Putains de pauvres !
de Maurice Gouiran

critiqué par Carmen, le 17 mai 2011
( - 78 ans)


La note:  étoiles
Le virus H1N1 chez les clochards marseillais
Clovis a bien du mal à reconnaître en Laura la SDF, la jolie étudiante qui l'accompagnait à la plage trente ans plus tôt et avec laquelle il avait partagé "un amour d'été brûlé par le soleil de juillet". Laura est inquiète : une mystérieuse épidémie décime les clochards des quartiers Nord de Marseille et des agressions meurtrières contre ces démunis se répètent chaque jour dans la ville. De plus, de jeunes garçons sont enlevés, torturés et assassinés.
Avec l'aide de ses amis, un journaliste et un flic, d'une séduisante infirmière et d'un médecin, Clovis découvre que le virus de cette grippe meurtrière est le H1N1, celui-là même à l'origine de la grippe espagnole de 1918 qui tua entre 21 et 50 millions de morts, selon les sources. On notera que deux ans après l'écriture de ce roman le H1N1 est à l'origine d'une pandémie mondiale, il fait régulièrement la une de nos médias chaque fois qu'un décès est enregistré ou qu'une école est fermée, même si les trois mille morts recensés à ce jour ne sont en rien comparables au nombre de victimes de 1918.
Pour rassurer la population affolée et pour conserver (ou gagner) des électeurs, les hommes politiques multiplient les discours en proposant des solutions radicales. La lutte contre la pauvreté se transforme en lutte contre les pauvres. Clovis met à jour les magouilles des entrepreneurs sans scrupules et des politicards corrompus. Il n'hésite pas à quitter provisoirement ses chères collines et son troupeau de chèvres pour aller jusqu'à Lisbonne trouver quelques indices et faire progresser son enquête.
En mêlant l'Histoire et la fiction, sans se départir de son humour, Maurice Gouiran nous tient en haleine tout au long de ce roman épicé par l'accent de Marseille et par ses expressions propres aux autochtones. Je me demande parfois si les "Nordistes" peuvent se plonger dans ses romans sans avoir recours au Dictionnaire du Parler marseillais...