu trop souvent l'impression de confondre Hitler avec Ignatius J. Reilly dans la Conjuration des imbécile de John Kennedy Toole, surtout avec les problèmes gastriques du futur dictateur.

Peut-être que j'avais trop d'attente face à ce livre.

Exarkun1979 - Montréal - 44 ans - 23 octobre 2012


que du bon 10 étoiles

Folco c'est vraiment un sacré bonhomme. Une plume aérienne, un humour décapant, une suite dans les idées extraordinaire mais surtout... l'art d'écrire !
Un seul regret : qu'il ne soit pas un peu plus fécond.
je me suis régalé avec ce livre (comme avec les autres d'ailleurs) et j'attends avec impatience le suivant

Monocle - tournai - 64 ans - 7 janvier 2012


Les tribulations d'un jeune artiste désargenté 9 étoiles

C’est avant tout le titre qui m’a convaincue de lire ce livre. Je le trouve très amusant et pas sérieux du tout ce qui est un bon point de départ. Et c’est effectivement vrai que cette lecture est fort amusante et oserais-je dire divertissante au plus haut point. Une fois passées les quelques pages du début qui sont un tantinet ennuyeuses, les tribulations de cet enfant puis de cet adolescent têtu, obstiné, orgueilleux et imbu de lui-même se laissent lire avec plaisir. Oui, du plaisir voilà ce que ce livre m’a procuré. L’auteur sait raconter avec justesse et sur un ton où l’humour perce malgré les drames et les déboires du héros amoureux de Wagner et gavé des histoires de Karl May mettant en scène le fameux Winnetou auquel Adolf s’identifie. C’est d’une irrésistible drôlerie.

Mais le mérite principal du livre est de nous faire découvrir toute la jeunesse d’Hitler, son milieu familial, son enfance relativement choyée malgré un père qui le fouette cruellement à l’occasion. L’enfant n’éprouvera d’ailleurs aucune tristesse lors de son décès. Par contre, la mort de sa mère alors qu’il est âgé de dix-huit ans le laisse profondément déprimé et mélancolique. Il devra dès lors ne compter que sur lui-même et affronter cette vie d’adulte auquel il n’est nullement préparé. Lui qui a toujours pu compter sur l’argent que sa mère lui fournissait se frotte au monde du travail et essuiera bien des échecs qui lui feront connaître le monde de la rue et de la déchéance. Il s’en sort en peignant des aquarelles qu’un associé s’occupe de vendre pour lui en partageant les bénéfices.

L’auteur s’attarde sur la vie de son personnage et laisse un peu de côté le contexte politique et social de l’époque mais le livre est tout de même fort instructif et révélateur du caractère bien particulier et attachant (ce n’est pas encore le monstre que l’on sait…) de cet adolescent à l’intelligence vive et méthodique. Je me suis presque prise d’affection pour lui en le voyant se débattre avec sa misère, sa fierté bafouée et les nombreuses difficultés que son statut de jeune homme désargenté lui a fait subir. Je n’ai qu’un seul regret, que cette lecture se soit achevée si vite. J’aurais bien aimé continuer à le suivre dans ses rocambolesques aventures. La conclusion est fort bien imaginée et donne le goût de poursuivre notre lecture mais bon, toute bonne chose a une fin hélas…

Dirlandaise - Québec - 69 ans - 15 décembre 2010