Journal d'un vieux fou
de Junichirô Tanizaki

critiqué par Vigno, le 20 mai 2002
( - - ans)


La note:  étoiles
Vieillard amoureux
Il est étonnant de constater comme le thème du vieillard amoureux est présent dans la littérature japonaise. Plus encore, comment le thème est traité. Rappelons-nous que notre culture est cruelle avec le vieillard amoureux depuis la Commedia dell’arte et Molière.
Le Journal d'un vieux fou met en scène Takusuke Utsuji , un vieillard de 77 ans, malade, impuissant, mauvais père, mais amoureux de sa belle-fille Satsuko; celle-ci, qui vit sous le même toit, est délaissée par son mari, mère d’un enfant qui l’ennuie, frivole, adultère. Devinant le désir du vieillard, elle lui permet certaines intimités (d’un baiser sur la jambe à un vrai baiser) afin d’obtenir des avantages pécuniaires.
Ce livre, publié sous la forme d'un journal, raconte les derniers six mois de la vie de Takusuke. Parce son journal est aussi celui d’un homme qui va mourir, la description de ses douleurs, des médicaments, des traitements, des visites du médecin meublent beaucoup de pages. Pourtant, peu de réflexions sur cette mort qui va venir ou sur cette vie derrière soi. Tout ce qui étonne, c’est le désir sexuel à l’orée de la mort, malgré l’impuissance.
Récit plutôt factuel, le Journal d'un vieux fou, que certains considèrent comme le chef d’oeuvre ultime de Junichiro Tanizaki, quant à moi, ne fait pas le poids devant le Grondement de la montagne de Kawabata qui abordait le même thème avec finesse et poésie.
Traduit par Georges Renondeau
La vieillesse est un long naufrage " 8 étoiles

La vie d’un vieux pépère de 76 ans qui, jadis, pouvait ingurgiter deux litres de saké mais qui maintenant se contente de deux ou trois coupelles, à l’occasion.
Il est de santé très fragile, le Papy, et surtout il avale un nombre impressionnant de pilules et d’injections dont certaines viennent d’Allemagne. Il est suivi par une infirmière, une servante, moins par sa femme, encore moins encore par ses deux filles, son fils ; mais nettement beaucoup- beaucoup plus par sa belle-fille dont il s’est pris d’une affection démesurée ( on le dit un peu fou ).
Où il est question d’une bague œil-de-chat, d’un estampage de pied, d’une tombe sous un bouddha, d’un cadeau de trois millions de yens, d’un professeur nommé Fukushima ( sic ! ). Et comme le disait le feu Général de Gaule : « La vieillesse est un long naufrage « .

Extraits :
- Je sais pertinemment bien que je ne suis qu’un vieillard répugnant et couvert de rides. La nuit, avant d’aller me coucher, lorsque je me regarde sans dentier dans un miroir, je me trouve une drôle de figure. Mes mâchoires ne comptent plus une seule dent à moi, ni en haut, ni en bas. D’ailleurs je n’ai même plus de gencives. Quand je ferme ma bouche, mes lèvres collées forment une ligne mince sur laquelle mon nez pend quasi jusqu’au menton. (… ). Pas un être humain, pas même un singe, ne voudrait une figure aussi hideuse. Evidemment je ne suis pas stupide au point de vouloir être aimé des femmes dans de telles conditions.

- Est-ce que ce professeur Fukushima est digne de confiance ? Oui, bien sûr, il n’y a aucun doute à avoir, puisqu’il travaille au service d’orthopédie de l’hôpital P.Q. dont vous connaissez la réputation.

Catinus - Liège - 73 ans - 20 avril 2011