En moins bien
de Arnaud Le Guilcher

critiqué par Enparenthese, le 5 décembre 2010
( - 49 ans)


La note:  étoiles
Le livre le plus déjanté que je n'ai jamais lu
Je fais beaucoup plus que vous le recommander, je vous le prescris tel un antidote hivernal d’inspiration homéopathique. Venons-en aux faits !

Un homme, genre un peu déjanté qui s’empêtre à vivre, va se retrouver à devoir prendre les commandes d’une station balnéaire devenue célèbre par la présence d’un amoureux déchu qui n’a de cesse de tourner en rond sur la plage en criant le nom de sa femme envolée. Tous les médias s’en emparent, c’est la cohue, l’événement pour ce patelin paumé. Or, notre homme est peu en condition… il vient lui-même de perdre Emma qui, après quelques heures de mariage, a pris la fuite de ladite station bien nommée « Sandpiper ». Pleins d’aventures et de rencontres rocambolesques s’en suivent faisant de cette histoire un véritable road-movie immobile.

On rit aux éclats à entendre les plaintes maladives et burlesques de notre homme perdu et ravi à la fois d’avoir enfin un rôle à jouer, le tout porté par une écriture à l’emporte-pièce percutante et sarcastique. Un petit extrait pour vous rendre compte « J’avais une gueule de bois du tonnerre. On aurait dit un masque africain. J’étais pas fâché d’être arrivé. Là, en fait, en termes de peps, j’étais un peu sur la réserve. »

Humour, événements incongrus et caractères bien trempés font de ce livre un véritable moment de pur divertissement. A consommer immédiatement sans modération.
Une belle cuite littéraire ! 8 étoiles

Attention, le style risque bien de choquer les puristes de la belle langue ! De Guilcher écrit comme il parle, se fout des négations et massacre la syntaxe avec la joie sadique d’un gosse arrachant les ailes d’une mouche. En même temps, vu l’histoire et la personnalité du narrateur, on imagine bien que des tournures balzaciennes seraient totalement inappropriées… Il s’agit donc bien d’un parti pris, discutable on peut le concevoir, mais largement compensé par des tonnes d’expressions hilarantes et un certain talent pour retranscrire l’absurdité ou le cocasse des situations. D’une histoire qui pourrait être totalement déprimante, où il est question d’amours brisés et de vies cabossées que seule une bonne cuite viendrait apaiser, Le Guilcher parvient à nous amuser sans nous ennuyer, appliquant à son compte l’adage selon lequel l’humour est la politesse du désespoir. Et pour que cela ne ressemble pas qu’à un délire de pochtron, on y trouve des évocations poétiques et quelques scènes de tendresse bienvenues. C’est un peu comme s’il avait mélangé Bukowsky, Audiard et Desproges dans un shaker, avec beaucoup d’alcool fort et un doigt de nectar de pêche, le tout accompagné d’un gros pétard d’ « herbe qui fait rire et donne des hallus »… On a également une belle galerie de personnages, dont la plupart, à l’image du narrateur, ont l’air plus qu’authentiques et toujours un peu bancals, mais n’en sont que plus attachants.

Pour le reste, j’ignore si c’est autobiographique (il parle à la première personne mais ne se nomme jamais), mais je suppose que cela ne l’est que partiellement, parce les situations sont plus que délirantes ou alors ce mec était sous l’emprise de substances illicites quand il a écrit son bouquin ! En tous cas, le tout est fort sympathique, et malgré le style relâché, m’a procuré une vraie jubilation littéraire.

A titre d'exemples, quelques perles parmi tant d’autres (déconseillées aux esprits chastes…) :

-J’avais une gueule de bois du tonnerre. On aurait dit un masque africain.
- Que Dieu encule et réencule ces abrutis du syndicat des chauffeurs de bus qui, au lieu de faire leur job consciencieusement, auraient pu avoir la pudeur de taper une bonne grève surprise.
- Par temps sec, il était gaillard comme un hippopotame sans flaque de boue.
- Jack était l’heureux propriétaire d’un gosier au design inspiré par le tonneau des Danaïdes, et ça le rendait imbourrable.
- Je buvais comme un évier depuis des jours et des jours (…).
- Moïse avait des cernes pas possibles, et semblait être dans une forme aussi paralympique que la mienne.

Blue Boy - Saint-Denis - - ans - 20 octobre 2012


Tout était de la faute des pingouins et de la bibine … 5 étoiles

Une lecture qui m’a laissé un sentiment mitigé car il faut le reconnaître Arnaud Le Guilcher a un sacré sens de la formule. En voici quelques exemples : « Ma mère était belle. Mon père avait raté le coche, j'aurais pu être beau. Pas beau et intelligent. Non, faut pas charrier, mais au moins présentable...Le jour de la giclée fatidique, il a dû penser à une vieille tante moustachue, et pan, un spermatozoïde blindé de gènes de thon a conquis le saint Graal. Bilan des courses : ma gueule. Merci du cadeau » ou « On perd la plus grande partie de sa jeunesse à coups de maladresse. »
Mais au bout de quelques pages le filon s’amenuise et tout part un peu en sucette … Difficile de garder le cap avec toute une bande de dégénérés suivie par un pélican caractériel du nom de JFK … On est vite mis KO par la puissance du désenchantement de l’auteur.
Pour vous donner une idée de mon ressenti j’ai eu le même sentiment en lisant 99 Francs de Beigbeider et l’Attrape-Cœur de Boris Vian.
Dans En moins bien, il est indéniable qu’il y a des passages brillants mais on finit par s’égarer dans les délires éthyliques de notre héros looser.

Monde imaginaire - Bourg La Reine - 51 ans - 30 juillet 2012


Love in vain 8 étoiles

Quelle baffe que ce petit roman délicieusement loufoque, qui m’a fait passer par tous les sentiments : fous rires, larmes, dégoût, tendresse….
Le narrateur est un loser patenté dont la vie se traîne monotone entre son métier d’employé dans une blanchisserie tenue par un couple de Japonais, et des soirées qui se terminent inévitablement en cuites légendaires. Eclair dans la grisaille, sa rencontre avec Emma qu’il va épouser. Leur voyage de noces est tout un programme. Il prennent un bus Greyhound, direction le village de vacances de Sandpiper. Pour passer sa nuit de noces, on a déjà fait mieux qu’un village de bungalows délabrés. D’autant plus que notre héros en profite pour passer sa soirée avec les péquins du coin à se saouler à qui mieux mieux échangeant avec eux sur de sombres histoires de pingouins. Loufoque je vous avais prévenu. Le fou rire n’est jamais bien loin. De retour dans sa cambuse, sa belle s’est fait la malle. Elle est introuvable. Et voilà, la page d’après, la tristesse nous guette.
Notre héros se console bien vite avec ses nouveaux amis, d’autant plus qu’un touriste allemand vient de virer fou. Trompé par sa femme qui elle aussi a pris la tangente, il ne cesse depuis de tourner en rond sur la plage, éructant des Frida, Frida en espérant son retour improbable. Tout cela sous le nez de ses deux enfants que les autochtones ont décidé de baptiser Requin et Marteau. On est ici dans le registre de l’aigre-doux. Inutile de dire qu’un tel spectacle va attirer la presse et les touristes. J’arrête ici le déroulé de cette histoire hilarante sous peine d’en dévoiler trop.
On y croise également un pélican appelé JFK, mais aussi une dune qui chante, tandis que les Rolling Stones chantent à tue-tête. C’est la bande sonore idéale pour accompagner ce roman qui se dévore d’une traite. On y rencontre une galerie de personnages tous plus barrés, mais attachants les uns que les autres. On se croirait parfois dans un remake du film "The Big Lebowski"
L’auteur ne s’interdit aucune folie, dans un style argotique qui ne m’a pas déplu. Déjà, intituler un premier roman « En moins bien », il fallait oser ! Il y a des trouvailles et des formules de style à chaque page. Des exemples :
- « Souvent dans les ruptures, c’est pas le souvenir de ce qu’on a fait ensemble qui fait mal, mais la somme des projets qu’on ne réalisera pas en commun. »
- « J’étais en train de perdre pied tout en courant partout. On a jamais inventé mieux pour se casser la gueule »
Ce roman est une véritable découverte. Tout le monde peut y trouver quelque chose.

Nothingman - Marche-en- Famenne - 44 ans - 4 février 2012


Pas de SAV pour le mariage 8 étoiles

Un type qui bosse dans un pressing tenu par un couple de japonais aux USA part en lune de miel avec une fille qu'il connait à peine mais dont il est tombé raide dingue.
Ils partent au bord de la mer, dans un hôtel avec bungalow au pied d'une dune immense. C'est la saison morte et l'hôtel résonne du vide de clientèle.
Le type, qui nous parle à la 1ère personne, se bourre la gueule avec les gens du coin le soir de sa lune de miel. Le lendemain, la belle s'est fait la malle !

C'est le point de départ d'une histoire tragi-comique, où le loufoque côtoie le burlesque, le ridicule et le pitoyable.

Moi, j'ai bien aimé.
Ce n'est certes pas de la grande littérature, mais le style est cinglant, caustique et fleuri ! On passe franchement un bon moment. J'ai beaucoup ri, comme un bossu, souvent aux larmes. ça fait du bien !

Je vous le conseille vivement.

Lejak - Metz - 50 ans - 10 novembre 2011


Sentiment mitigé 5 étoiles

Je suis tombée sur ce livre en magasin un peu par hasard ; les critiques de la quatrième de couverture m'ont bien plu.

J'ai lu très vite la première moitié du livre, mais arrivée à la seconde j'ai perdu la cadence en même temps que mon attention. Les situations deviennent un peu trop "barrées" et les personnages s'emmêlent.

Je partage l'avis de Kilidetou et reste relativement mitigée.

Je tente quand même le nouvel opus "Pas mieux" afin de voir ce qu'il en est de la suite.

Lpanja - - 41 ans - 14 octobre 2011


Ben je sais pas trop en fait... 4 étoiles

Voilà, ce livre je l'ai acheté juste sur ta critique Enparenthese. Parce qu'il avait tout l'air d'être le genre de livre que je cherchais. Et puis, je l'ai lu très vite. Ok c'est très original. Mais pas si intéressant. OK les personnages ne ressemblent à aucun autre. Mais pas si attachants qu'ils pourraient l'être. OK c'est barré. Mais pas si drôle. Voilà, finalement, je n'arrive pas à savoir si j'ai aimé ou pas.

Kilidetou - Angers - 45 ans - 30 décembre 2010