Une petite histoire sordide
de Alessandro Perissinotto

critiqué par Digne, le 22 février 2011
(Lyon - 47 ans)


La note:  étoiles
... effectivement, une histoire sordide !
Anna Pavesi, une psychologue désœuvrée, se voit confier par une bourgeoise de la haute société milanaise la recherche du cadavre mystérieusement disparu de sa demi-sœur, morte accidentellement. Acceptant à reculons ce travail par nécessité financière, Anna reconstruira petit à petit les derniers mois de la victime, dans une banlieue industrielle glauque de Milan, pour découvrir une vérité trouble où chaque protagoniste a quelque chose à cacher …
Ce thriller ne brille pas en premier lieu par son intrigue complexe, ses meurtres spectaculaires ou ses coups de théâtre à répétition : si ce livre est exceptionnel, c'est avant tout pour la description des personnages campés avec véracité et des relations difficiles qu'ils entretiennent, tous pris quelque part malgré eux dans ce drame sordide. En premier lieu, l'héroïne, qui en dehors de sa volonté croissante de résoudre ce mystère, subit, plus qu'elle ne maîtrise, les événements, en proie à ses doutes et à ses terreurs personnels. De plus, comme toujours dans les romans de Perissinotto, la construction du livre est très efficace, avec en alternance des scènes décrivant la découverte du cadavre et, en flash-back, le récit proprement dit : cette structure contribue pour beaucoup à créer un climat fort de malaise lors de la lecture de ce roman.
très bon 8 étoiles

Je découvre seulement maintenant cet auteur dont plusieurs polars ont été traduits en français.
C'est plus du roman réaliste ou naturaliste que du roman policier. Mais les personnages sont bien décrits, bien que tous vus du point de vue de la narratrice, devenue détective malgré elle. Elle se promène avec le livre de Durrenmatt, "La promesse" : "Avoir de quoi lire me rassure, même si souvent, comme ce fut le cas ce jour-là, le livre reste fermé : l’important, ce n’est pas de lire, c’est de savoir que je peux le faire". On ne voit pas souvent des personnages de roman faire ce genre de remarques.
En toile de fond, les immigrants (exploités dans les usines, par les proxénètes, ou placés dans des fermes)...
Suspense garanti !

Cyclo - Bordeaux - 78 ans - 12 février 2018