Sous l'arbre à palabres, mon grand-père disait...
de Boucar Diouf

critiqué par Dirlandaise, le 13 mai 2011
(Québec - 69 ans)


La note:  étoiles
Un choc thermique et culturel
J’éprouve une tendresse toute particulière pour Boucar Diouf. Non seulement il est mignon tout plein mais il est un parfait exemple d’une intégration réussie à la société québécoise. Originaire du Sénégal, Boucar fait partie de la tribu des Sérères, des éleveurs de zébus et cultivateurs d’arachides. Son père et sa mère sont illettrés et il est le sixième d’une famille de neuf enfants. Tous les enfants Diouf ont réussi à faire des études supérieures ce qui est remarquable compte tenu des conditions dans lesquelles ils ont grandi. Fait étonnant, le père de Boucar a quatre femmes ce qui est courant là-bas. Mon humoriste préféré a donc grandi dans un petit village de la brousse et il nous raconte son enfance à travers une série d’anecdotes très amusantes parsemées de proverbes africains parfois hilarants. Le grand-père est un philosophe et il a appris aux enfants Diouf à affronter la vie avec humour et une bonne dose de courage. Peut-être est-ce lui qui a transmis à son petit-fils sa bonne humeur et sa joie de vivre si rafraîchissante ?

Donc, le gentil Sénégalais grandit dans des conditions parfois difficiles à concevoir pour nous, privilégiés habitant un pays riche. Le rat était souvent au menu et l’absence de confort était la norme. Mais Boucar en parle avec beaucoup de sérénité et sans amertume ni regrets. Il transforme ce qui aurait pu être du pathétique en du rocambolesque irrésistiblement drôle. Il n’est pas devenu humoriste pour rien. Le chapitre sur son arrivée au Québec et le choc thermique et culturel qu’il devra affronter est un vrai régal à lire. Il raconte comment il était bien mal préparé aux conditions climatiques de notre Québec où une température de moins quarante degrés Fahrenheit n’est pas rare.

Charmant livre sans prétention très agréable et surtout fort amusant. Les illustrations sont par contre hideuses et n’ajoutent rien au texte. À la toute fin, on retrouve un index de tous les proverbes de la famille Boucar et de ses connaissances proches.

« Mon aïeul maniait les mots avec virtuosité et se montrait très sensible au sort d’autrui. Au cours de la dernière famine qui frappa mon village, mon grand-père avait toujours la phrase qu’il fallait pour nous remonter le moral. Il nous disait : «Les enfants, c’est vrai que l’égalité entre tous les humains de la Terre est un beau rêve, mais malheureusement ce n’est pas à toute oreille percée que l’on accroche des anneaux d’or. La preuve, la mer est bien pleine et, pourtant, il continue de pleuvoir dedans. Alors, si un jour, vous êtes privilégiés dans la vie, sachez que vous le serez d’avantage en étant généreux avec les moins nantis. En plus, ajoutait grand-père, vous ne risquez que d’être comparables au soleil, qui n’a jamais cessé de briller au-dessus d’un village parce qu’il est petit. » »