L'État de siège de Albert Camus
Catégorie(s) : Théâtre et Poésie => Théâtre
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Très intéressant au niveau des idées mais trop didactique
Connaissez-vous encore aujourd’hui des pièces qui ont attiré des noms aussi célèbres que celle-ci pour la porter sur les fonds baptismaux ?. Elle rassemble autour de Camus des noms aussi prestigieux que ceux d'Arthur Honegger pour la musique, de Balthus pour les costumes et les décors, de Jean-Louis Barrault pour la mise en scène et elle est jouée par la « compagnie Madeleine Renaud-Jean-Louis Barrault » !.
Nous sommes en Espagne, dans la ville de Cadix. D’étranges phénomènes sont perçus par les habitants. L'inquiétude gagne mais chacun se persuade qu'il n’y a là rien de grave. Diego aime Victoria et cet amour est enfin accepté par le père de cette dernière. Ils rayonnent et attendent le lendemain, avec impatience, pour pouvoir officiellement montrer leur passion.
Soudain deux grands coups sourds et des hommes tombent foudroyés ! La peste !… Arrive un personnage, accompagné de sa secrétaire, qui se présente au Gouverneur et lui dit qu’il est là pour prendre tout le pouvoir dans la ville. Son nom est « La Peste ». Complètement nul, et vraiment pas courageux, le Gouverneur cède bien vite ses pouvoirs et fuit avec son entourage. Commence alors « L’ETAT de siège »
Il convient ici de ne pas oublier que cette pièce a été écrite en 1948. Camus entend montrer où les idéologies dictatoriales du vingtième siècle ont mené l'humanité. Nous pensons bien sûr tout d’abord aux nazis et aux fascistes, mais il est très vite évident que, dans ses descriptions du système mis en place par « La Peste », Camus vise tout autant la dictature stalinienne que les autres. Comment ne pas y penser quand « La Peste » déclare : « Tous suspects, c'est le bon commencement. »
Les personnes atteintes par la maladie devront porter une étoile (tiens ?.), les hommes et les femmes vivront séparément (l'amour est irrationnel et inutile), le vote est libre, mais quand il est contre le pouvoir il est déclaré nul, car il est alors « illogique » et « émotif »… Toutes les autres mesures sont dans le même genre...
Camus va nous montrer que la peur est la principale ennemie de l'homme. L'amour des autres vous aide à la vaincre, mais seule la révolte peut faire vaciller ce pouvoir aveugle et inhumain. Il faudra d’abord la révolte individuelle de Diego pour faire vaciller la Secrétaire, mais elle devra se transformer en révolte collective pour que tous soient sauvés.
Là se trouve la seule possibilité de salut !
Cette pièce contient tellement d’idées qu'il ne m'est pas possible de les évoquer toutes. Cependant je tiens à évoquer celles qui me semblent être des « prophéties » par les temps qui courent.
En parlant du pouvoir : « La cruauté révolte, mais la sottise décourage. Honneur aux stupides puisqu’ils préparent mes voies. Ils font ma force et mon espoir. » crie La Peste.
Et pour nos sociétés aujourd'hui bien souvent par trop permissives et laxistes : « Non, il n'y a pas de justice, mais il y a des limites. Et ceux là qui prétendent ne rien régler, comme les autres, qui entendaient donner des règles à tout, dépassent également les limites. »
Et voilà qu’il me faut décider du nombre d'étoiles à donner à ce texte !. Diable, vraiment pas facile ! Pourquoi ?. Parce que, au niveau des idées, ce texte est vraiment intéressant. Mais il a aussi les défauts des textes à « idées », à savoir : il en devient trop évident, sans surprise, sans charmes. C'est un peu comme une démonstration de géométrie. Je dois aussi avouer que les dialogues entre Diego et Victoria m'ont aussi semblé trop conventionnels et dépassés.
Bon, je dois bien choisir. Alors je vais choisir le contenu plutôt que la forme.
Les éditions
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L'état de siège [Texte imprimé] Albert Camus éd. présentée établie et annotée par Pierre-Louis Rey...
de Camus, Albert Rey, Pierre-Louis (Editeur scientifique)
Gallimard / Théâtre
ISBN : 9782070400362 ; 9,20 € ; 09/10/1998 ; 221 p. ; Poche
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Des détours pour une réflexion sur le pouvoir et la démocratie
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans) - 24 juillet 2018
Commence alors une réflexion par l'absurde sur le caractère absurde des régimes totalitaires qui suppriment des vies de manière arbitraire, en prétendant remettre de l'ordre dans la vie des gens. Car est mise en place une vraie technocratie de la terreur, avec ses incohérences, une brutalité et une froideur assumée.
Le ton est solennel, voire grandiloquent. Jules l'a trouvé trop didactique, là où je pense qu'on ne l'est jamais assez, et une réflexion sur la démocratie en vaut bien la peine, y compris voire surtout quand elle est menée par l'absurde.
Cette pièce est directement inspirée de son roman La Peste, correspond peu ou prou à une commande de Jean-Louis Barrault, qui voulait la mettre en scène, et qui n'a finalement pas participé à la rédaction, mais qui l'a inspirée. Elle reste très intéressante.
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