G229 de Jean-Philippe Blondel

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Christian Palvadeau, le 2 février 2011 (Inscrit le 19 janvier 2011, 60 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (42 051ème position).
Visites : 4 437 

Spleen d’un prof à mi-carrière

Il rêvait des antipodes, d’un poste de directeur d’une alliance française, celle de l’Equateur, au lieu de quoi, à 25 ans, il entre provisoirement, croit-il, comme professeur d’anglais dans un lycée d’une ville moyenne, bâtiment G, salle 229.

Vingt ans après, le même, toujours dans le même lycée, la même classe, dresse une espèce de bilan de sa vie professionnelle. Le narrateur semble très proche de l’auteur et le livre relever plus des souvenirs et de la réflexion sur soi que réellement du roman. Le ton est assez sombre même si, du point de vue formel, il s’essaye à faire son Philippe Delerm.

Il s’agit manifestement d’un enseignant qui aime son métier, il nous raconte son quotidien, avec les hauts et les bas, les rigolades, les inspections, les troublants élèves amoureux, le dramatique décès d’une autre élève, les difficultés à se faire respecter (« Ils n’ont pas le droit de répliquer, parce que c’est moi l’autorité, vingt dieux. »), les manifestations, l’ennui, les errances mentales… Le quotidien croisant l'Histoire ici et là : l'effrondrement des Twins Towers en 1993 (en direct sur la télévision de la classe !), le Front National au second tour des élections présidentielles en 2002... Mais, à seulement 45 ans, c’est un être qui se juge un peu obsolète, un peu dépassé, courant également après les évolutions techniques, la marche du progrès…, découragé par les coupes budgétaires, les atteintes à la formation…, désabusé par un enseignement répétitif et qu’il peine à renouveler, par des réformes incessantes et assez stupides, par des voyages pédagogiques en Angleterre éprouvants et de pure forme…

Et puis et puis… il y a le temps, le temps qui passe… « Etre prof, c’est être quitté tous les ans et faire avec. » Les élèves progressent, se construisent, avancent, bougent, vont de découvertes en découvertes. Pour lui, les couches de temps se superposent, les années bégaient, les visages d’enfants de différentes années scolaires finissent par se confondre, il fait du surplace mais, au bout du compte, paraît presque y trouver une sorte de satisfaction triste comme s’il s’agissait simplement d’un aspect inhérent au métier. Il voit ses collègues prendre un sacré coup de vieux, il se sent vieillir à son tour. Il était juste de passage (« Et puis le temps passe et voilà. »), il rêvait d’aller vivre loin là-bas et s’aperçoit que « Le lieu où je voulais exister était un temps. »

Immersion dans le monde de l’Education Nationale, états d’âme d’un prof qui gamberge ferme à mi-carrière.
Pas inoubliable mais sympa.

Christian Palvadeau

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une chronique nostalgique...

7 étoiles

Critique de Deinos (, Inscrit le 14 février 2009, 62 ans) - 18 septembre 2014

Ce "roman", ou plutôt ce parcours de vie évoque donc le vécu d'un enseignant aux portes de la cinquantaine... sa perception de ce qu'il a vécu entre les murs d'une salle de classe...

mais je ne vois pas un spleen dans ce témoignage... plutôt une douce chronique... avec des petits moments certes douloureux... mais où l'auteur témoigne de la vie qui bat et se renouvelle au sein d'une salle de classe...

mais voilà... en dehors d'un drame évoqué... et d'une évocation somme toute classique sur le temps qui passe... la chronique a un petit goût de bonbon rose sucré... sans aspérité... bon certes des critiques des politiques éducatives... critiques en coup de vent... ce qu'on perçoit c'est cette affection pour les élèves... ce désir de lendemains qui scintillent dans un monde de plus en plus obscur pour ceux qui passent derrière les tables du U.... ce que je peux comprendre... mais l'ensemble est un peu trop sucré à mon goût...

En fait un regard attendrissant sur le métier d'enseignant... en rupture avec les visions catastrophistes qui dominent...

un style tout en phrases nominales... en phrases sans heurt qui s'écoulent... doucement... et qui vous entraînent dans cette salle où, quoiqu'il advienne... on ira. Où que ce soit, on ira.

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