Réussir sa mort
de Fabrice Hadjadj

critiqué par Yokyok, le 17 avril 2011
(Nîmes - 36 ans)


La note:  étoiles
Décevant
L’auteur écrit ce livre face au constat que, alors même qu’aucune vie n’échappe à la mort, notre société refuse de regarder celle-ci en face. Selon lui, il s’agit pour chacun de choisir entre le suicide – qui paradoxalement s’apparenterait au refus de la mort – et le martyre : accepter la mort sans avoir renoncé à ses valeurs.

Cet ouvrage qui se veut le contre-pied des guides pratiques offrant la réussite à moindres frais comporte des réflexions sur la vie, la mort, l’euthanasie, le suicide, l’avortement, etc., de la part d’un fervent catholique peu nuancé dans ses propos.

J’ai peu apprécié le ton de l’auteur, que j’ai souvent perçu comme condescendant voire hostile. M. Hadjadj a des convictions, grand bien lui fasse, mais est-ce une raison pour régler ses comptes avec ceux qui ne partagent pas ses idées, et écrire que tel livre de Le Clezio, niaiserie barbare, vaut davantage réduit en cendres que lorsqu’il était lisible, qu’il ne faut rien de moins que la grâce de Dieu pour parvenir à aimer Noël Mamère, et que Simone Veil mériterait d’être entartée avec des œufs de lump ?

Mais ce qui m’a le plus heurté, c’est son rapport à la science, d’autant plus que l’auteur est professeur de philosophie. Le darwinisme et le big bang vont à l’encontre de ses croyances ? Qu’à cela ne tienne, il rejette tout en bloc ! :

« Cela [le darwinisme contemporain] semble une explication rationnelle. C’est en vérité du mysticisme pur. »

« Des scientifiques prétendent qu’au commencement, il n’y avait rien, et que l’univers serait sorti de ce néant dans un gros boum ! Ils offensent le sens commun. »

Et Galilée, n’a-t-il pas offensé le sens commun en osant prétendre que la Terre tournait autour du soleil ? On n’est ici pas loin de l’obscurantisme.

Bref, un livre prometteur qui s’est avéré décevant, et part certains aspects consternant.