Les damnés du Vieux Port
de Maurice Gouiran

critiqué par Carmen, le 17 mai 2011
( - 78 ans)


La note:  étoiles
Le testament d'un oncle d'Espagne
Zize, une poissonnière à la retraite vient requérir les services de Clovis : elle a reçu une lettre d'un notaire espagnol l'informant d'un héritage inattendu. Son oncle Rodolphe, fusillé en mai 1945 ? – ce que confirme bien l'inscription sur la tombe du tonton au cimetière St Pierre- vient de mourir à Madrid. Pour encourager un Clovis réticent, elle lui promet de régler la facture du maçon, la bergerie aura un toit tout neuf!
Maurice Gouiran nous entraîne alors dans deux récits : l'enquête de Clovis, depuis ses collines du Rove jusqu'à Madrid, en passant par le Beau Bar de l'Estaque (où les bateaux des parvenus qui partent en fumée alimentent bien des conversations), et un morceau de l'Histoire, celle de Marseille sous la guerre, de Pétain, de la vie quotidienne dans la zone dite "libre", de l'engagement de ces soldats français dans les rangs des SS, la division Charlemagne, de la vie et surtout de la mort dans les camps, des atrocités commises par les nazis. Il évoque également la guerre d'Espagne, Franco et le fascisme toujours vivant aujourd'hui, il suffit pour s'en convaincre de voir les Espagnols venir en nombre fleurir la tombe du Caudillo plus de trente ans après sa mort. Il nous raconte aussi la fascination de Hitler pour l'une des Saintes Reliques, la Lance de Longinus, réputée pour ses pouvoirs magiques et dont certains pensaient qu'elle avait pu l'aider à accéder au pouvoir.
Avec "Les damnés du Vieux Port", la réalité et l'imaginaire se mêlent étroitement pour mieux nous captiver. J'ai eu très souvent l'impression d'avoir entre les mains un livre d'Histoire plus qu'un roman. Mais l'humour, toujours présent, la poésie des paysages enneigés de ce mois de décembre, le folklore, le vocabulaire et l'accent "bien de chez nous", adoucissent un peu la noirceur des évènements de cette sombre période. A lire pour le plaisir et aussi pour se souvenir