Trois jours à tuer
de Louis Lanher

critiqué par Sahkti, le 13 mai 2011
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Vous aimez Lynch ?
Dans une petite dédicace personnelle, Louis Lahner a ces mots : "écrit dans l'angle mort de David Lynch". Intéressant et prometteur !
Et le bouquin refermé, je dois dire que l'auteur n'a menti en rien, tout est là, c'est remarquable et j'ai passé un très agréable moment dans le sillage de l'Ultimate Race, course automobile reliant Paris à Marrakech. Nous nous trouvons en présence de Kurk, un Inuit devenu veuf qui se perd dans le pilotage au point de devenir un dieu du volant. Il y a aussi Rob, texan qui a perdu sa famille le 11 septembre ou encore David, alerteur-météo dont la carrière s'est brisée avec le tsunami de 2004.
Il y a surtout Maximillion Cooper, génie de la Bugatti, homme acerbe et exigeant qui ne peut supporter l'idée d'être battu par quiconque. Sa fiancée Zoé, auparavant liée, dans ses jeunes années, à Grégory, ami-ennemi d'enfance de Cooper.
Il y a tous ces gens, il y a une course, des paysages qui défilent à 200 à l'heure, comme les souvenirs qui se promènent dans la tête des uns et des autres, comme la vitesse de déplacement de ces fantômes qui empoisonnent l'existence de Cooper.

Mais il n'y a pas que la course, il y a ces destinées déchirées que l'auteur évoque à travers un subtil va-et-vient entre passé et présent, entre narrations en apparence mélangées.
Et puis, il y a l'ombre, le brouillard, les pistes qui s'embrouillent, la confusion... il y a tous ces ingrédients avec lesquels Lynch jongle brillamment et que Louis Lanher manie lui aussi avec brio. Le début du roman ressemble à un récit "ordinaire", certes fort mais partant d'un point A pour arriver à un point Z. Puis arrivent des scènes surréalistes, des gestes exagérés, les errances psychiatriques de chacun, des faits invraisemblables que le lecteur juge assez vite très proches, au point de faire de ce qui est hors-norme la référence du récit. S'ensuivent de nouvelles balades, des bouts de compréhension, une intrigue qu'on pense - à tort ! - posséder et là, à l'image de Mulholland Drive (pas pour rien que la B.O. du film passe dans une voiture du bouquin...), patatras ! Il faut tout revoir, tout repenser sous un autre angle, de nouveaux éléments s'emboîtent, d'autres disparaissent, on ne comprend rien et on comprend tout... c'est tout bonnement génial ! Et c'est à lire absolument.