IRS - All Watcher - T1 : Antonia
de Stephen Desberg (Scénario), Alain Queireix (Dessin)

critiqué par Shelton, le 8 janvier 2011
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Qualité au rendez-vous !!!
On a tous compris qu’un éditeur de bandes dessinées n’est pas un artisan bénévole ou strictement désintéressé. Il se doit de mener son entreprise avec sérieux, il a une sorte de droit de mort ou de vie sur les artistes qui, eux, écrivent et dessinent les histoires qui ont pour mission de nous divertir, nous faire réfléchir…

C’est vrai, nous en avons souvent parlé ici et ailleurs, que nous, les lecteurs, nous sommes méfiants avec les séries parallèles, ces spin-off comme on les nomme et qui fleurissent à la télévision avec les séries américaines en vogue et qui atteignent maintenant le monde de la bande dessinée. Ce n’est pas une nouveauté car on avait bien vu en 1987 naître la série Rantanplan après l’apparition réussie du chien le plus bête de l’Ouest dans les aventures de Lucky Luke… Depuis, chaque série veut avoir son spin-off, du moins les comptables des grandes maisons d’éditions aimeraient que ces albums se vendent…

Mais la qualité, me direz-vous, où se cache-t-elle ? Là, c’est plus variable, plus aléatoire, et la série Rantanplan, par exemple, a sombré dans sa médiocrité… tandis que All Watcher a retenu mon attention et présente des atouts indiscutables…

Tout d’abord, comme il s’agit bien de la série IRS, nous allons retrouver le personnage clef, Larry B Max. Cet enquêteur fiscal américain est à la fois un expert en fraude et un pourfendeur du mal à travers le monde. L’argent et le crime se sont unis, alors, il les pourchassera partout !

La série All Watcher est prévue en sept albums, un seul scénariste, Stephen Desberg, plusieurs dessinateurs, Alain Queireix pour ce premier, Antonia. Il s’agit d’une grosse enquête pour découvrir ce qui se cache au fond de ce trou noir financier. Un univers sombre et invisible mais qui voit tout, comprend tout, anticipe tout.

Nous sommes en Italie. Antonia, belle jeune femme qui croyait connaître son père adoré, découvre qu’elle est la fille d’un exécuteur au service d’une grande famille, d’une loge, d’un réseau secret… Elle est contrainte, dans des circonstances que je vous laisserai découvrir, de prendre le relais paternel. Elle doit devenir criminelle !

Elle est plongée, le lecteur aussi, au cœur d’un scandale financier qui mêle acteurs politiques, religieux, maffieux, financiers… Tout est réuni pour offrir un spectacle de grande intensité. Soyez attentifs car quand crime et argent se donnent rendez-vous ce n’est jamais simple.

Antonia va devoir tout apprendre très vite et sur son chemin – comme maître ou ennemi ? – il rencontre Larry. Une narration graphique tonique d’Alain Queireix qui s’est déjà illustré dans Celadon Run. Il se rapproche considérablement du créateur de la série IRS, Bernard Francken, ce qui permet à l’habitué de s’y retrouver. Certaines séquences restent aussi explosives comme l’exécution page 14 ou l’élimination de la page 17. Mais ne croyez pas qu’il n’y a là que crimes et autres meurtres divers entre amis, car c’est aussi une bédé politico-financière avec, n’hésitons pas à le dire, une touche réelle de sensualité…

J’ai été réellement surpris par la qualité du scénario et du dessin et je ne peux que vous recommander cette série, d’autant plus si vous êtes déjà fans et lecteurs d’IRS. D’ailleurs, si vous n’êtes pas encore tombés sous le charme de cette histoire de Desberg et Francken, précipitez-vous !

Pour revenir à notre réflexion initiale sur les spin-off, reconnaissons que lorsqu’ils sont réalisés aussi bien, on ne peut que succomber, même si on reconnaît que parfois il ne faudrait pas abuser de notre patience… Sept albums pour avoir l’histoire complète ! Heureusement qu’il a été décidé d’avoir des dessinateurs différents… mais reste à savoir si cela fonctionnera ?