La semaine où Jérôme Kerviel a failli faire sauter le système financier mondial : Journal intime d'un banquier
de Hugues Le Bret

critiqué par Olivier-charly, le 20 janvier 2011
(Lyon - 56 ans)


La note:  étoiles
Passionnant, technique, anti-langue de bois
Je ne connais rien à la banque, la Bourse et tout ça mais désireux de comprendre l'incompréhensible ou comment le Kerviel hypothèque des milliards sans que personne ne s'en aperçoive, j'achète "La semaine où...", écrite par un des pontes de la Générale (directeur de la communication si j'ai bien compris) au moment de l'affaire.

D'abord les défauts du livre : faut reconnaitre qu'au début on ne comprend rien aux termes techniques bancaires et boursiers utilisés par l'auteur qui ne prend même pas la peine d'une petite note explicative en bas de page qui permettrait au lecteur de base comme moi de raccrocher plus ou moins les wagons...

Mais bon je m'accroche et j'ai bien fait parce qu'après on est plus dans l'analyse des rapports humains et des travers médiatico-politiques qui éclairent cette crise d'un jour nouveau pour le coup très bien expliquée et qui m'a fait revoir mon opinion notamment sur le PDG de l'époque de la Société générale qui apparait plutôt à son avantage.

Ce livre se dévore donc une fois le premier tiers passé et son coté anti langue de bois est vraiment agréable et intelligent.

Lagarde, Sarko, Elkabach en prennent (un peu) pour leur grade sans tomber dans la polémique stérile mais en expliquant assez bien les mécanismes qui les poussent à agir disons pas toujours de façon très convenable (pour rester soft).

Pour finir, l'auteur parle peu de Kerviel (c'est vrai que les autres s'en chargent bien) sauf pour déplorer sa présentation de victime par certains et dire l'incompréhension qu'a suscité son 'crime' dont les motivations restent des plus floues.

En résumé bon bouquin mais peut-être faut-il lire celui de Kerviel pour avoir une autre version.
Nauséabond 7 étoiles

L'argent a une odeur : elle est fétide. L'auteur, responsable de communication à la Société Générale, décrit par le menu les jours où la banque a dû gérer « l'affaire Kerviel ».
On y découvre un monde que la simple évocation révulse. Des manœuvres financières d'une indécence inouïe, où l'argent est un fin en soi, et où il en faut toujours plus. Il n'y a pas de limites. Aucune contrepartie de création de richesses, aucune dimension économique. Uniquement la recherche d'un profit rapide (un trader réalise plusieurs milliers d'opérations par jour, bien sûr informatisées). On jongle avec les millions, les milliards, sans même réaliser ce que cela représente.
Quant aux salaires, ils dépassent l'entendement. Il font perdre toute conscience, humaine, morale. On travaille 12 heures par jour, le week-end, la nuit. On tient à coups de médicaments. Plus de vie privée (j'ai failli écrire plus de vie tout court). Ce qui n'empêche pas les loups de se dévorer entre eux. Claude Bébéar est présenté comme un monstre sans la moindre sensibilité. Quant à Nicolas Sarkozy, alors président de la République, il n'aura qu'un souci : faire tomber le P-DG de la banque, car vexé de ne pas avoir été prévenu le premier... Il déclarera toutefois : « Que quelqu'un gagne 7 millions d'euros par an ne me choque pas ». Chacun appréciera à sa manière...
Jérôme Kerviel a-t-il ou non fraudé ? Hugues Le Bret veut nous le faire croire. Mais dans un monde pourri, qui ne fraude pas ? L'auteur voudrait défendre sa banque. Il s'y prend bien mal !
Olivier-Charly nous dit qu'il n'a pas compris les termes techniques bancaires. Moi non plus, et une petite note explicative n'y aurait sans doute pas changé grand chose. Cette « omission » confirme que Hugues Le Bret a été incapable de sortir de sa bulle. Il en est prisonnier.
Quant au P-DG de l'époque, qui d'après Olivier-Charly apparaîtrait plutôt à son avantage, ce n'est pas le sentiment que j'ai eu. Je n'ai éprouvé aucune compassion, étant bien trop écœuré. Heureusement, l'argent ne peut pas tout acheter. Il peut toutefois permettre au diable d'acheter votre âme...

Bernard2 - DAX - 75 ans - 12 décembre 2014