Oblique
de Greg Bear

critiqué par Jfp, le 29 janvier 2011
(La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans)


La note:  étoiles
un monde presque parfait
Il y a 13 ans, Greg Bear décrivait un monde futur, aujourd'hui pas très éloigné puisqu'il le situait vers la moitié du vingt-et-unième siècle. Robots et humains, naturels et transformés, vivent en apparente harmonie dans une société façonnée par les psychologues et régie par des codes destinés à rendre tout un chacun "heureux". Les neurosciences règnent en maître, sous la forme de "penseurs", robots de n-ième génération qui ont assimilé l'ensemble des connaissances acquises par l'humanité, et gèrent ce monde parfait. On n'y verse pas d'alcool dans les biberons des futurs sous-hommes (comme dans "Le meilleur des mondes" d'Aldous Huxley), mais on y utilise la télé-réalité et les films pornos (en 3D, ça va de soi) pour rendre les gens un peu plus abrutis et surtout peu aptes à développer leur esprit critique. Et pourtant, dans l'Idaho vert, une enclave "écolo" dans ce monde de machines virtuelles et d'humains décérébrés, se prépare une drôle de révolution. Des milliardaires, inquiets de voir l'humanité se dégrader à ce point, décident de constituer une sorte de franc-maçonnerie destinée à préserver les élites (eux, bien sûr) et reconstruire une êre nouvelle au prix d'une destruction de la Terre et de ses habitants. L'Omphalos, un vaste batiment en forme de pyramide, dans lequel des niches sont prêtes à accueillir les candidats à la vie éternelle, en attendant la résurrection, est au coeur de ce projet. Tel est l'arrière-plan de ce livre foisonnant, qui laisse à réfléchir (c'est ce qu'on attend de la bonne SF) et nous entraine dans une suite inextricable de combinaisons psychologiques et de scènes d'action plus tordues les unes que les autres. Comme il est souvent de règle dans ce genre littéraire, les premières pages sont d'un accès relativement difficile, tant le vocabulaire et les concepts de ce monde d'un futur portant très proche nous sont étrangers. Une fois passé ce cap, on entre de plain pied dans le monde du Yox, pour le plus grand plaisir du lecteur. A déconseiller cependant aux néophytes...