L'énigme de la rue Saint-Nicaise : Les aventures de Donatien Lachance, détective de Napoléon
de Laurent Joffrin

critiqué par CC.RIDER, le 12 février 2011
( - 66 ans)


La note:  étoiles
A la fois policier et historique
Le 3 Nivôse de l'an VIII, rue Saint Nicaise, à Paris, une machine infernale explose sur le passage du carrosse de Bonaparte, encore Premier Consul, sans atteindre sa cible mais en occasionnant des dizaines de victimes et de nombreux dégâts. Immédiatement celui-ci oriente les recherches de la police vers les jacobins les plus extrémistes, ceux qui s'opposent aux possibles dérives vers le pouvoir personnel. Fouché, ministre de la Police, et son bras droit Donatien Lachance y voient au contraire la main des royalistes et particulièrement celle des chouans. C'est le début d'une enquête aussi difficile que contradictoire.
Un roman policier historique bien documenté. L'auteur s'attache à décrire très minutieusement le contexte, le décor, les faits et les personnages en ne se permettant que très peu de privautés au détriment de la grande Histoire. Quelques personnages de fiction (Donatien, Olympe et Hyacinthe, le bon républicain accusé injustement) font basculer toute cette affaire dans le pur roman historique. Complots, escarmouches, coups tordus et même une bataille navale y ajoutent du rythme et de l'intérêt. Il faut dire que ces ingrédients étaient indispensables pour rendre attrayant un fait divers archi connu dont le dénouement ne surprend personne. Le résultat est agréable à lire en raison d'un style fluide et quasi journalistique.
polar consulaire 10 étoiles

Un vrai polar historique, digne de la meilleure littérature populaire : de l'action, de l'amour, avec une bonne dose de psychologie et des messages politiques tout à fait actuels. En spécialiste reconnu de cette politique, celle d'hier comme celle d'aujourd'hui, Laurent Joffrin connaît son Bonaparte jusqu'au bout des ongles. Pour assurer son pouvoir (l'action se passe pendant le Consulat), celui qui n'est encore que le premier consul a décidé d'œuvrer en faveur de la concorde nationale, favorisant le retour des émigrés et le rétablissement des prêtres dans leurs prérogatives. Un attentat, raté, va être un prétexte tout trouvé pour servir ses intérêts en frappant les républicains, qu'il considère ou feint de considérer comme les instigateurs de l'attentat. Mais c'est sans compter sur la liberté d'esprit de Donatien Lachance, qui va mener une enquête scrupuleuse sur cette affaire, en utilisant les moyens, officiels et officieux, mis à sa disposition par le Ministre de la Police, Joseph Fouché. On côtoie Madame Récamier, côté salon et côté alcôve, et quelques autres célébrités de l'époque. Sur ce fond historique bien documenté, s'enfile une histoire captivante mettant en péril notre enquêteur, coincé entre son amour pour la belle et très républicaine Olympe (non, ce n'est pas Olympe de Gouges, déjà raccourcie pendant la Terreur !) et sa fidélité au futur empereur. La visite du Paris d'avant la Restauration, avec ses ruelles bruyantes et malodorantes, et ses maisons bâties de guingois, vaut également le détour. Une réussite…

Jfp - La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans - 25 octobre 2015


Merveilleuse aventure. 10 étoiles

Sans égaler Jean François PAROT et son commissaire Nicolas Le Floch, Laurent Joffrin nous livre ici un héros sympathique et attachant en dépit de son passé thermidorien mais toute faiblesse, fut-elle criminelle reste humaine et doit appeler à la compassion.
J'ai eu plaisir à entrer dans ce roman qui rappelle ceux de Dumas qui ont illuminé ma lointaine adolescence, combats, intrigues, chevauchées, amours d'alcôve et politique font bon ménage, la petite histoire co-habite avec la grande Histoire, Bonaparte, premier consul est notre complice au fil des pages et un plus pour Laurent Joffrin qui se base sur des recherches historiques sérieuses.
Dès ce premier livre refermé, je me suis précipité sur le net pour apprendre que deux autres romans narrant les aventures de ce jeune et ambitieux commissaire suivaient. Je me suis empressé de les commander car j'aime ces histoires qui nous emballent et occupent l'été caniculaire qui chaque année nous oppresse.
Sans partager toutes les opinions de Laurent Joffrin que son origine familiale explique en partie, je trouve l'homme intelligent et ne manque pas ses analyses lorsqu'il apparaît sur le petit écran.
Je n'ai qu'un souhait c'est que cette épopée continue longuement pour ce D'artagnan tout à tour, républicain puis impérial !

Angel54 - - 70 ans - 24 juillet 2015


chouans contre exagérés 7 étoiles

Rien à dire quant à l'intrigue, elle est parfaitement résumée par les précédents lecteurs.
Pour ma part j'ai eu un peu de mal à entrer dans cette histoire, par ailleurs très bien documentée, car je n'ai pas réussi à trouver quoi penser du héros (Donatien Lachance), arriviste proclamé, cherchant avant tout à ne pas entamer ses chances d'ascension de l'échelle sociale, mais qui n'est finalement ni totalement antipathique ni vraiment sympathique et qui finalement m'a laissé assez froid.
Mise à part cette réserve que l'on peut appliquer, par ailleurs, à la quasi totalité des personnages, l'intrigue quant à elle est bien ficelée et n'est pas sans rappeler les aventures de Vidocq.

Pytheas - Pontoise - Marseille - 59 ans - 11 mars 2013


Quand Bonaparte n'était pas encore Napoléon... 9 étoiles

C’est un drôle de coco ce Laurent Joffrin, journaliste très à gauche (Libé, Nouvel Obs, etc…) il n’en voue pas moins une admiration pour un personnage historique dont on ne peut pas dire qu’il soit un modèle gauchiste ! Napoléon Bonaparte ! La preuve en est qu’il avait déjà commis un bon livre sur le bonhomme ( http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/5311) avant de récidiver avec cet excellent polar historique. L’attentat de la rue Saint Nicaise, le 24 décembre 1800 au soir, c’est un sujet hyper connu (on dit que c’est le premier attentat à la voiture piégée !), réussir à en tirer un roman palpitant n’était donc pas le plus facile à faire. Et pourtant il l’a fait. Les personnages de fiction se mêlent avec les personnages historiques de telle façon qu’on se laisse facilement convaincre et emporter par l’intrigue.
Au soir de l’attentat, Donatien Lachance, bras droit du Ministre de la Police Joseph Fouché, part sur la trace des assassins. Il est persuadé de la culpabilité des Chouans, d’autant qu’on a signalé à Paris la présence de leur chef : Cadoudal. Mais le Premier Consul n’est pas de cet avis, lui penche pour un complot des républicains ultras, ceux qu’il nomme les « exagérés ». Il fait arrêter et exécuter quelques meneurs républicains et dresser une liste de proscrits à envoyer aux Seychelles. Parmi eux, Hyacinthe de Saint Aubin, ami de Donatien…La belle Olympe, fiancée de Hyacinthe et qui fût la maîtresse de Donatien, le presse de venir au secours de son ami. Il faut pour ça prouver d’urgence la culpabilité des chouans et faire changer d’avis Bonaparte, ce qui est sans doute le plus difficile !

Rythme, suspense, aventure, tout y est pour faire de ce polar une réussite. Bravo monsieur Joffrin !

Patman - Paris - 62 ans - 16 mars 2012