Ne riez pas de mon histoire d'amour
de Naokōra Yamazaki

critiqué par Catinus, le 28 avril 2011
(Liège - 73 ans)


La note:  étoiles
Une fraîcheur

Yuri, 39 ans, est la professeur de dessin de Isogai, 19 ans. Elle lui propose de faire son portrait. Ainsi va naître ce que l’on peut appeler un peu plus qu’une amitié.
L’auteur de ce court roman est une femme et le narrateur est un homme.
Cette histoire est excessivement fraîche, aussi délicieuse, aussi surprenante qu’un sushi-set dans un bon restaurant japonais inconnu.

Extraits :

- Les filles ne seront jamais votre soutien. Elles changent d’humeur sans cesse. Elles disent des choses qu’elles ne pensent pas. Et après ça, elles veulent être « comprises ».

- Dès que j’entendais « Moi, je «, ça me tapait sur les nerfs. Je me demandais bien comment on pouvait passer tout son temps à s’interroger sur ce qu’il y a en soi et sur ce qu’on a envie de faire.

- Ses épaules rondes. Si j’allais de l’épaule droite à l’épaule gauche pour mesurer l’écart en feignant de marcher avec deux doigts, je n’avais que deux pas à faire.
passion simple 10 étoiles

Vous qui avez aimé Annie Ernaux ("Passion simple") ou Marguerite Duras ("L’amant"), vous retrouverez dans ce court roman le plaisir de voir décrits avec des mots simples, de tous les jours, le développement d’une passion amoureuse issue d’une rencontre improbable. Juste une histoire, racontée sans pudeur mais sans les superlatifs (trop) souvent associés à la description de l’acte sexuel. Une histoire dont on sait qu’elle aura une fin mais aussi que l’important est l’instant. Cette jeune auteure japonaise, dont il s’agit du premier roman, a su également insuffler de la poésie à son récit, une poésie minimaliste faite d’attention à de multiples petits détails, apparemment extérieurs à l’histoire mais l’ouvrant sur une autre dimension. Un petit bijou, dans un bien bel écrin…

Jfp - La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans - 8 octobre 2019