Maria
de Pierre Pelot

critiqué par Hexagone, le 2 mars 2011
( - 53 ans)


La note:  étoiles
Va ma Maria.
Pierre Pelot on le sait est l'auteur de " L'été en pente douce", livre adapté au cinéma avec succès.
Résumer l'auteur à cet ouvrage serait sans doute réducteur. Cependant beaucoup de caractéristiques déjà présentes dans " L'été en pente douce" se retrouvent tout au long de ses autres ouvrages.
Comme une marque de fabrique, une couleur, une marque indélébile.
Ce " Maria" ne déroge pas à la règle.
Pour ceux qui ignorent à peu près tout de Pierre Pelot, sachez que notre homme n'a rien, mais alors rien à voir avec ce genre de prosateur germanopratin qui écrit toujours le même livre pour ne rien dire de vraiment important sinon de décrire la course de son orbite autour de lui même.
Pierre Pelot donne une image d'un barde mal léché sous les apparences d'un mauvais garçon protégé par ses tatouages.
Ca c'est pour l'image.
En ce qui concerne ses livres, on sent dans ses histoires la sensibilité affleurer à chaque chapitre, qui plus est dans Maria.

Maria, Jolie institutrice de campagne pendant la seconde guerre mondiale, va se retrouver au coeur d'un raz de marée sentimental et humain comme seuls savent les faire exister les moments chaotiques de l'Histoire.
Enlevée par des maquisards revanchards, violentée, violée, bafouée, Maria va malgré l'ignominie continuer son bonhomme de chemin, mener sa vie. Comme ça, sans rien révéler, essuyant l'opprobre, élevant le fruit de cette violence et vivre.
Nous la retrouverons bien des décennies plus tard, chroniqueuse historique sur une station radiophonique de province, dans les Vosges.
Un journaliste va venir à sa rencontre et nous découvrirons la vérité de Maria.
Pelot nous surprend à décrire en si peu de pages une histoire émouvante, profondément touchante qui révèle les tréfonds de l'âme humaine.
Maria est l'incarnation de la dignité, du devoir et de la lutte sans résignation, cela malgré les apparences.
Pas de manichéisme ici, des êtres que l'histoire fracasse, détruit, avilie et glorifie.
J'ai vraiment été ému par cette courte histoire qui mérite vraiment le détour et surtout le rebondissement final qui est à la mesure du talent de l'auteur.
Un bien beau livre, j'espère qu'il ne passera pas inaperçu dans le flot des sorties littéraires, souvent médiatiques et qui cachent paradoxalement de par leur petitesse la superbe forêt de chefs-d'oeuvre.
raconter des histoires et l'Histoire 10 étoiles

Ce roman débute comme un drame de l'Occupation avec cette femme rejetée et maltraitée pour être l'épouse d'un collaborateur qui a dénoncé 60 hommes du maquis voisin. Elle est elle-même soupçonnée, semble-t-il , de façon injustifiée.
50 ans après, un homme vient dans cette vallée rugueuse des Vosges et dans ces villages à flanc de montagne où tout le monde s'épie, se jauge, se juge et garde des secrets . il veut rencontrer cette femme, aujourd'hui pensionnaire d'une maison de retraite.
Voilà un roman qui parait plaisant mais pas original apparemment. Et pourtant...
L'auteur ne révèle pas tout, et son absence d'omniscience maintient un mystère , qui, s'il n'empêche pas d'éprouver une compassion pour le destin de cette vieille dame, permet de rester à distance et de suivre le récit presque comme une enquête. Et le drame de l'Occupation devient autre chose, la chronique d'une vallée et d'un village vosgien que l'art de la description de l'auteur rend vivants.
Les courts chapitres sont de temps en temps séparés de récits d'Histoire régionale que la vieille dame prépare et lit sur les ondes d'une radio locale associative. Ce contrepoint est astucieux car il démontre que les points de vue adoptés par les historiens changent la façon de percevoir les faits; et ceci s'applique à ce roman là aussi car le coup de théâtre final nous invite à tout relire et à revoir notre interprétation et notre perception des personnages à la lumière d'une nouvelle révélation et le roman devient ainsi l'étude d'un cas psychologique ainsi qu'un thriller policier.
Il livre ainsi une réflexion sur l'art de la narration qu'il manie avec maestria

Teacher1 - - 58 ans - 21 juillet 2012


Du concentré de Pelot ! 8 étoiles

Les Vosges. L'occupation. Une sale histoire. Une révélation finale. 135 pages. Et ça fait mal. Mal, mal...

Pierre Pelot est un conteur. On reste marqué.

Botchman - - 52 ans - 1 juillet 2012