Léon Tolstoï : La grande âme de la Russie
de Michel Aucouturier

critiqué par Dirlandaise, le 18 mars 2011
(Québec - 69 ans)


La note:  étoiles
Un homme tourmenté
Michel Aucouturier est agrégé de russe, fut professeur à l’université de Genève et professeur émérite de littérature russe à l’université de Paris-Sorbonne. Je cherchais une courte biographie de l’écrivain Léon Tolstoï avant d’aborder son œuvre. Ce livre a comblé mes attentes et je me suis imprégnée de l’univers tolstoïen de fort belle façon grâce à un bel échantillon de photographies et de textes bien documentés allant à l’essentiel de la vie et de l’œuvre du grand romancier russe.

Le premier chapitre est évidemment consacré à l’enfance et à la jeunesse de Tolstoï et à ses premiers balbutiements d’écrivain en devenir. Nous suivons ensuite le grand homme dans l’armée du Caucase. Il écrit son premier récit « Enfance », quitte l’armée pour se consacrer à la littérature. Viennent ensuite le mariage avec Sophie Behrs et l’écriture de « Guerre et paix » suivie de « Anna Karénine » qui lui apportent une célébrité universelle. Cependant, une grave crise spirituelle bouleverse la vie de l’écrivain et l’empêche de compléter son œuvre romanesque. Il se lance dans des écrits critiquant les institutions sociales et en particulier l’Église qui l’excommunie en 1910. La fin de sa vie est représentative de ses convictions sociales et humanitaires car il se sent de plus en plus coupable de vivre dans le luxe alors que ses concitoyens crèvent de faim ce qui est tout à son honneur.

J’ai beaucoup appris sur la vie et la pensée de Tolstoï et j’ai été agréablement surprise de constater sa prise de conscience devant les inégalités sociales et la misère des paysans russes alors qu’il aurait parfaitement pu jouir de sa situation confortable et de sa renommée mondiale sans se préoccuper du sort des pauvres et des opprimés. Il ouvre d’ailleurs une école dans son domaine d’Iasnaïa Poliana ce qui démontre sa préoccupation de sortir de la misère les paysans de son village.

Les photos sont absolument remarquables. Tolstoï y apparaît en fort beau jeune homme, lui qui se trouvait laid ! Plus loin, on le voit poser fièrement en tenue militaire et sa beauté rayonne de noblesse et de fierté. Hélas, plus l’homme avance en âge, plus la laideur le rattrape mais ce ne sont là que futiles considérations car son esprit et sa pensée se développent pour nous livrer ces chefs-d’œuvre de la littérature que sont ses grands romans. Une photo est particulièrement intéressante, celle où l'écrivain pose en compagnie de ses trois frères et aussi celle où on le voit en compagnie de l’écrivain Anton Tchekhov qui le révérait comme un dieu. Certains clichés sont attendrissants comme celui où Tolstoï, devenu un vieillard, raconte une histoire assis sur un banc en compagnie de deux de ses petits-enfants qui l’écoutent avec ravissement, leurs visages exprimant un amusement qui fait plaisir à voir. Je tiens aussi à souligner les magnifiques photos de l’écrivain en page 60 et 78. Vous l’aurez compris, les textes sont fort beaux mais ce sont avant tout les photographies qui m’ont touchée. Elles sont remarquables et enrichissent le livre d’une incroyable façon.

En fin de volume, on retrouve une série de lettres de critiques littéraires et de personnalités célèbres dont entre autres Dostoïevski et Tchekhov, certaines adressées à l’écrivain et d’autres destinées à faire sa promotion en Europe occidentale. Un petit livre indispensable malgré son côté succinct.