Les Autres
de James Herbert

critiqué par Kaftoli, le 26 février 2011
(Laval - 59 ans)


La note:  étoiles
Chronique d'un lecteur déçu :)
Je voulais me lancer dans un univers différent de ma précédente lecture, plus ludique. J'ai toujours apprécié l'univers de la science-fiction, celui du fantastique qui nous amène ailleurs et nous donne des frissons. Il y a longtemps que je n'ai pas mis la main sur une oeuvre digne de ce nom dans ce genre. Sur les recommandations de la revue "Solaris", je me suis proposé d'aborder l'oeuvre de James Herbert, un auteur britannique qui connait un certain succès dans le genre. Sans trop réfléchir, je choisis "Les autres".
Disons-le d'emblée, le titre n'est pas des plus original ! Aménabar a proposé un film avec le même titre, au début des années 2000, mettant en vedette Nicole Kidman; Alice Ferney a aussi utilisé le même titre pour son roman publié en 2006 chez Acte Sud. Mais je n'irai tout de même pas juger un roman uniquement à son titre peu original, après tout. Avant d'en estimer la pertinence, il faut bien avoir une meilleure idée du contenu.
Le roman propose comme amorce une scène qui semble se dérouler en enfer, là où les âmes souffrantes subissent leur sort "mérité". Une de ces âmes se voit offrir la chance de se racheter: des anges lui proposent de retourner sur terre pour une mission, qui n'est pas des plus explicites au début. Ce qu'on sait par contre c'est que cet âme a profité, voire abusé, de sa beauté quand elle occupait sa dernière enveloppe charnelle. On sait aussi que, si elle échoue la mission qu'on lui confie, elle sera vraiment condamné à tout jamais. Le premier chapitre met en scène une femme, dans le bureau du détective Dismass: elle lui confie la mission de retrouver son fils qu'elle n'a jamais vu, mais qu'elle sait vivant. Dismass est bossu, difforme, laid. Oh! je crains de me retrouver dans une intrigue à la Angel Heart d'Alan Parker, à celle du Sixième sens ou de bien d'autres scénarios, romans, dans lesquels le détective, sans le savoir, enquête sur lui-même, et le punch, dans ce type de proposition, c'est justement que le personnage apprend que l'être qu'il recherche ou sur qui il enquête est en fait lui-même ! J'espère juste me tromper avec ce roman... Il n'y a rien de plus frustrant de voir les ficelles et de prévoir la fin alors qu'on n'a pas 60 pages de lu !
Encouragé par un article paru dans la revue Solaris, je m'accroche. Je me fie au commentaire du critique Jonathan Reynolds: "L’intrigue qui, au début, semble bien banale, se montre de plus en plus intéressante au fil des pages et réserve à son lecteur son lot de scènes surprenantes et de détours rafraîchissants et bienvenus dans un genre que l’on croit souvent voué à la répétition et aux innombrables clichés."
J'avance donc encore dans la lecture. Dismas suit une piste : dans une maison de repos, dans un endroit isolé, improbable pour une maison de repos, il rencontre Hildegarde Vogel, une vieille infirmière qui aurait assisté à l'accouchement de sa cliente, il y a 18 ans. Qu'espère-t-il ? Qu'elle se souvienne de ce qui est arrivé il y a deux décennies. Faits étranges (il y en a quelques-uns qui se sont déjà produits: visions d'oiseaux, de personnages dans les miroirs, cauchemars...), l'établissement, peu hospitalier, est mené par une infirmière en chef, Constance Bell, qui est aussi difforme que l'est Dismas. Elle a vingt-cinq ans, a un visage d'ange et... oui, on le voit venir, elle charme le jeune détective. Le narrateur voudrait que j'adhère à cette nouvelle proposition. Qu'elle soit difforme, elle aussi, pourquoi pas; que Dismas tombe sous son charme, passe encore; mais que, à vingt-cinq ans, elle occupe de si importantes fonctions dans un établissement qu'on présente comme étant très hermétique, et comme nécessitant des moyens financiers importants, là, j'ai un peu plus de difficulté à y croire. D'autant plus qu'elle joue la naïve, la "gentille" de service... en contraste avec le couple formé par sa supérieure et son "préposé". Là encore, rien d'original. J'en suis à la moitié du roman, quand Dismas retourne rencontrer le mystérieux propriétaire de cet établissement, un docteur Wisbeech (encore mystérieux, regard perçant, cheveux grisonnants, complet gris) qui veut comprendre ce que Dismas veut à sa patiente et qui semble surtout intéressé par sa difformité. Cet échange nous donne droit à des réflexions prévisibles de Dismas, comme si c'était la première fois qu'on le ramenait à ses formes hideuses.
J'avance encore un peu (c'est que je suis patient et plein d'indulgence).
Le ton du roman : un narrateur, Dismas lui-même, peu crédible en soi, se lance dans des réflexions, toujours les mêmes: ses visions sont-elles l'effet de ma consommation de drogue ? Ce n'est pas drôle d'être difforme. Et quoi encore. Il veut qu'on l'appelle Diss... Pfff... puéril comme désir. Bref, le personnage peu vraisemblable et peu crédible, Nick Dismas se définit comme un enquêteur privé (une nuance avec détective, qui a meilleure réputation). Mais il se plaint constamment de sa condition, en s'enlisant dans des réflexions redondantes. En explorant quelques commentaires d'internautes, je suis étonné de constater à quel point des lecteurs sont touchés par "l'originalité" et la "sensibilité" du personnage. Suis-je insensible à ce point pour ne pas être ému par ce Quasimodo moderne, mais plutôt agacé par les clichés sirupeux dont il tartine ses réflexions ?
J'arrête la lecture du roman à la page 235. Au milieu du roman, le narrateur décrit une scène sous la pluie où Constance Bell, sur le terrain même de la maison de repos, vient avertir le protagoniste de faire attention à ne pas provoquer le docteur... Vous avez deviné: elle a peur du docteur, mais ne veut pas le laisser paraitre. Ai-je le goût d'en savoir plus ? Non. Il y a de ces romans qu'il ne vaut pas la peine de poursuivre. Les Autres fait partie de cette catégorie.