Indignez-vous ! de Stéphane Hessel
Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités
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L'indignation nous rend humains.
A 93 ans, Stéphane Hessel jette un regard lucide sur sa vie de combats et sur la société actuelle. Cet homme courageux au passé prestigieux, ancien résistant, ancien prisonnier des camps nazis, qui fut un des rédacteurs de la déclaration universelle des droits de l'homme est un humaniste au sens le plus noble du terme. Selon lui ce qui nous rend profondément humains, c'est la capacité de nous indigner devant l'injustice. Dès la première page, tout est dit: Il nous appartient de veiller ensemble à ce que notre société reste une société dont nous soyons fiers: pas cette société des sans-papiers, des expulsions, des soupçons vis-à-vis des immigrés, pas cette société où on met en cause les retraites, les acquis de la sécurité Sociale, pas cette société où les médias sont entre les mains des nantis, toutes choses que nous aurions refusé de cautionner si nous avions été les véritables héritiers du Conseil National de la Résistance".
Profondément inquiet des dérives actuelles et d'une certaine perte des valeurs de liberté d'égalité et de fraternité typique de notre société occidentale, il nous rappelle que les avancées sociales qui ont suivi la dernière guerre mondiale venaient de la résistance et constate avec tristesse qu'elles sont battues en brèche à l'heure actuelle.
Profondément choqué par le sort de la population de Gaza qu'il a pu visiter muni d'un passeport diplomatique, il témoigne sans langue de bois des crimes commis par l'État d'Israël contre les Palestiniens, notamment au cours de l'opération "plomb durci". En toute objectivité, il reconnait et condamne sans ambiguïté les tirs de roquettes du Hamas, mais dénie à l'État israélien le droit de massacrer la population palestinienne sous le prétexte de sécurité. L'exaspération des habitants de Gaza qui est la cause indubitable des tirs contre Sdérot est le contraire de l'espoir, et seule l'espérance est constructive. Il n'y a d'avenir que dans la non-violence.
A la fois testament spirituel et témoignage d'une vie exemplaire, ce très court livre ne peut qu'émouvoir et convaincre que plus que jamais, la lutte est nécessaire. Elle était évidente contre le nazisme qui représentait l'archétype du régime monstrueux à abattre à tout prix, elle peut le paraître à tort moins aujourd'hui que l'ignominie se pare de fausse démocratie.
Il y a des lectures qui nous nourrissent et nous enrichissent profondément et durablement, et le témoignage de Stéphane Hessel en fait partie.
Les éditions
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Indignez-vous ! [Texte imprimé] Stéphane Hessel
de Hessel, Stéphane
Indigène éd. / Ceux qui marchent contre le vent
ISBN : 9782911939761 ; 2,90 € ; 21/10/2010 ; 32 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (20)
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l'indignation contre l'indifférence
Critique de Cafeaulait (, Inscrit le 29 juin 2013, 43 ans) - 2 janvier 2014
De l’indignation la plus personnelle à la plus universelle pour les droits de l’Homme en suivant sa pensée. Il laisse dès lors un fil conducteur, un petit chemin de cailloux blancs permettant aux plus jeunes (il mourut à 95 ans) de transcender leur désir d’un plus d’équité. Indignez-vous donne l’impression d’un discours un peu fourre-tout pour haranguer la foule. Et, ne s’adressant peut-être pas en réalité à tous. Il n’est pas originellement destiné à être un succès. Il a donc la forme et aborde les sujets voulus dans l’ordre qu’il souhaitait.
Sur le conflit israélo-palestinien qui est la deuxième partie de l’essai, il ne cautionne pas la ligne Israélienne, met de l’eau dans le vin du Hamas et le justifie par l’exaspération des gazaouis… Son indignation est louable, quoique justifiée avec indignation plus qu’avec le recul. Car plus les pages filent plus, l’indignation est à nue sans circonvolution. Il m’a l’air de s’embraser par la défense de son sujet. Cela prouve à quel point il s’investit. Très à la première personne afin de signaler qu’il endosse tout, qu’il assume tout ? Certains par rapport à son ascendance juive lui en voudront. D’autres ayant pris position pour la palestine lui en sauront gré.
Résistez et soyez indigné comme le résistant qu’il a été si vous voulez les mêmes effets. Voilà son message, de la prise de conscience individuelle au refus de cautionnement d’une ligne politique son sang bout et palpite d’un refus d’indifférence.
Cet essai a cependant un gout d’inachevé… Il ne tient qu’à vous de vous indignez.
cafeaulait
Les meilleures intentions
Critique de Ngc111 (, Inscrit le 9 mai 2008, 38 ans) - 9 septembre 2013
Sur le fond, difficile de ne pas être d'accord avec cet ancien résistant. Sa conception du monde, de la liberté, des Droits de l'Homme et de la dignité humaine est idéaliste mais juste et devrait constituer un objectif à atteindre.
Le problème est qu'une fois le constat posé, la révolte quémandée, il ne reste plus grand chose. Le livre sonne comme un appel au réveil, mais le dormeur, une fois conscient, se retrouve sans destination, sans solution.
Aider les sans papiers, lutter contre un système financier inégalitaire, contre la politique de colonisation d'Israël, contre les injustices, tout cela est bienvenu mais l'on se retrouve démuni quant aux actions à engager.
Pas assez développé, même dans ses observations et constatations des privations, et surtout dans ses propositions d'actions, Indignez-vous est un joli discours, un appel à la prise de conscience.
Utile mais insuffisant.
Court mais concis
Critique de Gregou (, Inscrit le 20 février 2013, 38 ans) - 12 mars 2013
Victime de son succès?
Critique de Elko (Niort, Inscrit le 23 mars 2010, 48 ans) - 22 janvier 2012
s'indigner sur soi d'avoir perdu son temps en lisant ça
Critique de Ddh (Mouscron, Inscrit le 16 octobre 2005, 83 ans) - 22 décembre 2011
A 93 ans, Stéphane Hessel conserve toute sa vigueur combative. Il a suivi le général De Gaulle en 1941 et devient un des membres influents du CNR (Conseil National de la Résistance). Il participe activement à l'élaboration de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Il poursuit ensuite son action dans la diplomatie et visite en 2008 et 2009 la bande de Gaza où il a l'occasion de dénoncer les atrocités perpétrées contre les Gazaouis.
Stéphane Hessel se réfère aux valeurs énoncées par le CNR qui, selon lui, sont toujours d'actualité. Des idées généreuses basées sur la liberté de presse, la Sécurité sociale et la nationalisation des sources d'énergie, des groupes d'assurances et des banques. Il s'insurge contre l'indifférence vis-à-vis de la situation en Palestine. Mais cette indignation s'affiche sans une recherche effective de documentation. Affirmer sans prouver reste peu productif.
Cet essai constitue un réel succès de librairie puisqu’en janvier 2011, il en était à sa treizième édition.
Stéphane Hessel recherche avant tout à convaincre; il emploie un langage clair et compréhensible par tout un chacun.
Quelques remarques iconoclastes
Critique de AmauryWatremez (Evreux, Inscrit le 3 novembre 2011, 55 ans) - 5 décembre 2011
Ce qui peut paraître étonnant mais qui ne l'est pas, car notre société baigne finalement dans des valeurs très petites bourgeoises, c'est que la parole des vieillards est encore respectée comme parole d'Évangile même quand ceux-ci disent des banalités ou des conneries, soyons cru. Alors qu'il faut rappeler que si un jeune ou un type d'âge mûr peut dire des bêtises, un vieux en est tout autant capable.
Dans chaque famille, il y a un oncle, un peu âgé, bien habillé, sympathique, et tout bien qu'un peu radoteur, qui à chaque réveillon, chaque réunion de famille, donne son avis sur le monde, la France, la société et les jeunes. On l'écoute toujours gentiment, puis bien sûr on s'empresse d'oublier immédiatement ce qu'il a dit ou ce qu'il propose et de rejeter la faute sur les autres. On hésite toujours face à ce vieil oncle à le considérer ou comme un vieux con insupportable, ou comme une conscience à suivre. Il est un peu énervant ce vieil oncle car il aimerait bien jouer à Socrate et ses élèves, alors qu'il se contente d'égrener des lieux communs entre la poire et le fromage, des lieux communs très beaux, remarquables, mais des lieux communs qu'on le veuille ou non.
C'est un peu comme Stéphane Hessel en ce moment, grand résistant pendant la Seconde Guerre Mondiale, qui conseille dans son dernier livre de garder intact sa capacité d'indignation, ce qui est un excellent conseil, et de résister contre Sarkozy et le pouvoir en place.
Que Stéphane Hessel soit adulé est en soit un symptôme, dans la mythologie politique française, nous ne sommes toujours pas sorti de la Seconde Guerre Mondiale, nous sommes encore en 1945, à ressasser encore et toujours les mêmes clichés, les mêmes fantasmes, les mêmes bêtises. Ce qui est curieux est que cette grande figure est également adoré des pro-palestiniens français qui cachent à grand-peine leur judéophobie. C'est surtout pour ça qu'ils le portent aux nues d'ailleurs, ne songeant pas une seconde par ailleurs à bouger le petit doigt quant au reste.
Et là je me suis dit que ça commençait bien mais que monsieur Hessel fait l'erreur de tout un chacun au « café du commerce », croire que Sarkozy est responsable à lui tout seul des iniquités du libéralisme.
Si c'est effectivement un profiteur du système, et un sacré opportuniste, c'est aussi un pantin, un maillon de la chaîne qui n'a pas beaucoup de pouvoir décisionnaire réel.
Le livre de monsieur Hessel a dépassé les 500 000 exemplaires vendus mais on constate que si les gens qui le lisent veulent bien s'indigner, ils ne veulent surtout rien changer au système dont ils entretiennent la dynamique comme on a pu le voir dés le lendemain de Noèl dans tous les magasin, surtout dans leur Service-Après-Vente où de très nombreux gougnafiers se sont précipités pour échanger leurs cadeaux, réparer la console « PS4 2000 » déjà cassée de rage par leur petit dernier qui n'arrivait pas à flinguer le boss du niveau 27 de « Kill them all », ou se faire rembourser (les plus faux culs, et les plus vénaux) revendant leurs présents sur Internet.
Car le vrai problème actuel, le fond de la question, ce n'est pas Sarkozy, ni même la « Bande du Fouquet's », mais le consumérisme roi, l'argent tout puissant, le tout économique qui a mis fin au politique (notons en passant que même ceux qui s'opposent au tout économique rejettent toute discussion réellement politique, à savoir au sens premier du terme, d'aborder des questions qui touchent tout le monde et non seulement ceux qui pensent comme eux).
Un des autres problèmes fondamentaux de l'époque, en politique comme ailleurs, c'est aussi le déni total du réel par les dirigeants mais aussi par les citoyens qui préfèrent confier ce qui est aussi de leur responsabilité à des associations qui, si généreuses soient-elles, ne peuvent que gérer l'urgence et non abattre le socle de la société hyper-libérale qui est la nôtre.
Ce déni du réel vient de personnes qui depuis la fin de la Seconde Guerre ont cru pouvoir mettre en œuvre concrètement les utopies dont elles rêvaient, et ont refusé de voir la montée en puissance du monde de sur-consommation, d'une iniquité sans nom, ne se fiant qu'à leurs rêves, ne voulant pas voir l'égoïsme, la perte de sens des toutes les valeurs communes en République mais pas seulement (c'est pareil dans l'église de France).
Ce déni du réel on le voit aussi quant à la question de l'intégration des populations d'origine étrangère en France, à qui on l'apprend depuis soixante ans combien la France est un pays haïssable, à qui l'on apprend qu'ils ont des droits, mais que la citoyenneté n'implique que peu de devoirs (on me dira, les citoyens français « d'origine contrôlée » pensent pareillement). L'histoire qui leur est inculquée vient aussi de ces grandes consciences qui croyaient changer le monde et sont devenus d'autres bien-pensants.
Cette remise en cause de sa génération, j'eusse aimé que Stéphane Hessel la fasse.
16:26 Publié dans Livre, P
Tout ça pour ça.
Critique de Marion F (Lyon 8ème, Inscrite le 19 juin 2011, 33 ans) - 26 juin 2011
Une piqûre de rappel
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 24 mars 2011
Ce vieux monsieur était rayonnant, serein et « affichait » une sagesse qui ne me semblait pas uniquement due à l'âge.
J'ai pourtant été déçue.
Si les premières pages permettent de recadrer l'origine de nos droits et de liberté, la suite m'est apparue comme un gentil pèle-mêle dont je n'ai pas compris qu'il pouvait mobiliser les foules.
Bien sûr que « l'indifférence est la pire des attitudes », bien sûr que notre société actuelle doit nous faire réagir.
Mais peut-être est-ce une simple question de vocabulaire: l'indignation n'est , pour moi, pas un sentiment mobilisateur, pas de ceux capables de faire entrer des gens en résistance.
Je doute que ce soit « l'indignation » qui pousse les peuples arabes à vouloir leur liberté à l'heure actuelle...
Déçue
Critique de Jiminy (Lyon (ou presque), Inscrite le 14 octobre 2009, 30 ans) - 23 février 2011
J'espère au moins que l'auteur s'est fait plaisir en espérant délivrer un message percutant et révolutionnaire : hé oui il y a encore des motifs d'indignation de nos jours ! Et croyez-moi, les jeunes s'indignent !
Tout ça pour ça !
Critique de Hazdu (, Inscrit le 21 février 2011, 54 ans) - 21 février 2011
Un simple discours politisé et démago !
3€ le tract !
Critique de Ravenbac (Reims, Inscrit le 12 novembre 2010, 59 ans) - 6 février 2011
Je lisais p. 14 « Dans ce monde, il y a des choses insupportables. Pour le voir, il faut bien regarder, chercher. Je dis aux jeunes : cherchez un peu, vous allez trouver. », puis p. 16 « Aux jeunes je dis : regardez autour de vous, vous y trouverez les thèmes qui justifient votre indignation […]. » Je sentis sourdre en moi une juvénile rébellion. J’étais prêt à m’indigner ! Et je décidai de commencer de suite (pourquoi attendre ?). Je dois avouer faire partie de la petite bourgeoisie et il m’est difficile par nature et par tempérament de m’indigner (sauf au sujet de mes impôts). J’étais déconfit (de canard (les bons mots, ma faiblesse)). M’indigner ! Mais de quoi ? Parviendrai-je jamais à l’indignation ?
C’est le regard livide que je feuilletais machinalement le livre de Stéphane. Et là, stupeur ! Une, deux pages, non, six pages vierges ! Ben Stéphane, tu nous dis que l’un des grands défis à relever est l’état de la planète. Alors pourquoi gaspiller du papier ? Pour rendre ton opuscule plus épais ? Puis que lus-je page 6 : « Imprimé en Espagne : Beta, Barcelone. » Quoi ? Nous n’avons pas d’imprimerie en France ? J’étais indigné ; vraiment INDIGNé.
Mon regard se fixa sur la quatrième de couverture : 3€ les 30 pages. Ce qui fait un roman de 400 pages en livre de poche à 40 €. J’étais indigné, vraiment. Puis je lus : « Les gouvernements, par définition, n’ont pas de conscience. », parangon démagogique, et je comprenais enfin. J’avais entre les mains un vulgaire tract. Mais du temps de Sartre, les tracts étaient distribués gratuitement.
Indigné !
Quel succès pour Stephane Hessel, quel succès, oui mais....
Critique de Madamedub (Paris, Inscrite le 27 janvier 2011, 39 ans) - 27 janvier 2011
Après les lampions de la fête voici venu le temps des critiques pour« Indignez-vous ».
De Luc Ferry à Pierre Marcelle, de Boris Cyrulnik à Pierre Assouline, des voix s’élèvent pour amoindrir la portée, la justesse et finalement la valeur du témoignage de Stéphane Hessel.
Il ne s’agit pas d’être pour ou contre les engagements de Stéphane Hessel aux côtés des Palestiniens - ce qui à l’heure actuelle semble motiver la plupart des réactions et de fait ne concerne finalement que son auteur et restera donc sur le plan politique sans effet. Il s’agit au contraire de voir en quoi cet ouvrage donne par certains aspects les moyens personnels d’un nouveau positionnement social, même s’il ne le prend pas toujours à son propre compte et cède parfois bien volontiers aux facilités d’usage de notre époque, époque qu’il dénonce par ailleurs.
Cet article ne souhaite pas épouser la cause enthousiaste des lecteurs de l’ouvrage en recherche de bonne conscience, bien qu’il rende hommage sur certains points à l’auteur et aussi à l’éditeur; cet article ne souhaite pas non plus épouser la cause de ceux qui maintenant contestent les contenus du message, mais cependant mettre en relief son problème principal.
Comment ne pas trouver admirables les personnes d’un âge certain qui continuent à exprimer un désir pour les affaires du monde parce qu’elles disposent encore de cette énergie vitale qui leur permet de ne pas se replier sur elles contrairement à la plupart des personnes âgées qui n’ont pour seule force plus que celle de continuer un peu sur un régime minimum ? Hessel nous fait la belle démonstration, selon les valeurs des sociétés traditionnelles, que c’est à son expérience que l’on reconnaît la personne âgée et non à ses aspects physiques ! Ainsi la vieillesse n’est pas un délitement mais au contraire une densité nouvelle en mesure de transmettre son message directement, presque à l’état brut. Mais l’un des grands mérites du livre d’Hessel, si nous voulons bien le lire un peu entre les lignes, c’est de mettre l’accent sur le repli de chacun de nous, qui nous pousse jusqu’à ne plus avoir ne serait ce que la force de s’indigner. Vous savez, ce repli qui n’a pas d’âge, cette servitude volontaire qui nous attrape parce que sur le fond elle nous arrange bien.
Comment faire autrement que d’être admiratif devant un homme à la trajectoire aussi puissante et ne pas s’incliner avec sincérité devant ceux qui ont su faire front au nazisme en prenant appui sur « le Conseil national de la résistance »? Il fallait en avoir, du courage physique et moral. Il fallait surtout être capable de transformer son indignation en opposition radicale, accepter de risquer quelque chose et pas n’importe quoi puisque c’était soi-même ! C’est qu’au repli de chacun de nous mais pourtant composant de cette société, il convient d’ajouter notre passive participation. Relisons entre les lignes : en fait, nous ne sommes pas que repliés, notre indifférence est le signe passif de notre nécessaire participation, en quelque sorte ce que nous repérons comme un repli n’est que le pli d’un signe en négatif de notre participation à ce que nous dénonçons.
Comment ne pas s’incliner devant les premiers hommes qui après la Libération ont su tirer les leçons du nazisme qui n’est pas un accident de l’histoire mais un défaut en chaque homme contre lequel nous devons lutter. Remettre en question le rapport des hommes au bien, à la justice, n’a d’intérêt que si nous sommes en mesure de commencer par nous-mêmes. S’indigner certes, mais cela n’a de sens que si nous nous indignons de ce que nous sommes et de notre indifférence: il ne s’agit pas de s’indigner contre les nazis mais de s’indigner, comme le philosophe Maurice Merleau Ponty dans « La guerre a eu lieu », de ne pas avoir eu la conscience assez éveillée pour s’opposer à la montée du nazisme.
Et quoi ? la seule leçon à tirer de tout cela serait de s’indigner !
Ah que voilà une grande vertu, et si l’indignation est certes indispensable, on le sait elle ne pousse que rarement à des actions en dehors de périodes historiques bien précises. Elle ne peut pas être le seul mot d’ordre qui devient défaitiste car cela suppose de partir d’une position dominée alors qu’il faudrait d’abord construire un projet !
Il n’y a pas en vérité ceux qui « s’indignent » et ceux qui sont indifférents, chacun connaît ces indignés du vendredi soir des repas en ville mais qui le lundi participent allégrement à ce qui est pourtant soi disant l’objet de leur mépris. L’indignation toute seule fait le jeu des dominants car elle permet de soulager les consciences et donc … de continuer comme de si rien n’était. L’indignation chacun s’en pense fort bien pourvu et pour preuve le nombre d’amis qui ont acheté ce livre en masse pour l’offrir et ainsi se poser en champions de l’indignation à peu de frais. Mais avouons le, nous sommes loin avec les cadeaux de fin d’année du Conseil national de la résistance.
Ou plutôt s’il y a une indignation essentielle, sans doute la plus dangereuse de toutes parce que la plus valeureuse, c’est celle qui consiste à s’indigner contre soi-même.
S’indigner contre soi-même, que cela est difficile sans sombrer dans le pathos ! Et pourtant existe-t-il une autre voie ? L’indignation n’a de sens que si son premier objet est chacun de nous, pas l’israélien, pas le palestinien, cela est trop facile et ne change en fait pas grand chose !
Ne pas s’indigner et voilà que l’indifférence nous guette; s’indigner et voilà que la culpabilité nous guette.
Mais la grande leçon ou plutôt le grand espoir que donne Hessel c’est le lien qu’il crée entre l’indignation, la résistance et la créativité. C’est ce lien qui permet de passer de l’indignation contre l’Autre à la révolte contre notre indifférence, de la culpabilité à la responsabilité, et de la passivité à la prise de position avec engagement.
Au titre de Hessel « Indignez-vous ! » je préfère le mot de la fin « créer c’est résister », là oui il y a de la puissance, celle dont Hessel a fait preuve tout au long de sa vie. Cependant imaginez un instant ce titre « Créer c’est résister » à la place du mot d’ordre « Indignez vous ! » qui fait écho au sentiment communément partagé et qui ne change rien, et les ventes n’auraient jamais atteint les sommets. Il est peut-être là le scandale qu’il faut dénoncer, celui qui nous fait plus facilement acheter les bons sentiments que les mises au travail et les remises en question. De cela nous en sommes tous collectivement responsables !
A monsieur Hessel nous aimerions dire à la fois bravo et merci, mais aussi lui poser une question peut-être indiscrète mais qui est pourtant celle du fond philosophique sur lequel repose sa thèse : « Et si c’était à refaire, quelles sont les indignations que vous manifesteriez à votre égard ? »
Il nous faut aussi rendre hommage à l’éditeur qui n’a pas eu peur de mettre sur le marché un produit décalé et non conformiste avec une simple brochure agrafée composée d’ un petit texte de 16 pages à 3 Euros , un bel exemple aussi de créativité et de résistance au dictat du marché !
Yannick Breton
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Réveillez vous !
Critique de Chene (Tours, Inscrit le 8 juillet 2009, 54 ans) - 25 janvier 2011
Stéphane Hessel veut nous réveiller, nous qui sommes, tous les soirs, avachis dans nos canapés devant nos postes de télévision à regarder de façon passive le monde qui bouillonne sans nous….
Stéphane Hessel fait des comparaisons avec la France de l’après guerre et la France d’aujourd’hui.
Comment se fait il qu’à la sortie de la guerre, alors que la France était en partie détruite et ruinée, on a remis le pays debout, on a nationalisé des pans entier de l’économie, on a fait la sécurité sociale…(et ne me parlez pas du plan Marshall US qui pour ce qui regarde la France est passé entièrement dans la coûteuse guerre d’Indochine), et qu’aujourd’hui, alors que nous sommes 30 fois plus riche qu’à la sortie de la seconde guerre mondiale, on démantèle tout, même la sécurité sociale, et on vend notre patrimoine pour tenter d’assurer les besoins courants de la Nation ?
A ce titre, le dernier exemple en date de la tentative de vente de l’hôtel de la Marine à Paris (au dernier moment annulée) est assez édifiant. A quand la vente de la Tour Eiffel ?
Stéphane Hessel pose des questions intéressantes sur les sans papiers, les roms, Gaza, la société de consommation…
Il veut nous redonner du courage et de l’espoir dans un monde que personne ne comprend. Il nous envoie ce message : réveillez-vous, trouvez une cause et agissez !
Démagogie , quand tu nous tiens !
Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 23 janvier 2011
Une grosse dizaine de pages....... pour un tapage médiatique sans précédent ; ça met l'eau à la bouche .
Alors , je me suis lancé , prêt à m'indigner et....... j'y suis parvenu !
Oui , bien évidemment , on ne peut que respecter le grand âge et la brillante trajectoire de vie de cet homme.
Mais - au risque de choquer - M Hessel se trompe de combat.
Nous sommes au XXI ième siècle et non en 1940 !
Oui, les sociétés sont inégales , des acquis sociaux sont remis en question , les droits de l'homme sont bafoués dans de nombreux pays.
Vous avez raison de vous indigner au sujet de la Palestine.
Vous avez raison de prôner la non-violence pour solutionner les problèmes .
Mais vous avez tort de " comprendre les actes terroristes " ( comme solution ultime pour se faire entendre ? )
Le couplet sur Bush et l'intervention américaine en Irak est partisan.
Tout comme le dernier paragraphe :" la société qui ne propose à ses jeunes que la consommation de masse.............."
Mais , Mr Hessel.......... vos " jeunes " n'ont-ils pas un cerveau qui leur permet de dire Oui ou Non ?
Je ne remets pas en cause l'idée première ( savoir s'indigner ) mais je trouve ce recueil un peu trop " teinté " politiquement.
Le " grand Capital " responsable de tous les maux...... on connait cette douce musique ! Ah....... la France de l'après-guerre , c'était quand même autre chose .
Petit mais intense
Critique de Luluganmo (, Inscrite le 26 septembre 2010, 42 ans) - 19 janvier 2011
Le testament lumineux d’un vieux sage
Critique de Blue Boy (Saint-Denis, Inscrit le 28 janvier 2008, - ans) - 16 janvier 2011
Juif lui-même, Hessel prend position contre la politique inique d’Israël envers la Palestine, qui aujourd’hui constitue, dit-il, sa « principale indignation ». Il est vrai qu’une bonne partie des problèmes que connaît le monde actuellement vient de la situation au Proche-Orient. BHL et Finkelkraut devraient en prendre de la graine !
C’est donc un beau message que nous délivre ce grand monsieur qui a connu la torture et les camps d’extermination, un appel à la résistance contre toute les injustices, destiné aussi aux puissants qui sont en train de ruiner le monde. Il rappelle à bon escient que les politiques dites de l’Etat providence (Sécurité sociale, Retraites) ont été créées au sortir de la seconde guerre mondiale, alors que l’argent manquait et que tout était à reconstruire ! Aujourd’hui, notre pays est un des plus riches de la planète et s’acharne pourtant à démanteler un système qui a largement fait ses preuves, et ce sous la pression des voyous la finance internationale !
3 euros pour 14 pages !
Critique de Gnome (Paris, Inscrit le 4 décembre 2010, 53 ans) - 4 janvier 2011
Pour le reste je suis sceptique... voici pêle-mêle quelques points de divergence ou du moins de méfiance vis-à-vis des propos de Hessel :
- Hessel fait souvent référence au programme économique du CNR, empreint de communisme... or, l'histoire nous a appris ce que donne une économie communiste. Personnellement, je me méfie comme de la peste de tout ce qui se rapproche, de près ou de loin, d'une économie planifiée ou d'une redistribution systématisée des richesses par l'Etat.
- Les traitements faits en France aux immigrés, aux sans-papiers, aux Roms : là je suis moi aussi indigné, mais (je pense) exactement pour les raisons contraires qui provoquent l'indignation de Hessel (il ne développe absolument pas ses motifs d'indignation sur ce sujet; on doit donc se contenter de les deviner... heureusement, ce n'est pas trop difficile).
- "... le pouvoir de l'argent, tellement combattu par la résistance..." : mon grand-père (qui travaillait au CNPF - ancêtre du MEDEF - avant la guerre) était résistant et ce qu'il combattait, c'était les allemands et les collabos, pas le pouvoir de l'argent ! Je n'aime pas la façon qu'a Hessel de dire qui étaient les résistants (et par conséquent, qui ne l'étaient pas)... nous savons tous qu'il y avait des résistants de tous milieux et de toutes sensibilités politiques. Il en allait de même pour les collaborateurs. Autre chose qui me dérange à propos de cette phrase (et d'autres du même ton) : Hessel sous entend trop que les riches sont forcément les méchants qui ont jadis fabriqué le fascisme et le nazisme et sont aujourd'hui responsables de tous les maux de nos sociétés. C'est si facile, si réducteur et si manichéen.
- "L'histoire des sociétés progresse, et au bout, l'homme ayant atteint sa liberté complète, nous avons l'Etat démocratique dans sa forme idéale" : je ne sais pas dans quel monde vit Hessel, mais je fais le constat inverse : la démocratie recule dans le monde, que ce soit en Occident où les taux d'abstention en disent long sur la confiance qu'ont les peuples en leurs politiques, comme dans le reste du monde. Mais, après tout, la démocratie est-elle la solution miracle pour tous les peuples ?... peut-être pas.
- "La non-violence, le chemin que nous devons apprendre à suivre" : c'est qui "nous" ? C'est TOUT le monde, ou bien c'est l'Occident ? Si c'est tout le monde, alors pourquoi pas, ça ne peut faire de mal (et comme l'explique Hessel, l'espoir fait vivre...). En revanche s'il s'agit du chemin que l'Occident doit apprendre à suivre face au reste du monde, alors je ne suis pas d'accord. Et puis je me pose une question : les résistants dont faisait partie Hessel durant la guerre étaient-ils des non-violents ? Je ne pense pas.
- Pour finir (sinon cette critique risque de devenir plus longue que son objet), la note n°2 de l'éditeur - qui est visiblement encore plus à gauche que Hessel - m'a bien fait rire : elle s'indigne du fait que la Sécurité sociale ne soit plus co-gérée par l'Etat et les représentants des travailleurs (mais uniquement par l'Etat, depuis quelques années)... Mais qui oserait encore dire que les syndicats représentent encore les travailleurs ? Le ridicule pourcentage de travailleurs qui sont syndiqués prouve bien que ces syndicats, par leur absence de remise en question, sont les seuls responsables de cette situation. A bas les rentes de situation !
...
Au final, 3 euros pour 14 pages (quand on enlève les pages blanches et la postface de l'éditeur), ça commence à faire très, très cher la lecture ! Mais comme l'a dit Veneziano dans sa critique, ce "livre" fait efficacement phosphorer (même ceux qui ne pensent pas comme Hessel).
Sagesse de l'âge,combat sans âge!
Critique de Laventuriere (, Inscrite le 6 mars 2010, - ans) - 30 décembre 2010
Indispensable!
Pour une résistance pacifique permanente
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans) - 25 décembre 2010
C'est le message de ce manifeste, aussi court qu'énergique.
Il rappelle l'esprit de la Résistance, les acquis sociaux qu'elle a fait adopter et la Déclaration universelle des droits humains (pas seulement de l'homme : la femme a les mêmes).
Et il s'insurge contre le détricotage de ces avancées. S'il attaque à juste titre les excès du libéralisme, il porte une critique de valeur d'un système : si c'est bien sûr son droit, je trouve qu'il va un peu vite dans la généralisation, même si une grande part du constat est avéré. Je suis partisan, à titre personnel, d'une économie régulée, idéalement au niveau international, plutôt que d'une forme de volontarisme voguant à coup de nationalisations, système justifié en 1944, idéologiquement encore soutenable en 1982, mais hors de portée aujourd'hui, me semble-t-il.
Il fait revivre, en presque lignes, le souffle de la résistance, et je trouve bien dommage qu'il ne procède pas à une étude exhaustive des valeurs politiques et sociales du Conseil national de la résistance.
Mais il y a une bonne raison à cela : il veut frapper fort et faisant bref, ce qui constitue une méthode rédactionnelle efficace, en tout cas à mon sens.
Il opère un passage sur la Palestine, assez juste, ce que j'exprime évidemment avec regret, tant je suis triste qu'Israël, qui mérite son Etat, n'opère pas toutes les leçons du passé de son peuple et de son pays.
C'est un bon petit livre, en ce qu'il fait efficacement phosphorer.
Il est toujours possible d'agir !
Critique de Spirit (Ploudaniel/BRETAGNE, Inscrit le 1 février 2005, 64 ans) - 19 décembre 2010
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"Indignez vous!" | 281 | Spirit | 1 février 2012 @ 20:39 |