Une si belle école
de Christian Signol

critiqué par CC.RIDER, le 10 décembre 2010
( - 66 ans)


La note:  étoiles
L'école à la campagne sur un demi-siècle
En 1954, Mademoiselle Perrugi, une jeune institutrice issue d'un milieu très modeste (son père est maçon et tailleur de pierres) prend son premier poste à Ségalières, un petit bourg du Lot. Elle découvre une école à classe unique, sans eau courante et chauffée à l'aide d'un poêle à bois, une vingtaine d'élèves attachants et des parents plutôt hostiles car ils préfèrent que leurs enfants restent pour les aider à la ferme. Elle n'y restera qu'un trimestre et sera mutée sur un poste double dans un village plus agréable. Elle y rencontrera Pierre, l'amour de sa vie, maître d'école lui aussi, mais issu d'un milieu plus aisé et poète à ses heures. Il sera blessé pendant la guerre d'Algérie. Le couple passionné par son métier vivra une à une toutes les réformes qui les mèneront à ne plus se retrouver dans ces nouveautés.
Un roman de terroir en forme de témoignage ou de biographie d'une institutrice de campagne qui se lit d'une traite pour peu que l'on s'intéresse à l'histoire de l'école française sur un demi-siècle. Le style est facile et agréable. Les problèmes rencontrés (enfants battus, autistes, auto-mutilation et autres accidents plus ou moins grave comme une fracture du crâne suite à un accident idiot) montrent bien le quotidien de ce que l'on peut toujours qualifier de plus beau métier du monde. On sent que Signol s'est beaucoup documenté sur la question ou a été particulièrement bien conseillé car on ne relève pratiquement aucune erreur notable excepté sur la fin de l'examen du certificat d'études. Malheureusement, cette jolie histoire de dévouement est un peu trop pétrie de bon sentiments et souffre d'une fin aussi improbable que fausse historiquement : la maîtresse, au moment de partir en retraite, demande à être nommée sur un poste de perfectionnement, ce qui ne se conçoit pas sans le diplôme ad hoc (CAPSAIS) et était même totalement impossible car à cette date ces classes avaient disparu pour être remplacées par des CLIS. Autre faiblesse : toutes les fameuses réformes (maths modernes, pédagogie de l'éveil, tiers temps, tronc commun, cycles etc...) passent en douceur et semblent même bienvenues, ce qui est pousser le bouchon de la bienveillance un peu loin.
Tendre hommage 8 étoiles

Lire Signol, c'est toujours comme une caresse d'un vent poétique apaisant et si, je l'avoue, j'ai eu, parfois, quelque mal avec tout ce monde nageant dans "le meilleur des mondes" humainement, il fut, malgré tout, d'un grand bienfait et se lit comme en feuilletant le récit d'une partie de son enfance, celle de ces beaux apprentissages avec quelques instits dont on se souvient toute sa vie!

( Ah! Ces plumes Sergent Major...les meilleures!!)

Provisette1 - - 12 ans - 29 octobre 2013


Très agréable à lire 9 étoiles

J'ai adoré ce livre de Christian Signol. Mlle Perrugi, une jeune institutrice des années 50 nous fait partager sa destinée qui est d'instruire des enfants à l'époque où, dans les campagnes, les enfants restent à la ferme afin d'aider leurs parents qui ne voient pas la nécessité de faire des études longues et coûteuses. Ornella Perrugi va se battre contre la fatalité et l'esprit borné des gens. Elle rencontrera Pierre, issu du même métier qu'elle et se mariera. Elle aura une vie heureuse entre son fils et son mari.
Mais sa vraie passion est d'aider les enfants en difficultés. Elle nous explique, comment, par sa patience et son dévouement, elle réussit à ouvrir chez ces enfants des horizons et des rêves auxquels ils n'osaient pas penser. Enfin, on peut suivre les réformes auxquelles l'éducation nationale a procédé afin de tenter de comprendre comment l'école d'antan, avec ses craies et son encre, a évolué pour devenir l'école de maintenant.
Le style est simple mais la lecture agréable.

Emira17 - / - 27 ans - 13 mars 2011


qu'elle est belle la légende... 9 étoiles

1870, Jules Ferry : « faire disparaître la dernière, la plus redoutable des inégalités qui vient de la naissance, l'inégalité d'éducation » Cette mission, Ornella s’en empare avec passion…. Dès l’âge de 5 ans, fille d’immigrés italiens, elle se hisse parmi les très respectés instituteurs et institutrices qui ont pour tâche l’instruction de la nation et la propagation des vertus républicaines. L’histoire est doublée d’une histoire d’amour attendrissante, où le prince sera lui aussi un hussard noir! Hélas la république le réquisitionne pour la guerre en Algérie. Le couple héroïque traverse le siècle et ses changements, dans la dévotion la plus intense à leurs vœux pédagogiques. Une histoire noble, où se raconte le Sud-Ouest farouche, le savoir enseigner empirique basé sur le bon sens et l'amour des élèves, toute une époque où les fantassins de l’école publique, quels que soient les risques du métier, déploient leur savoir-faire avec une abnégation sans bornes, presque sacerdotale. Leur plus belle récompense étant de former de nouveaux normaliens, aussi passionnés qu’eux. Une telle lecture fait du bien. Une apologie de l’effort et du travail bien fait est devenue si rare…. Mais c’est bien du Signol tout craché, avec son amour des valeurs familiales, et des gens de la terre de ses ancêtres. L’histoire contée devient fabuleuse, enluminée, comme à chaque fois que quelque chose meurt... Et les villages meurent avec leurs écoles d’antan. On voit à la fin ce que l’école devient, dans l’urbanisation à outrance, sous les réformes les plus absurdes… et sous la fonctionnarisation de ce noble métier qui inévitablement tue la passion. Une citadelle s’est effondrée: celle de Signol a rendu un hommage émouvant et beau aux instits légendaires, hommes et femmes porteurs de valeurs et de courage.

Deashelle - Tervuren - 15 ans - 7 janvier 2011