Mes mecs de Barcelone
de Sebas Martín

critiqué par Blue Boy, le 9 janvier 2011
(Saint-Denis - - ans)


La note: étoiles
Chroniques gays dans la chaleur de l'Espagne
Un des premiers souvenirs d’enfance de Rafael fut de découvrir l’homosexualité de son cousin Enrique, en visite à ses proches restés au pays, alors qu’il travaillait pour l’industrie du cinéma italien, encore très florissant dans ces années 70... Il en restera marqué à vie… Le temps a passé, nous sommes à Barcelone au XXIème siècle, et la Gay Pride bat son plein… Rafael est maintenant un adulte qui s’assume. En quête de l’âme sœur, il ne fait qu’enchaîner les rencontres sans lendemain, allant de déception en déception… Jusqu’au jour où Enrique revient des USA pour vivre en Espagne, suite à la mort de son compagnon…

Pour ceux qui pensaient encore que l’Espagne était resté la patrie des machos, ils vont devoir réviser leurs croyances… Barcelone était déjà connue pour être une ville vivante et animée, et ce n’est pas cette BD qui va démentir sa réputation, mais dans une perspective gay et sous le trait simple et avenant du dessinateur, cela prend encore une autre dimension, et là on n’est pas déçu… De façon plus terre à terre, il s’agit plus de chroniques que d’une histoire avec scénario, il ne faut donc pas s’attendre à une grande rigueur sur ce plan-là. Par ailleurs, le personnage central, Rafael, est attachant mais tous ceux qu’il côtoie sont des caricatures assez superficielles. Le milieu gay semble être divisé principalement entre deux catégories distinctes : les folles asexuées ou les types bodybuildés qui baisent tout ce qui peut remuer de la queue… Certaines scènes sentent pourtant le vécu, notamment celle du repas chez les parents…

Mais après tout, peut-être ne faut-il pas prendre cela trop au sérieux. On peut voir ça comme une ode à la vie, tout simplement. L’auteur aime les corps d’hommes virils, ça paraît clair (il les « croque » très bien !), et s’est sûrement beaucoup inspiré des dessins de Tom of Finland, le must en matière d’art érotique gay. C’est peut-être là où le bat blesse, ce mélange de récit introspectif et de paradis sexuel (fantasmé ou réel ?) finit par produire quelque chose de peu crédible, assez cliché et digne d’une midinette. En matière de BD gay, il faudra donc plutôt se tourner vers Ralf König, qui pour moi reste le maître incontesté dans son domaine, même si ces mecs de Barcelone sont loin d’être désagréables à regarder…