Dans Wasurenagusa, c’est au tour de Kenji Takahashi, le mari de Mariko Kanazawa et le père adoptif de Yukio de nous conter son histoire, et donc de nous révéler une pièce de plus du puzzle qui constitue les secrets de cette famille.
Encore une fois, inutile d’en dire plus sur l’histoire, celle-ci est tout d’abord à lire et à découvrir, au fur et à mesure de la lecture des cinq volumes qui composent cette saga.
On peut par contre sans problèmes, parler une fois de plus de la très belle et très poétique écriture de Mme. Aki SHIMAZAKI, toujours toute en retenue, en subtilité, en silences. L’écriture se compose toujours de petites phrases courtes, contenues dans des chapitres tout aussi courts. Elle est toujours aussi aérée et dépouillée, je dirais même que ce phénomène est poussé à son paroxysme ici, et atteint même la description des lieux.
Il faut bien reconnaître que ne figure dans ce livre que ce qui doit y être, ni plus ni moins, et pourtant malgré tout cela, l’auteur canadien arrive toujours aussi bien à nous faire passer les sentiments de la société japonaise, comme p. ex. : la soumission, la place de la femme, la violence, le poids des origines, les non-dits et bien sûr les secrets !
Je dois avouer qu’il m’est vraiment très difficile de parler de cette écriture, tant son style est particulier. Disons qu’un extrait peut peut-être en expliquer autant que toutes mes phrases : « Nous nous assoyons sur un banc de bois et regardons la rivière.
Mariko reste silencieuse. Son regard flotte en l’air, distrait. Je ne sais pas à quoi elle pense, mais je sais qu’elle a beaucoup de souvenirs de sa vie avant moi dont elle ne veut parler à personne. Ses yeux sont légèrement mouillés. Je lui tiens les épaules doucement. Elle se serre contre moi. Je caresse son bras. Nos genoux sont collés. (…) Je sens la chaleur de sa peau se propager en moi.
Je ferme les yeux. »...
Ce volume est sans doute le volume qui m’a le plus impressionné tant par la description psychologique des personnages (notamment Kenji Takahashi), que par la maîtrise et la subtilité de son écriture, et celui que j’ai le plus aimé des quatre que j’ai lus.
En 2004 ce livre à été récompensé par le Prix littéraire Canada-Japon.
Septularisen - - - ans - 26 février 2015 |