Une passion : Entre ciel et chair
de Christiane Singer

critiqué par Deashelle, le 11 février 2011
(Tervuren - 15 ans)


La note:  étoiles
Sauvée par l'écriture
note de l'éditeur:
"Je veux parler d'amour dans ces pages, toutes ces pages. Tout ce qui a été écrit sur terre, dit, murmuré, hurlé, crié, parle d'amour...
Trois fois j'ai vécu dans ma vie de moniale les incursions du divin - ces instants de suffocation où le ravissement et la terreur se confondent. Chaque fois, oui, chacune de ces trois fois monta tout aussitôt en moi un cri : Ah, Seigneur, pas sans Abélard, pas sans lui !"
Pour dire la passion éprouvée au plus profond de l'âme et du corps, Christiane Singer revit celle d'Héloïse, quintessence de l'amante et de la mystique. Elle nous donne à travers cette confession tout à la fois païenne et spirituelle, ce bréviaire fou, cette exaltation unique du plaisir et de l'extase, un texte qui restera parmi les plus intenses jamais écrits sur l'amour.



« J’ai choisi de chuchoter dans un siècle qui fait tant de bruit ! » Elle boit aux deux coupes de la mémoire, celle des événements et celle des sensations et rappelle « Dieu n’a que nous pour faire ce qu’il y a faire ».



Héloïse est animée de l’amour cueilli dans les yeux de sa nourrice Louisette, au premier regard, à sa naissance. Très jeune, elle a subi le coup de foudre avec Abélard, cela lui a entr’ouvert le ciel et les plaisirs sensuels, son corps en transes vit l’amour absolu et charnel. « Je découvrais le monde dans sa clarté originelle ». Dévoilé, le temps d’instants de grâce. « Nous avions conflué en Dieu ». Au contraire, Fulbert, son oncle trouve que toutes les activités humaines entravent la communication avec Dieu. Punition, la voilà enfermée dans un couvent pour avoir répugné ostensiblement de se plier aux conventions sociales. Abélard n’a rien compris … ou en définitive ne l’aimait pas ou aimait plus sa chaire de théologie. Elle médite : « Seul Comprendre délivre ! » Elle éprouve du remords : « Mon corps, le piège immonde où Abélard est tombé. Au couvent ,« je suis morte sans la miséricorde de la vraie mort ». « Chaque jour est un jour de moins de mon tourment, voilà ce que dit mon soupir ! » Enterrée vivante. Elle se souvient : « Je ne savais que me donner, rendre plus profond mon réceptacle. »



Réflexions sur le rôle de la femme. On ne croit pas les femmes, pourtant, Héloïse cite leur rôle dans la Bible : « Quelques-uns des nôtres sont allés au tombeau et ont trouvé les choses TOUT COMME LES FEMMES AVAIENT DIT ; mais Lui, ils ne l'ont pas vu ! " (Luc 24:24)».

Par l’écriture, l’âme s’est délivrée, abbaye du Paraclet, 1162
Superbe ! 10 étoiles

Aimant énormément l'histoire d'Abelard et d'Héloïse, j'ai pris un réel plaisir de lecture.
Les réflexions, les méditations, la résignation et la compassion ne sont pas des mots vains dans ces lignes.
On écoute le plaisir, les doutes et la confession.
On apprend le rôle de la femme à cette époque au sein de la société et de l'église.
Du bonheur à lire.

Olinot - Proche de Paris - 56 ans - 2 mars 2011