Le fruit défendu : Pour une éthique laïque
de Paul Kurtz

critiqué par Spiderman, le 27 avril 2011
( - 62 ans)


La note:  étoiles
Comment cultiver notre verger
Quand l'on songe à un monde sans Dieu, à une humanité sans religions, il est difficile de ne pas penser à ses modes de régulation, aux principes qui régiraient une planète ayant abandonné l'idée du Grand Horloger.
Bien peu de chefs d'Etats semblent oser tourner personnellement le dos aux cultes traditionnels. Les accointances manifestées avec ostentation entre MM. Sarkozy et Ratzinger, un récent débat français sur la laïcité destiné à cadrer une religion jugée prosélyte, les incessantes références aux positions du chef de l'Etat le plus minuscule de la planète (enclavé dans la capitale italienne), les menaces de divers barbus promettant un vert paradis à toutes sortes d'assassins suicidaires sont autant de signes d'une alliance persistante du pouvoir avec le goupillon ou le minaret.
Pourtant, depuis Socrate, des hommes ont brillamment montré que l'espèce humaine pouvait vivre en harmonie sans référence à une autorité dont l'invention crée plus de problèmes qu'elle n'en résout.
Le livre du philosophe américain Paul Kurtz, actualise au début du XXIe siècle le débat sur une éthique sans dieux. Dans une longue et minutieuse analyse, il passe en revue la totalité des aspects dans lesquels l'idée théiste a instillé, diffusé puis installé des réflexes intellectuels. Après les avoir analysés pour les démonter méthodiquement, il propose une réflexion sur les principes régissant une existence autonome, une vie tirant ses principes d'elle-même et ne visant qu'à une sérénité personnelle et sociale.
Loin de nous proposer un catéchisme laïc, Kurtz ouvre une infinité de débats, offrant à chacun, en fonction de son expérience, de sa sagesse et de son contexte, des pistes pour guider une réflexion libre mais raisonnée.
Osant aborder sereinement des sujets aussi variés que les discriminations en fonction du sexe, de la race ou de l'orientation sexuelle (brillants passages sur l'homosexualité), les différentes formes de procréation ou l'éducation des enfants, Kurtz actualise intelligemment Kant, Spinoza et Stuart Mill.
Pouvant intéresser les croyants curieux des modes de pensée des athées, sachant donner à tous des pistes de réflexion sur la portée de nos pensées et de nos actes, cet essai philosophique à la lecture facile et captivante est un privilège de lecteur libre. On ose à peine imaginer la taille de la liste des pays où un tel ouvrage serait interdit, censuré, jeté dans l'autodafé des religions impossibles à contester.
Le fruit défendu qu'il nous invite à cultiver est celui du jardin de la connaissance, celle de nos limites et de nos immenses possibilités, celle qui donne sa pleine saveur au fruit le plus précieux, celui de l'arbre de la vie.
bon bouquin 9 étoiles

J'ai apprécié ce livre de lecture très facile, qui permet une réflexion sur des sujets qui nous concernent tous.

Je pense que l'avenir de l'humanité réside dans l'abandon des religions et l'acquisition par les hommes de cette éthique laïque, beaucoup plus juste, humaine et vivable pour tous que les religions.

Je ne suis pas complètement d'accord avec tout ce qu'écrit Paul Kurtz (notamment le fait de favoriser sa famille, son clan... il faudrait aussi dépasser ça selon moi) néanmoins sa vision des choses est assez proche de la mienne et je pense que si chacun d'entre nous se posait les questions que Paul Kurtz se pose, nous aurions beaucoup moins de problèmes pour vivre ensemble...

Emmarmelade - - 47 ans - 15 novembre 2014