La dormition des amants
de Jacqueline Harpman

critiqué par Zoom, le 19 avril 2002
(Bruxelles - 70 ans)


La note:  étoiles
Enfin vint la dernière page
Vous avez cru que je boudais ? Non pas : je lisais " la dormition des amants ". Peut-être le titre m’a-t-il influencée car après une moyenne de 4 pages quotidiennes, mes yeux se faisaient petits, petits...aussi m'a-t-il fallu un bon mois et demi pour le lire. Evidemment le printemps naissant a joué aussi, me détournant irrésistiblement d’une lecture peu captivante. Dormition : le Petit Larousse dit : " mort de la Vierge, qui ne fut qu’une sorte de court sommeil, la Vierge ayant été, d'après la tradition, enlevée miraculeusement du ciel " . Le Petit Robert dit : " le dernier sommeil de la Vierge Marie, au cours duquel eut lieu son assomption ". Zoom dit : " ensemble ils ont dormi, ensemble ils dormiront ". A vous de choisir. Tout d’abord je suis étonnée de ne pas trouver déjà une critique de ce livre, étant donné que je ne suis pas la seule à aimer l'oeuvre de La Jacqueline, qu'il est en vente dans la moindre librairie de quartier, et qu'elle est un de nos fleurons belges. J'aime cet écrivain, mais je n’aime pas ce roman ci. Histoire d'amour sur trame historique. Pour la valeur historique, je laisse la critique à d’autres, mon incompétence en ce domaine étant grande. Reste l'histoire d’amour où je ne vois que redites. Elle : excessivement belle, bonne, intelligente, courageuse, charmante, cultivée, sûre d’elle et volontaire :bref, trop, et peu émue par la maternité (cf Emilienne de " la plage d’Ostende ").
Lui : bon, beau, intelligent, pas macho pour un sou (il est eunuque ), il la protège, lui voue un amour de légende. Ils sont quasi frère et soeur et leur amour est secret (cf " le bonheur dans le crime ", " la mémoire trouble "). Il est question de passages secrets, d’appartements abandonnés au passé, de portes dérobées permettant aux amants de se retrouver (cf " le bonheur dans le crime "). Madame Harpman a donc remixé ses thèmes favoris sur fond de 17è siècle, de cours d'Espagne et de France, a saupoudré de subjonctifs une belle histoire d'amour entourée de bons et de méchants, et fait cuire à feu vif une héroïne idéaliste et moderne pour son temps, entêtée d’unir et pacifier une Europe assoiffée de sang. Il est peut-être normal qu’un écrivain cuisine amoureusement ses sujets de prédilection mais ce plat-ci sent le réchauffé. Dommage, car d'habitude un " nouveau Harpman " titille mon appétit. J’espère qu’un critiqueur commentera le contexte historique, qui donne peu envie de plonger dans le 17è siècle. Ce livre m'a paru très académique : il manquait le sel. Mais je ne doute pas que certaines subtilités m'aient échappé.
Tout à fait d'accord... 7 étoiles

... avec Jeparo. Ce livre ne m'a pas ennuyée... Mais Zoom a raison quand elle dit que l'on a un sentiment de déjà vu!

Cendrine - - 44 ans - 18 février 2005


moins ennuyeux que prévu et même plaisant 7 étoiles

Bon nombre de gens m'avaient dit que ce Harpman-ci était ennuyeux au point qu'ils en avaient interrompu la lecture, c'est donc dans un état d'esprit dubitatif que je l'ai abordé. Pourtant, chez moi, la "sauce a pris" et le plaisir évident qu'elle a eu en écrivant est venu se glisser en moi quasi dès le début.
Les arguments de Zoom sont cependant justifiés mais Harpman n'est pas, de loin, le premier auteur à jouer à produire une variation sur thèmes déjà abordés, or le décor complètement neuf chez elle signe bien une véritable variation et pas une énième resucée de ce qu'elle avait déjà fait.
On peut aborder la Dormition comme un exercice de style, comme si Jacqueline Harpman s'était prise au jeu du "et si..." la saga de Fortune de France passait d'un auteur à l'autre, qu'est-ce qu'elle deviendrait sous ma plume?
Travaillant toujours son style, raffinée dans sa pensée, ne censurant jamais son humour, Harpman n'a pas siesté en écrivant et ne m'a pas endormi, que du contraire. L'esprit de liberté court aux travers de ses pages (entre mille exemples, l'orientation qu'elle donne à la vie sexuelle après veuvage de l'héroïne...); je baisse mon chapeau aussi devant ce que son imagination lui a dicté quant aux pensées et ressentis d'un eunuque plongé dans cette extraordinaire situation!

Jeparo - Bruxelles - 60 ans - 3 juillet 2004