Le Feu de Dieu
de Pierre Bordage

critiqué par Thibaut, le 6 mai 2011
( - 52 ans)


La note:  étoiles
Personne ne vous entend crier dans l'hiver nucléaire
Sorti il y a quelques temps, je m'étais précipité dessus, en effet pour moi un nouveau Bordage veut dire un nouveau roman prenant, émouvant, une nouvelle surprise en somme...

L'histoire de celui-ci nous compte des aventures post-apocalyptiques.
Il est arrivé sur la terre un grand cataclysme, nucléaire ou autre on ne sait pas, toujours est-il que la terre s'est en quelque sorte vengée des mauvais traitements qui lui étaient infligés.

Un homme un peu visionnaire, un peu solitaire et un peu fou (Franx, comprenez François-Xavier) se trouve à Paris lors du grand cataclysme et doit rejoindre sa femme est ses enfants dans le Périgord. Car étant un grand visionnaire, il a eu la présence d'esprit de construire un refuge pour une communauté dont font partie sa femme, son fils et sa fille.

Nous voila alors embarqués dans cette histoire bon gré mal gré, presque par accident même. On est presque sur le même terrain (la même route j'oserai dire) que le roman "La Route". Presque je disais, puisqu'il il nous manque ici un petit je ne sais quoi de folie.
L'histoire est assez prenante, le récit fluide et le style de l'auteur très efficace: il sait manier le suspense de façon diabolique cet homme là !

Le livre emprunte beaucoup de poncifs de ce genre de roman:

- nous avons la rencontre au hasard des pérégrinations avec une fillette "différente", mystérieuse, douée de pouvoirs extraordinairement extraordinaires et bien entendu en phase avec la nature,
- le héros solitaire, confondant de jusqu'au-boutisme, à la fois plus fort que Rocky et plus débrouillard que Rambo,
- la femme plutôt timorée au début qui devient forte devant l'adversité, qui devient presque une machine à tuer pour sauver sa couvée,
- les enfants jeunes mais qui savent se débrouiller comme des grands et qui se comportent en adultes responsables,
- une palette assez impressionnante de méchants et bonshommes, d'incorrigibles sales types, de jeunes et vieux traitres et d'horribles sales gueules.

Il y a certains passages dont je n'ai pas compris l'utilité, comme celui de la champignonnière mais je ne devais pas être dans le "mood" dirons nous... Pourquoi aussi l'héroïne ne se débarrasse pas plus tôt du "Grax".

Enfin même en mettant ses interrogations de côté j'ai trouvé que l'auteur semblait perdre de sa superbe et de son mordant, de sa folie en quelque sorte. Il ne distille plus cette violence insidieuse qui était présente dans ses autres romans.

On peut quand même remercier monsieur Bordage de faire de grands personnages féminins, d'une grande force et d'une belle consistance. Car à mon sens c'est toujours la femme qui est au centre de ses œuvres.

Le feu de Dieu est donc un roman de Pierre Bordage assez consensuel et prévisible qui s'inspire des références du genre ("La Route" par exemple), sans jamais les égaler ; peut-être alors à réserver aux fans de l'écrivain.
Bordage est un super conteur ! 8 étoiles

Dans ce roman décrivant une fin du monde du type de celle narrée par Barjavel dans "Ravage", mais arrivant à notre époque, Bordage déploie, une fois de plus ses excellents talents de conteur. Le lecteur est captivé et veut savoir la suite. Il y a également de bonnes (mais courtes) séquences sur l'analyse de la nature humaine qui se dévoile dans ces conditions extrêmes. Par contre cet excellent thriller possède deux inconvénients (légers) : celui d'être un peu répétitif dans la structure (le principe de mener deux histoires en parallèle - un huis-clos et un road-movie - est intéressant, mais était-il inévitable d'alterner exactement 1 chapitre sur deux pour chacune des 2 histoires ?) et celui d'avoir une fin un peu trop "convenue" et précipitée.
Un très bon moment de lecture cependant !

JEANLEBLEU - Orange - 56 ans - 8 mars 2013


juste un page turner 4 étoiles

C'était mon premier et dernier Bordage.
Je ne peux donc pas comparer ce livre aux autres de cet auteur.

Ce que je peux dire c'est que c'est un impeccable "page turner". Voilà un homme qui avait prévu, seul contre tous, le cataclysme. Qui avait réussi à convaincre une communauté de préparer ce moment : Choisir une propriété (l'Auvergne ou les Cévennes, je ne sais plus), la protéger et y installer des réserves pour plusieurs années d'isolement.
Au fil des années, les uns et les autres, à force d'attendre, ont abandonné la famille de Franx. Seul reste un homme qui n'a pas d'attache avec le monde extérieur, Franx, sa femme, sa fille et son fils.
Malheureusement Franx se fait surprendre à Paris quand la catastrophe arrive.
Pour rendre le "page turner" plus efficace, nous suivons à travers des chapitres alternés, le retour de Franx et l'évolution de la situation de la propriété. D'un côté Franx doit faire face aux hommes et aux animaux rendus de plus en plus agressifs par le manque de nourriture. De l'autre la famille de Franx qui doit faire face aux ennemis affamés venant de l'extérieur et à l'ennemi venant de l'intérieur.

Je reprocherais pour ma part deux choses à ce roman. La première concerne une construction simpliste. Les évènements se succèdent mais en fait se répètent. D'un côté Franx est confronté à des adversaires, de l'autre on attend à chaque chapitre le moment où l'exaspération de la famille de Franx entraînera l'élimination du Grax. Et puis à un moment l'auteur considère que le roman a assez duré, il fait se rejoindre les deux histoires et en quelques pages le livre est bouclé.
La seconde, concerne la petite fille qui accompagne Franx. L'auteur avait un problème, comment faire survivre Franx, seul dans un environnement de plus en plus hostile. La solution lui faire rencontrer un être pourvu de pouvoir surnaturel. Un sacré coup de chance, le seul type qui avait prévu le cataclysme rencontre la seule personne ayant des pouvoirs!
On lit ce roman d'une traite, mais on ne se fera pas avoir deux fois.

Yeaker - Blace (69) - 51 ans - 14 mai 2011