Les contrées du rêve
de Howard Phillips Lovecraft

critiqué par Loic3544, le 19 janvier 2011
(Liffré (35) - 46 ans)


La note:  étoiles
Une plongée onirique au coeur de l'imaginaire
Les contrées du rêve est un recueil de 14 nouvelles, tourné autour du rêve. Chaque récit nous emmène dans un univers où la frontière entre le rêve et la réalité est très ténue. La plupart des protagonistes arpentent les Contrées du Rêve avec une certaine facilité, mais le risque de s'y perdre est très grand. Si, au premier abord, ces nouvelles sont assez éloignées des nouvelles d'horreur de Lovecraft, certaines peuvent faire frisonner. Mais, ce n'est pas le but de ces petites histoires, la plupart restant plus "soft" et nous invitent plutôt à une réflexion sur les rêves et leur signification.
Le style de Lovecraft reste très fluide et très agréable à lire et on le suit volontiers dans des histoires parfois rocambolesques, rêve oblige. Dans des récits comme "Hypnos", "Céléphaïs" ou "Le bateau blanc", le rêve, le rapport au réel et la possibilité de se perdre dans ses rêves est au cœur de la réflexion. C'est très déroutant, mais original et agréable à lire. Dans "La maison haute dans la brume" ou "La malédiction qui s'abattit sur Sarnath", le côté "horreur" de Lovecraft refait surface. "La maison haute dans la brume" est assez édifiant de ce point de vue, la peur tiraillant le lecteur du début à la fin. Mais, en revenant sur ce récit, on se rend compte qu'il ne s'est pas passé grand chose, que l'auteur a joué avec nous du début à la fin.

Cependant, ce recueil tourne beaucoup autour du personnage de Randolph Carter que l'on retrouve dans 4 nouvelles, dont la pierre angulaire de ce récit, qui fait écho à plusieurs autres nouvelles du recueil : "La quête onirique de Kadath l'Inconnue". Cette nouvelles compte 116 pages sur les presque 300 du recueil et représente donc le point d'orgue de cette lecture. Je ne suis personnellement pas friand du genre "nouvelles" et ce récit m'a permis de vraiment apprécier l'ensemble en "connectant un peu les différentes nouvelles". Là encore, le style de l'auteur nous permet de nous enfoncer, avec Carter, au cœur de ses rêves, et d'adhérer aux choses incroyables qu'il y trouve. L'aboutissement de cette quête est une vraie réflexion sur nos rêves et nous montre à quel point il est important de savourer ce que l'on a plutôt que de courir après ce que l'on veut.

Lecture assez incroyable, moment vraiment hors du temps, je vous conseille de vous laisser emporter par ces récits surréalistes. Cependant, n'oubliez pas de laisser votre esprit cartésien avant d'entrer. Vous êtes ici au pays des rêves, avec tout ce que cela comporte de bizarre.