Ils étaient dix, Tome 1 : Octobre 1812 de Éric Stalner

Ils étaient dix, Tome 1 : Octobre 1812 de Éric Stalner

Catégorie(s) : Bande dessinée => Légende, contes et histoire

Critiqué par Dirlandaise, le 16 mai 2011 (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans)
La note : 7 étoiles
Visites : 4 244 

Une certaine froideur...

Nous sommes en octobre 1812 à Moscou. Les troupes napoléoniennes sont parties laissant la ville dans un état de désolation pénible à voir et totalement livrée au pillage et à la corruption. Quelques français n’ont pu suivre l’armée dont le médecin Jean-Baptiste Grassien qui s’occupe d’un malade en la personne du capitaine Philippe de Marcy. Il est assisté dans sa tache par un jeune homme appelé Aymond. Mais le temps presse, il faut partir afin d’avoir une chance de rejoindre l’armée française avant qu’elle ne prenne trop d’avance. Le médecin décide d’emmener avec lui son blessé mais il doit laisser sur place un autre blessé, le commandant Coligneau, trop mal en point pour supporter le voyage. Les trois hommes sont bientôt rejoints par d’autres officiers et soldats et c’est donc une petite troupe de dix personnes qui prend la route dans le froid, la misère et une faim lancinante.

Voilà pour l’histoire. Éric Stelner est un bédéiste français dont la production est impressionnante. Il a scénarisé et dessiné cette nouvelle série alors que Delf s’est chargé des couleurs. Le récit est intéressant mais il ne m’a pas passionnée outre mesure. C’est finalement assez classique comme facture tant pour le scénario que pour les dessins. Les personnages sont crédibles mais ils disparaissent assez vite sans qu’on ait vraiment le temps de bien les connaître ce que je trouve fort dommage. J’aurais préféré un groupe plus restreint et mieux approfondi. Les dessins sont beaux sans plus. Les scènes d’hiver dans la forêt russe sont réussies sans être éblouissantes. Les couleurs sont sobres, en demi-teintes. Le coloriste a bien rendu l’atmosphère sombre et inquiétante d’une forêt plongée dans l’obscurité de la nuit et la clarté blafarde d’un jour d’hiver nuageux. On retrouve de belles teintes de bleu acier, de gris et de blanc. J’ai toujours aimé les scènes hivernales dans les bandes dessinées et celle-ci en regorge avec de la neige qui tombe, c’est un must. L’intensité dramatique est accentuée par les cadrages en plongée qui reviennent régulièrement de même que les gros plans de visages aux yeux agrandis par la peur. Quelques scènes dégagent une atmosphère particulièrement lugubre entre autres celle de la page vingt-six où on voit un chariot immobilisé dans la neige et dont le conducteur et les chevaux ne sont plus que des cadavres gelés survolés par une nuée de corbeaux.

C’est du beau travail mais jamais je n’ai éprouvé de sympathie pour les personnages et leur destin tragique. Ils m’ont laissée complètement indifférente. Je ne me suis pas ennuyée par contre, il demeure que c’est une lecture divertissante mais sans plus. Il manque une certaine profondeur, une dose humanité et un certain charisme qui fait qu’on s’attache aux différents intervenants ce qui aurait rehaussé d’un cran l’intérêt du lecteur et son implication émotive. Un travail soigné mais empreint d’une certaine froideur pour ne pas dire d’une froideur certaine.

Seuls les trois premiers tomes sont disponibles. Je ne sais pas combien de tomes comportera la série ni si elle se bonifiera ou au contraire plongera dans l’insignifiance et la mièvrerie la plus totale. À suivre…

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Les éditions

  • Octobre 1812 [Texte imprimé] scénario & dessin, Éric Stalner couleur, Delf
    de Stalner, Éric
    12 bis
    ISBN : 9782356480385 ; 13,90 € ; 26/02/2009 ; 56 p. ; Cartonné
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