Les tempêtes de Simen
de Øystein Lønn

critiqué par Débézed, le 25 janvier 2011
(Besançon - 77 ans)


La note:  étoiles
Tempête sans souffle
A Bilbao, Sofia, 47 ans, décède de la tumeur au cerveau qui la mine depuis un bout de temps déjà, Simen fait rapatrier le corps en Norvège où il fait inhumer sa femme en présence de leur famille, de leurs amis et des anciens amants de celle-ci. Elle avait vite compris « que la sexualité n’allait pas nécessairement de pair avec les sentiments. » Cet enterrement, et le deuil qui suit, sont l’occasion pour Simen de revivre la vie qu’il a vécu avec Sofia et avant Sofia. Il explore son arbre généalogique pour faire revivre les personnages qui l’ont construit : son père et son grand-père, hommes de la mer et des horizons lointains, hommes d’affaires, trafiquants occasionnels ; sa mère et sa grand-mère, femmes fortes, actives, décidées, libres ; sa demi-sœur, championne de ski estonienne. Et tous ses amis, collaborateurs, relations et amants de Sofia qui on eux aussi participé aux tempêtes qui ont agité son cœur comme les tempêtes terrorisaient son enfance.

Le passé télescope le présent avec tout ce qu’il transporte : les soucis d’argent, les peines de cœur, les frustrations et les jalousies, les joies et les peines, les réussites et les échecs, les épreuves et les flatteries et le tout sur fond d’actualités internationales où son métier de journaliste le ramène sans cesse. C’est en fait un bilan de sa vie que fait Simen en essayant de comprendre ce qu’il est réellement en cherchant dans ses racines ce qu’il doit à ses ancêtres et en essayant de comprendre ce qui lui vient de son environnement, de sa femme, de ses amis, de ses collaborateurs, de son métiers et de ses expériences « …. rappelant ce qu’ils ne pouvaient pas oublier ; le temps jadis, ce qui avait disparu et ce qu’ils n’osaient se rappeler. »

C’est avec un certain désenchantement qu’il regarde cette vie écoulée dans la futilité et la puérilité avec une femme fidèle mais pas très constante. Une vie marquée par le tropisme du sud comme celle son père et de son grand-père, comme celle de tous les habitants de ces régions nordiques en quête de lumière et de soleil. Une vie où la solitude rattrape facilement les individus comme les champions dans la défaillance. Et la culpabilité qui reste au survivant qui n’a pas su voir la maladie ou qui n’a pas voulu la voir.

Un récit complexe où les temps se confondent, où les personnages ne se dessinent que très progressivement, où le narrateur semble avoir envie de réécrire l’histoire et finalement un roman trop long, trop tortueux, trop touffu qui finit par lasser, malgré la musique de Bach et de Coltrane, car le lecteur a compris avant la fin où l’auteur voulait le conduire.