Voyage aux îles de la désolation
de Emmanuel Lepage

critiqué par Byobinou, le 9 mai 2011
(Rumilly (74) - 55 ans)


La note:  étoiles
Amis de la littérature et de la poésie : OSEZ !
Osez cette "bande-dessinée" !

Un récit sublime, celui de l'auteur, qui part sur le Marion Dufresne, peu "glorieux" mais (selon l'auteur) magnifique navire océanographique français, et décrit son périple accompagné de ses deux compagnons, en destination des T.A.A.F... Les Terres Australes Antarticques Françaises : Crozet, Amsterdam, Saint-Paul et Kerguelen...

Des dessins à couper le souffle, qui s'imbriquent et s'enchainent du croquis jusqu'à à l'encre de chine soignée, en passant par l'aquarelle, et bien d'autres techniques que je ne maitrise bien évidemment pas... du noir et blanc, souvent, mais parfois au détour d'une page, un éclat ou une pleine page de couleurs : toujours sépias, qu'elles soient sombres ou douces, et jamais agressives. Un véritable bonheur.

A lire comme un roman, bien sûr, car la richesse des dessins, la finesse du texte et la justesse de l'analyse des gens et des situations ne permettent pas de survoler cet ouvrage trop rapidement.

Un must que j'adore, un objet à acheter plutôt qu'à prendre en bibliothèque, sincèrement (merci à l'émission "la tête au carré" sur France Inter de m'avoir permis de découvrir cette oeuvre magnifique)




NB : Je ne connais pas M. Lepage, ni ne travaille pour son éditeur :-D
Voyage aux îles de la désolation 9 étoiles

Cela fait longtemps que cet album se trouve dans ma bibliothèque, acheté après la lecture du sublime "Un printemps à Tchernobyl" que je vous recommande vivement.

Emmanuel Lepage est contacté par son frère François (photographe) pour lui signaler qu'une place se libère sur le navire de ravitaillement "Marion Daufresne" en partance pour une rotation australe. Il a une heure pour décider s'il veut en être ou non. Trente minutes plus tard, le voilà se préparant à se rendre dans ces territoires du bout du monde auxquels il rêvait plus jeune ; Tromelin, Crozet, Kerguelen, Amsterdam, St Paul, les îles de la Désolation. En route pour un voyage en Antarctique française avec le personnel de la TAAF (Terres australes et Antarctiques Françaises), des scientifiques, pour une mission de ravitaillement qui durera un mois dans des conditions difficiles.

C'est un voyage magnifique qu'il nous propose dans cet album de 160 pages en crayonné noir et blanc mais aussi de magnifiques portraits des différents protagonistes de la mission, une mise en avant de métiers difficiles, des conditions du voyage.

Des planches plus historiques dans les tons marrons nous racontant par exemple l'histoire des esclaves abandonnés sur l'île de Tromelin suite à un naufrage de négrier, celle de la conserverie de langoustes aux îles St Paul au 19ème, l'histoire de l'explorateur Yves Joseph de Kerguelen parti à la conquête du continent austral.

En couleur, les magnifiques vues des îles, de la mer avec des détails sur la faune des îles, les falaises, le large, les éléments. Il met en valeur le travail et les missions difficiles des scientifiques, marins, dockers.

Un roman graphique rempli de références littéraires, Herman Melville, Tintin, Jules Verne ...mais aussi il nous sensibilise aux influences des actes des hommes : introduction de lapins, chats, pucerons... et du réchauffement climatique.

Un travail magnifique, des dessins à vous couper le souffle.

Ma note : 8.5/10


Les jolies phrases

Ce qui est étrange avec le voyage, c'est qu'on ne comprend qu'après - et encore pas toujours - ce qu'on est allé chercher.

Le dessin inspire la bienveillance. C'est un sésame incroyable qui déverrouille les hiérarchies, les classes et les âges. Dessiner c'est ma façon d'être au monde.

La vie semble plus pleine quand on est riche de toutes ces rencontres.

Nathavh - - 60 ans - 15 mars 2020


Fait voyager 8 étoiles

« Je devine plus ces paysages que je ne les découvre. Ma vision est éminemment partielle. C’est celle de lui qui ne fait que passer. Ces îles ne se donnent qu’avec du temps. »

L’auteur / illustrateur nous raconte son voyage en mers pour les îles australes française dans le sud de l’océan Indien, loin de tout. Il nous parle de ses rencontres avec les personnes à bord du navire Marion Dufresne et des gens qu’il rencontre en cours de route.

L’intérêt biographique pour moi ajoute de la profondeur à l’ouvrage, ça nous fait voyager. Ce n’est pas une bande dessinée qui m’a marqué au fer rouge, mais j’ai bien aimé et je remercie l’auteur de nous avoir fait partager son aventure.

Nance - - - ans - 19 septembre 2014


Malheureusement l'ennui a prédominé ... 2 étoiles

J'aurais voulu m'associer à ce concert de louanges, j'aurais voulu aimer ce compte rendu du voyage dans des terres lointaines ... Mais en toute sincérité, je m'y suis profondément ennuyé. Les dessins sont de qualité, ce qui est dépeint semble très fidèle à la réalité, l'on suit avec une précision désarmante les actions de tous ces individus, mais je suis resté à l'extérieur de ce carnet de voyage. J'ai eu le sentiment que l'artiste voulait immortaliser son périple, les personnes qu'il a côtoyées en forme de reconnaissance pour l'avoir accepté dans cette aventure ... mais quelle place est faite au lecteur ?

J'avais beaucoup aimé les carnets de voyage sur le Japon de Florent Chavouet qui sont emplis d'humour et où l'on sentait ce plaisir de partager ses expériences, une générosité qui est agréable quand on lit ce type de texte. Ici, j'ai lu un reportage et malheureusement je ne suis pas parvenu à être transporté par ce qui était raconté.

Je ne remets pas en cause le talent de l'auteur mais je n'ai pas été touché par cette production ...

Pucksimberg - Toulon - 45 ans - 30 août 2014


Récit de voyage 7 étoiles

Une magnifique bédé que l’on lit plus pour ses images que pour son histoire. J’ai beaucoup aimé le dessin très doux. C’est une des rares bédés qui parvient à rendre toute l’envergure des paysages. L’utilisation de la couleur à des moments précis est intelligente car elle permet d’intensifier certaines scènes. Il y’a aussi des références historiques et des retours arrières pour mettre en contexte. Bref, un travail colossal.

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 55 ans - 27 juillet 2014


Quand la désolation devient richesse 8 étoiles

Je suis reconnaissant à Emmanuel Lepage d’avoir publié cet ouvrage sur une région du monde dont je ne me souviens pas avoir vu aucun reportage. En effet, ces confettis d’empire rocailleux quasiment inhabitables, perdus aux confins de l’Océan indien, intéressent peu… Et pourtant… L’auteur nous ouvre généreusement la route vers un monde méconnu, indomptable et mystérieux, dont les secrets ne se révèlent que dans un silence millénaire où l’homme ne semble pas avoir sa place. Seuls ceux qui savent rester humbles devant cette immensité auront peut-être une chance d’avoir accès à ces secrets gardés par les géants couchés de Kerguelen… Kerguelen et son arche incroyable, ou ce qu’il en reste, immense porte vers le merveilleux… Lepage, lui, a su rester modeste devant la force des éléments qui l’ont forcé à dessiner dans l’urgence, et les planches en sont peut-être encore plus belles dans leur fragilité. D’un point de vue graphique, c’est une réussite. En noir et blanc ou en couleur, les aquarelles sont splendides, c’est de l’art dans le vrai sens du terme, qui fait que l’artiste devient chamane et sait s’effacer devant son œuvre. Mais devant cette nature à la fois omniprésente et menaçante, au milieu de ces solitudes arides et glaciales, les minuscules humains deviennent un réconfort, et l’on se rend compte que le mot fraternité prend ici tout son sens. L’auteur a su ainsi rendre hommage à ces hommes et femmes, membres d’équipage, marins, scientifiques ou cuisiniers, dont les conditions de vie peuvent s’avérer rudes, avec des portraits plein d’empathie et de respect.

Il ne faut pas être pressé pour lire ce carnet de voyage. C’est une expérience étrange et fascinante, hors du temps, parfois émouvante, par exemple lors de l’apparition d’une aurore australe magnifiquement représentée par l’artiste. Emmanuel Lepage est parvenu à nous immerger dans ce monde aux frontières de la civilisation, nous offrant un petit bol d’air loin du tumulte des humains, là où les heures et les jours s’égrènent beaucoup plus lentement, où la contemplation est de mise. Ce sont ainsi nos lectures d’enfance qui reviennent en surface, Hergé avec Tintin évidemment, mais aussi Jules Verne, Stevenson, Frison-Roche ou encore Maurice Herzog, ces derniers aventuriers de l’ère moderne (j’entends par là non équipés de GPS).

Blue Boy - Saint-Denis - - ans - 21 juillet 2014


Une rareté! 10 étoiles

Car il y a bien peu de choses à se mettre sous l'oeil, en ce qui conserne ces mystérieuses TAAF qui sont pourtant nôtres, et qui ont la chance d'être un sanctuaire écologiquement à l'abri... ou peu s'en faut!

L'auteur a réussi à nous captiver. Nous sommes avec lui d'un bout à l'autre de ce voyage que la République offre à peu d'élus.

Et c'est tout simplement un reportage fascinant! Fine observation d'un témoin sur cette partie du monde et regard chaleureux sur ceux qui s'y consacrent, le tout rendu avec esprit à travers des dessins d'une beauté à la mesure de ces îles grandioses.

Tmichel - - - ans - 12 février 2014


Roman-BD 9 étoiles

Nous montons à bord du Marion Dufresne pour un extraordinaire voyage.
Les croquis sont magnifiques et nous donnent l'impression de faire partie du voyage avec un superbe album dans les mains.
Une merveilleuse lecture!

Koudoux - SART - 60 ans - 3 janvier 2014


embarquez à bord du "Marion Dufresne" 9 étoiles

Acheté dès le jour de sa sortie, je me devais de prendre mon temps pour lire cette bande dessinée. D'ailleurs est-ce encore une bande-dessinée ou alors un carnet de croquis, ou un carnet de voyage? Ma foi, les trois à la fois. Et puis de toutes façons, un "Lepage" ne se refuse guère. Plus proche du très réussi "Voyages d'Anna" édité il y a quelques années chez Daniel Maghen que de ses albums précédents, Emmanuel Lepage nous livre là un formidable témoignage sur ces terres froides, témoignage qui nous donne presque envie d'y aller... c'est dire. Il faut prendre son temps pour savourer ces 150 pages, où alternent croquis, dessins en noir et blanc, dessins en couleurs et surtout de superbes planches, surtout les doubles pages inoubliables (ah! admirez l'aurore australe sous les pinceaux d'Emmanuel Lepage !) Cette immersion dans cette communauté atypique (chercheurs, touristes, personnels administratifs et militaires) peut laisser de marbre certains lecteurs mais les amateurs de récits de voyages peuvent retrouver les émotions qui se dégagent d'un livre comme "l'usage du monde" (Nicolas Bouvier ) par exemple. Une bd magnifique à la fois instructive (je ne connaissais des terres australes que les célèbres Iles Kerguelen ), richement illustrée et fort bien documentée. Alors embarquez à bord du "Marion Dufresne" pour un voyage inoubliable. Ce récit est,à mes yeux, une voire la bd incontournable de ce semestre. Un régal.

Hervé28 - Chartres - 55 ans - 4 septembre 2011