Sommeil
de Haruki Murakami

critiqué par Dudule, le 19 décembre 2010
(Orléans - - ans)


La note:  étoiles
Insomnie
Une jeune femme de trente ans, mariée, mère d’un petit garçon, est de nouveau victime d’insomnie soudaine comme dans son adolescence. La journée, elle continue de mener une vie normale, faire les courses, préparer les repas, aller nager…
Maintenant incapable de trouver le sommeil, elle a retrouvé le goût de la lecture, elle dévore du chocolat, boit un verre de cognac tout en lisant Anna Karénine. Des émotions d’antan qu’elle avait perdues depuis son mariage.
Elle va vivre cette insomnie sans rien dire à personne pendant dix sept jours.

Première expérience littéraire avec Murakami, univers particulier, envoûtant, cela me permettra de lire enfin Kafka sur le rivage qui m’attend depuis plusieurs années. En plus de découvrir le style de l’auteur, une autre belle découverte les illustrations magnifiques de Kat Menschik.
Sommeil ? Insomnie plutôt ! 7 étoiles

Petite étrangeté de la plume de Haruki Murakami que ce « Sommeil », qui plonge le lecteur dans un monde entre deux eaux, le genre de monde dans lequel vous évoluez quand vous venez de connaître quelques nuits d’insomnie ou que vous êtes encore sous le coup de « jet-lag ». Vaseux, quoi !
Notre héroïne, femme japonaise lambda, mariée, avec enfant, rangée, menant une vie banale et essentiellement au service des autres, rencontre tout à coup un problème :

« Voilà dix-sept nuits que je ne dors plus …/…
Mon manque de sommeil actuel n’a rien à voir avec tout ça. C’est complètement différent. Je ne peux pas dormir, tout simplement. Pas même un petit somme. A part cela, je suis tout à fait dans mon état normal. Je n’ai pas sommeil, ma conscience reste parfaitement claire. Plus claire que d’habitude, pourrais-je même dire. Aucun symptôme physique particulier non plus. J’ai de l’appétit. Je ne suis pas fatiguée. Du point de vue de la réalité quotidienne, il n’y a rien d’anormal. Simplement, je ne dors plus.
Ni mon mari ni mon fils ne se rendent compte que je ne dors plus. Je ne leur ai rien dit. »

Non, elle ne leur a rien dit et c’est avec la lecture d’ « Anna Karénine » et l’absorption de cognac qu’elle régule son insomnie de la nuit.
Bon, bien sûr ce n’est pas aussi simple, d’autant qu’Haruki Murakami s’y entend pour installer un climat des plus étranges, encore plus étrange pour nous que le mode de vie d’une femme japonaise ne nous est quand même pas familier à nous autres, du côté de l’Europe !
Ca ne va pas se passer très bien tout ça et surtout, ça ne va pas finir. Ca ne va pas finir dans la mesure où Haruki Murakami laisse la fin complètement ouverte et laisse par la même occasion le lecteur en situation de léger stress. A moins …, à moins qu’on vive correctement les cauchemars ?

Tistou - - 68 ans - 12 novembre 2018


Très beau, trop court 8 étoiles

On retrouve dans ce court texte toutes les qualités de Murakami : le style simple et fluide, les descriptions riches de mille détails qui font mouche, la profondeur psychologique et l'univers onirique de l'auteur. A lire, donc.

Je regrette pourtant la fin abrupte. On peut penser que l'auteur a voulu laisser libre cours à notre imagination. On peut aussi croire qu'il ne savait tout simplement pas comment finir sa nouvelle d'une manière qui fasse sens et qu'il a préféré la laisser en plan. C'est dommage, cela laisse un sentiment d'inachevé.

Bref, on ne regrettera pas cette petite lecture même si on pourra préférer d'autres textes de Murakami.

Deleatur - - 56 ans - 20 avril 2015


Noyade sans sommeil 6 étoiles

Cette nouvelle doucement inquiétante raconte l’histoire d’une femme qui se détache de la vie et de ses proches pour se réfugier dans les romans et ses pensées tout en donnant le change. L’auteur peint le quotidien, la surprise sans inquiétude de la narratrice qui ne veut pas qu’on examine son cas à l’hôpital, ses interrogations sur ses attentes et sur ce qu’est devenue sa vie.

Cette femme au foyer est mariée à un dentiste rentré déjeuner chez lui et a un fils en âge scolaire. Lors de son enfance, elle a eu des insomnies suivies de somnolences dans la journée. Suite à un cauchemar, elle ne dort plus depuis plusieurs jours sans que cela n’influe sur son physique. Par contre, son comportement change. Elle se remet à lire Tolstoï ou à remanger du chocolat. Comme les nuits sont longues et que son mari a le sommeil profond, elle prend sa voiture et se promène dans les rues la nuit sans qu’il s’en aperçoive. Le danger la guette alors. Rêve ou réalité ?

IF-0214-4153

Isad - - - ans - 7 février 2014


en marge de la vie quotidienne 8 étoiles

Somneil est on-ne-peut-plus simple à lire, à aucun moment je n'ai dû relire un passage pour bien saisir un détail, tout est très clair.

J'ai adoré le recul qu'a le personnage face au total de ses dix-sept nuits, sans sommeil oui, mais aussi sans ENVIE de dormir. Ses questionnements, ses sensations de s'extraire de l'aliénation au monde, mais aussi son épouvante quand lui revient une dose de réalisme qui lui fait constater l'anormalité de sa situation par rapport à l'humain avec une biologie, tout cela mélangé m'a beaucoup plu.

J'ai un peu moins aimé cependant les occupations un peu répétitives de l'héroïne noctambule casanière.

Ne vous privez pas de ce livre, c'est si intriguant et mystérieux, et c'est si vite entamé et refermé que vous ne pouvez pas dire que vous avez perdu votre temps.

Mariefleur26 - Paris - 30 ans - 18 janvier 2014


Insomnia 7 étoiles

Première expérience avec Murakami par l'intermédiaire de cette courte nouvelle relatant la vie d'une femme de 30 ans, mère au foyer dont l'existence va être chamboulée par une crise d'insomnie de 17 jours tout de même.
Que dire? Effectivement le plaisir de lire est là, le style agréable et il est vrai que cet auteur arrive avec peu de chose à donner à son récit une atmosphère particulière qui lui donne un certain charme.
Assurément cela m'a donné envie de découvrir d'autres oeuvres de Murakami.

Sundernono - Nice - 41 ans - 25 mai 2012


Une gourmandise 8 étoiles

Dix-sept nuits et dix-sept jours sans dormir. Tel est le postulat de départ de cette nouvelle très étrange de Murakami, dans laquelle une jeune femme se retrouve brutalement privée de sommeil, à la suite d’un cauchemar dont elle ne saisit pas le sens. Et qui lui laisse une impression si forte qu’elle est convaincue de la réalité de la scène qui l’a réveillée.

Jusqu’alors, les journées de cette femme étaient réglées comme du papier à musique. Entièrement organisées en fonction du rythme de travail de son époux et de la scolarité de son fils.
Alors lorsque s’ouvre devant elle la perspective de nombreuses heures dont elle peut jouir pleinement et comme elle le souhaite, ce qui lui semble tout d’abord inquiétant devient à ses yeux un privilège qu’elle est bien décidée à goûter pleinement.

Cette nouvelle se dévore comme une gourmandise, comme le chocolat que l’héroïne croque en relisant Anna Karénine nuit après nuit. La magie de cette histoire énigmatique, fantastique, opère comme toujours dès les premières lignes. Et son dénouement laisse libre cours à l’imagination du lecteur, plusieurs interprétations étant possible. Murakami ouvre encore une fois magistralement la voie vers un univers où il est bon de se plonger, de s’égarer, de supputer. Un univers dans lequel plaisir des papilles et plaisir de lire sont intimement liés… quel bonheur !

Aliénor - - 56 ans - 14 octobre 2011


Tendances 8 étoiles

Etes-vous déjà resté dix-sept jours et nuits sans dormir ?
Alors que vous venez d’être tiré brusquement de votre sommeil, avez-vous déjà vu un vieillard effrayant et décharné se tenir, là, devant vous, et qui verse de l’eau sur vos pieds ?
Avez-vous déjà lu au moins trois fois d’affilée « Anna Karénine « de Tolstoï tout en buvant du cognac et en avalant des tablettes de chocolat ?
Avez-vous déjà trouvé hideux le visage de l’être aimé alors qu’il dort,là, à vos côtés ?
Vous est-il déjà arrivé de ne pas comprendre la fin d’une nouvelle de Haruki Murakami ?

Tout cela est envoûtant. A conseiller, pour le simple plaisir.

Catinus - Liège - 73 ans - 8 septembre 2011


COUP MARKETING? 1 étoiles

Je n’ai pas grand-chose à dire au sujet de cette courte nouvelle d’Haruki MARAKAMI, toujours aussi génial dans son écriture, ça a été très bien fait par les critiques précédentes…

Je voudrais ici juste dénoncer un coup marketing de son éditeur, en effet la nouvelle «Sommeil» est déjà parue dans le livre «L’éléphant s’évapore»…
On la retrouve ici, en très gros caractères (la preuve 88 pages ici, contre 49 dans l’édition originale en poche...) accompagnée certes des très beaux dessins de Kat MENSCHIK mais tout de même, cela suffit-il à expliquer que ce livre de 88 pages coûte dans l’édition de poche 7,79 € ce qui est exactement le prix de l’édition de poche du livre paru en 2008 qui compte lui… 417 pages et 17 nouvelles…

Alors l’éditeur prend t-il vraiment les lecteurs pour des «vaches à lait» ?
Ceci ne mérite que la note minimum, mais je tiens à le répéter pas pour l’écrivain Japonais, mais pour son éditeur!...

Septularisen - - - ans - 27 août 2011


Rêve éveillé 9 étoiles

Par une nuit d’insomnie se plonger dans ce Sommeil de Murakami, c’est retrouver cet auteur incroyable qui sait rendre vrais tous les délires, qui sait faire de l’irréel une perspective et finalement nous emmener vers toute une série de questionnements qui vous tiennent éveillé.
Notre héroïne a la trentaine et mène une vie bien rangée, « chronométriquement » organisée même elle ne semble ni s’en plaindre ni chercher à s’en détacher.
Une première nuit où le cauchemar voisine avec l’impression d’insomnie et tout bascule.
7 jours et 7 nuits durant, notre héroïne fait un voyage extraordinaire. De Tolstoï à Dostoïevski elle vit un monde parallèle qu’aucun mortel ne saurait scientifiquement, biologiquement, supporter, sauf à considérer que d’un statut nous soyons déjà passés à l’autre et que le repos, le vrai, n’est pas celui qu’on croit qu’il est.

Monito - - 52 ans - 2 mars 2011