La chute de Albert Camus
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Une conversation entre deux personnes, mais quelle conversation !
Un Français, à Amsterdam, est accosté par un autre Français, Clamence, vivant là et à l'aspect un peu bizarre.
Ils s'installeront dans un café et parleront. Ce sera le début d’une longue confession de la part de Clamence.
Il était un très grand avocat à Paris, très connu. Il menait une vie mondaine, était célibataire et, surtout, avait beaucoup d’estime pour lui-même. Un jour, il a tout abandonné, tout rejeté, et s’est réfugié ici, à Amsterdam, dans ce bar minable et un peu louche, le Mexico City, où ils boivent tous les deux. Pourquoi ? Il livre une phrase importante, tout au début. Un pont en hiver, une eau glacée, noire, et quelqu'un qui se jette à l'eau. L’aider ? Pas l’aider ? " Les plongeons rentrés laissent parfois d'étranges courbatures. " dit-il. Il a perdu toute illusion sur lui-même !
Dans ce livre, nous trouverons des réflexions sur l'homme, la société, le péché, l’envie, la justice, le bonheur, Dieu, le Christ, la liberté. Clamence dit : " Au bout de toute liberté, il y a une sentence, voilà, pourquoi la liberté est trop lourde à porter… Ah ! mon cher, pour qui est seul, sans dieu et sans maître, le poids des jours est terrible. "
Comme Dostoïevski dans " les Frères Karamazov " et Rimbaud dans son poème " Soleil et chair ", il arrive à la conclusion que l’homme ne veut pas de la liberté. Alors quoi ? Dostoïevski avait imaginé l’homme remettant sa liberté entre les mains de quelques hommes, éclairés, en échange de son pain assuré et une vie heureuse. Camus voit l'homme se créer de nouveaux dieux, modernes, des dieux vivants et palpables à qui ils céderont leurs pouvoirs. C'est un peu la même chose, mais il faut avouer que Camus avait un avantage sur ses prédécesseurs : il avait vu les hommes à l’oeuvre avec Hitler et la soumission à Staline. Dostoïevski et Rimbaud, sous une autre forme, avaient deviné ce que la chute de Dieu pouvait entraîner.
Dois-je vous dire que j'ai adoré ce petit livre, vraiment pas difficile à lire. Deux heures de lecture, mais quelle lecture ! Un petit conseil ? Prenez de quoi souligner en le lisant. Cela vous permettra de vous régaler souvent de certaines phrases sans devoir relire tout le livre.
Les éditions
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La chute [Texte imprimé] Albert Camus [dossier par Yves Ansel]
de Camus, Albert Ansel, Yves (Editeur scientifique)
Gallimard / Folio plus (Paris).
ISBN : 9782070403561 ; 1,98 € ; 16/09/1997 ; 188 p. ; Poche -
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Les critiques éclairs (26)
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Inexorable monologue
Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 51 ans) - 12 décembre 2020
Il vous aborde dans un bar et voilà que dans un long discours, il fait sa confession, l’histoire de sa vie, la découverte de ses faiblesses et des failles du personnage qu’il croyait incarner. L’aveu de sa culpabilité, qu’il est venu expier dans la brume et « les eaux pourries » des canaux.
Par delà quelques lâchetés, a-t-il été quelqu’un de bien ? La chute, c’est la prise de conscience de l’inanité de son comportement et son existence passés. « La modestie m'aidait à briller, l'humilité à vaincre et la vertu à opprimer. » Dans sa lucidité amère, ce récit n’est-il pas un miroir qu’il nous tend cruellement pour nous faire prendre conscience de notre désaccord avec nous même et avec le monde extérieur ? « Chaque homme témoigne du crime de tous les autres »
Contradictions
Critique de Falgo (Lentilly, Inscrit le 30 mai 2008, 85 ans) - 4 mars 2020
L'enfer, c'est les autres
Critique de Elko (Niort, Inscrit le 23 mars 2010, 48 ans) - 29 juin 2016
Ce roman en forme de monologue, aussi court soit-il, est d'une grande densité. Il est difficile d'en saisir toute la richesse en une seule lecture et j'ai regretté de n'avoir pas choisi une version commentée.
Il y est question de la nature humaine et de sa relation à l'autre. C'est sombre et pessimiste. Et ça donne envie de relire du Camus.
Une confession noire et mystérieuse
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans) - 5 mars 2015
Voilà un classique qui mérite son "statut".
Lu en juin 2001, relu pour l'occasion.
La Chute, 1956
Critique de Martin1 (Chavagnes-en-Paillers (Vendée), Inscrit le 2 mars 2011, - ans) - 24 août 2014
Mon avis : J’ai lu La Chute juste après L’Etranger. Le récit est plus ardu, mais le contenu, je crois, est plus riche encore. Je crois que je si je ne peux pas me reconnaître en Meursault, je me reconnais en Clamence, et Camus, je crois, s’y reconnaît aussi. Camus, à travers ce livre, veut sans doute faire un pied-de-nez à tous ses « amis » bien-pensants qui ne tarissent pas d’éloges à son sujet. Camus a sur lui-même un regard plus froid et plus cynique.
Ici, Clamence est un personnage momentanément tourmenté qui prend conscience d’une chose : il fait le bien, certes, mais moins pour les autres que pour s’aimer lui-même. Il est obsédé par le désir d’être aimé, de recevoir en retour de ses largesses ce qui lui est dû. Il est obsédé par son paraître et terrifié par ce qu’il est vraiment. Même quand il pense au suicide, il parle de ce que l’on pensera après.
--- SPOILER ---
Mais voilà le hic : Clamence sait que tout le monde veut se croire innocent. On invoquera des circonstances atténuantes, des conjectures exceptionnelles. Sauf que personne n’est exceptionnel. « On n’est pas plus responsable d’être criminel de nature qu’à l’être de circonstance. »
Clamence lâche les chiens sur l’humanité : « En somme, nous voudrions, en même temps, ne pas être coupable et ne pas nous purifier ». Cette vérité terrible, que Clamence a le privilège de découvrir, il ne veut pas la cacher ; mais il veut s’y conformer encore et toujours. C’est pourquoi il se fait juge-pénitent. Pour accuser les autres, il commence par s’accuser lui-même. C’est une fausse confession. « Les auteurs de confession écrivent surtout pour ne pas se confesser, pour ne rien dire de ce qu’ils savent. Quand ils prétendent passer aux aveux, c’est le moment de se méfier. On va maquiller le cadavre. » En parallèle, le juge-pénitent s’absous lui-même, car il n’est pas plus coupable que les autres. Que veut-il ? Continuer. Continuer à être coupable. Continuer à être aimé d’amis naïfs et de femmes faciles. Continuer à être l’objet exclusif de son amour.
Quelle cynisme... mais cela donne à réfléchir.
Avec Camus, Dieu jamais trop loin....
Critique de Auderset (, Inscrit le 26 avril 2014, 56 ans) - 26 avril 2014
et cela se ressent par dans la solitude fataliste de certain de ses écrits…
mais c’est plus la religion qu’il met à nu en condamnant les motivations des hommes qui la pratiquent pour leur propre confort orgueilleux, et pas tant Dieu lui-même. Car entre les lignes, on ressent un véritable cri de détresse à Dieu auquel ils auraient tant voulu croire.
"pour qui est seul, sans Dieu et sans maitre, le poids des jours est terrible… » disait-il.
Derrière le cynisme si bien décrit et dans lequel on se reconnait si bien, on perçoit néanmoins aussi une affection cachée, mais sincère, pour son prochain…
Une lecture (voire une purge) qui m’aura permis de mieux sonder certaine de mes motivations profondes et de m’améliorer dans l’honnêteté de ma démarche de foi au Christ.
Monologue de destruction massive
Critique de Kreuvar (, Inscrit le 3 avril 2012, 41 ans) - 29 octobre 2012
Les sentiments humains et peut-être masculins sont décrits à la manière de Céline dans voyage au bout de la nuit, sans concession avec perfection.
Cela ressemble à un pamphlet, un procès des travers de l'homme incarnés dans le narrateur.
Un ouvrage tellement riche qu'il faudra sans doute le relire.
Un chef d'œuvre!
La chute
Critique de Exarkun1979 (Montréal, Inscrit le 8 septembre 2008, 45 ans) - 15 août 2012
Grand classique...
Critique de Jonath.Qc (, Inscrit le 6 juillet 2011, 46 ans) - 2 mai 2012
Indémodable. Incomparable. À lire absolument. Un énorme classique.
Citations
Critique de Emilie Ajar (, Inscrite le 1 avril 2012, 36 ans) - 1 avril 2012
"Après un certain âge, tout homme est responsable de son visage."
"Autrefois, ma maison était pleine de livres à moitié lus. C'est aussi dégoûtant que ces gens qui écornent un foie gras et font jeter le reste."
"Le charme: une manière de s'entendre répondre «oui» sans avoir posé aucune question claire."
"Croyez-moi, pour certains êtres, au moins, ne pas prendre ce qu'on ne désire pas est la chose la plus difficile du monde."
3,5 étoiles!
Critique de Js75 (, Inscrit le 14 septembre 2009, 41 ans) - 7 août 2010
Clamence’s confidence.
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 28 juin 2010
De quoi s’agit-il donc ? D’abord d’une œuvre d’Albert Camus. Déjà ça fait réfléchir le lecteur que je suis qui est resté désemparé et démuni face au « Mythe de Sisyphe » du même Camus, qui est resté scotché devant « L’étranger » trouvant même le moyen de commencer par la fin et de trouver néanmoins génial cet « Etranger » !
Ensuite, un faux dialogue un vrai soliloque dudit Clamence, ex-avocat brillant parisien, comme exilé et déchu à Amsterdam, dans une zone genre interlope et un bar tout ce qu’il y a de moins reluisant. Comme exilé et déchu mais surtout désabusé, brûlé, ayant perdu toutes ses illusions et envies en même temps qu’un moment de petite ( ?), grande ( ?) lâcheté le poursuivait jusqu’à la fin de sa vie. Une chute sociale pour Clamence, consécutif à une chute physique celle-là, bien réelle, et contre laquelle il n’aura pas réagi et qui le hante, le hantera jusqu’à la fin de sa vie. Comme quoi un « plouf » dans votre dos, un soir de froid sur un pont parisien, peut en révéler sur vous plus que toute introspection ou analyse. Des ploufs comme ça on en connait certainement tous, pas sous forme de ploufs forcément mais peut-être des « bings » ou des « plafs » ou … En fait c’est la désignation d’un micro-moment de votre vie qui fera que rien ne sera plus comme avant. De la même façon que nous aurions tous notre quart d’heure de célébrité, nous avons évidemment tous ce micro-moment, cette « Chute » ou …
Quelque part, « La chute » c’est l’envers de « Train de nuit pour Lisbonne » de Pascal Mercier pour ceux qui l’auraient lu. Et l’histoire en moins et la philosophie en sus.
Car alors question philosophie, pensée essentielle, ça déboule de tous les côtés, de tous les étages ! Clamence soliloque auprès du narrateur et ce ne sont pas des confidences de pochetron ! C’est du Camus. Et la conclusion pourrait bien être ce qui gouverne nos vies :
« Mais rassurons-nous ! Il est trop tard, maintenant, il sera toujours trop tard. Heureusement ! »
confessions
Critique de Adrien34 (, Inscrit le 18 janvier 2009, 34 ans) - 19 janvier 2010
Excellent
Critique de Nanardstef (, Inscrit le 6 juin 2008, 47 ans) - 21 mai 2009
Livre à lire puis à relire ... et à relire peut-être encore.
Mon préféré
Critique de Bételgeuse (, Inscrite le 7 décembre 2007, 46 ans) - 7 décembre 2007
Porte à la réflexion
Critique de Nance (, Inscrite le 4 octobre 2007, - ans) - 7 octobre 2007
Je ne suis pas aussi pessimiste que le narrateur (ou pas encore). L’humaniste naïve que je suis a encore de l’espoir. Bien sûr, la lecture de ce roman me fait réfléchir à la motivation de mes actions, je crois que tout le monde ici est de cet avis, mais pas assez pour me troubler. Je ne suis pas parfaite, je suis un peu paresseuse (non, je suis très paresseuse), mais j’ai encore de vrais amis. Je veux dire que je veux leur bonheur, je veux les aider et ce n’est pas pour ma vanité. Vous savez ce que je veux dire, je ne crois que j’ai atteint le niveau d’égocentrisme du personnage principal. Il ne faut pas généraliser.
Je dois vous dire que j’ai adoré la perspective de la narration du roman. C’est spécial, j’ai vraiment senti qu’on me parlait.
Mon passage préféré est quand il nous demande ce que l’on mettrait sur notre carte d’affaire si l’on commençait à nous décrire réellement sans artifices. Je ne crois pas que ça serait positif, mais au moins original. Cela m’a fait beaucoup rire un instant, j’imaginais la mienne et celle des personnes que je connais.
Unique.
Le négatif de Paul de Tarse
Critique de Jlc (, Inscrit le 6 décembre 2004, 81 ans) - 8 mars 2006
« La chute » est un livre dont on ne sort pas indemne. Ne vous êtes vous jamais interrogé sur ce que vous feriez si, par exemple, vous assistiez à des actes de violence ? Resteriez vous silencieux dans votre coin ou auriez vous le courage d’intervenir ? Qui peut répondre avant d’avoir été confronté à des tels évènements ? Personnellement, je ne sais pas. Mais je sais qu’ensuite ce sentiment de culpabilité doit vous poursuivre, vous ronger, toute votre vie.
Bien sûr, « La chute » est beaucoup plus que cela. Pour moi, Clamence est le négatif de Saint Paul en ce sens qu’il n’a pas la chance d’avoir une révélation spirituelle qui donne un sens à sa vie. C’est en cela que ce récit est profondément désespéré. « Il est trop tard maintenant, il sera toujours trop tard. Heureusement. » On ne pouvait imaginer fin, chute, plus abrupte. On est loin du Camus qui disait qu »il faut imaginer Sisyphe heureux » .
Ces quelques lignes n’ont d’autre objectif que de vous inciter à lire ou relire ce superbe texte, riche de magnifiques formules qui donnent à réfléchir. Il vous emmènera beaucoup plus loin que vous ne l’imaginez et peut-être sur votre propre chemin de Damas.
LA CHUTE
Critique de TELEMAQUE (, Inscrit le 9 février 2006, 76 ans) - 17 février 2006
J'ai gardé le souvenir d'une amertume à laquelle le reste de l'oeuvre de CAMUS ne m'avais pas préparé.
CAMUS, avocat de l'humanité dont l'absence nous est aujourd'hui si évidente, avait, me semble t'il, écrit ce livre après sa querelle avec SARTRE, pas exactement après mais après quand même.Il n'y a aucune relation entre ce livre et cette querelle, mais la chronologie est troublante.
Après LA CHUTE, de mémoire, CAMUS n'a plus écrit d' oeuvre de fiction. Le DERNIER HOMME est resté a l'état de manuscrit, et l' homme CAMUS s'est voué au théatre.
S'il est pour moi -et il s'agit bien en ce lieu de donner son avis personnel, si j'ai bien compris- une oeuvre incontournable, éclairante, lucide, c'est bien celle d' Albert CAMUS.
MON livre
Critique de Clamence (saint quentin, Inscrite le 10 février 2006, 44 ans) - 12 février 2006
Non, La Chute n'est pas un livre manichéen, quant au thème du jugement des hommes, il est …complexe.
Cette oeuvre pose la dualité qui existe en chacun de nous, si après avoir laissé se noyer une jeune fille, Clamence fuit les autres et choisit d'être juge-pénitent, c'est parce que sa lâcheté lui a été révélée par lui-même, les rires qu'il entend tout au long de ce texte ne lui sont jamais explicitement adressés, c'est sa propre culpabilité qu'il fuit, pour avoir découvert que le Bien qu'il faisait était non altruiste, mais adressé au public, aux hommes qui voyaient en lui ce qu'il n'était pas, ou plutôt ce qu'il croyait ne pas être -c'est là que ça se complique...
Extrêmement riche et complexe, La Chute est une oeuvre dérangeante, elle repose tout entière sur la dialectique intérieure : je est un Autre, et vous croyez-vous savoir qui vous êtes?
Dans ce livre se joue le leitmotiv du double, et du miroir : l'eau, le Janus…leitmotiv que l’on retrouve dans L'Etranger- Meursault se regarde dans sa gamelle de prisonnier, dans Le mythe de Sisyphe, ou Caligula-regarde-toi dans un miroir, est-ce bien toi, cette forme qui paraît?
La forme même, le soliloque , est marginale: Clamence est-il fou, ou ces blancs que laisse l'interlocuteur qui ne répond jamais, doivent-ils être comblés par le seul interlocuteur valable: vous, lecteurs?
Au-delà des thèmes chers à Camus-la religion, la foi, le jugement-ce n'est pas pour rien que le tableau volé est celui des juges intègres-, La Chute interpelle notre conscience, la dualité profonde et inhérente à la condition humaine: vous faudra-t-il aussi une jeune femme pour enfin remuer le tréfonds de votre âme, et y découvrir votre frère...insensé qui croira que c'est pas vous-même?
Vu au théâtre
Critique de Norway (Entre le Rhin, la Méditerranée et les Alpes !, Inscrite le 7 septembre 2004, 49 ans) - 23 janvier 2006
Un roman qu'on n'oublie pas
Critique de Foreveremi (, Inscrit le 21 janvier 2006, 40 ans) - 21 janvier 2006
Premièrement, sans compter l'aspect philosophique et les thèmes chers à Camus qu'il fait passer dans ce roman, le style, l'atmosphère, le dandysme, le langage, la spiritualité de Clamence sont plaisants dès ses premiers mots. Il y a des livres qu'on aime, que l'on a lu vingt fois et dont on a pourtant oublié les premiers mots. Par je ne sais quel procédé, les première phrases de Clamence nous marquent à jamais dès la première lecture. "Puis-je, monsieur, vous proposer mes services sans risquer d'être importun? Je crains que vous ne sachiez vous faire entendre de l'estimable gorille ...". Impossible également d'oublier " Son mutisme est assourdissant".
L'attrait réside surtout dans le fait qu'on ne sait où Camus nous mène avant la . Mais quand on le découvre on ne peut manquer d'être pris de stupeur et une certaine angoisse commence à se faire ressentir. Je me rappelle avoir trouvé tout ça très déprimant, j'étais pour ainsi dire réellement déprimé après avoir lu et refermé ce livre. Peut-être que je n'avais tout saisi, j'étais très jeune. Je me souviens surtout d'un passage, d'une idée qui m'avait presque choqué, je ne sais plus comment c'est exprimé exactement, il dit que s'il on meurt avec un secret sur le coeur, des secrets que l'on n'a jamais dit à personne, on les emporte avec nous, dans notre mort, à jamais. Il y a de nombreux autres passages mémorables comme la mobylette en panne, très édifiant, et toute une philosophie morale, celle de Camus, qui ne laisse pas indifférent.
plus dure sera la chute...
Critique de Hadrien (, Inscrit le 14 février 2005, 47 ans) - 21 avril 2005
Le livre est séparé en 2 par l’évènement de la chute.
Dans la première partie, la vie de Clamence ne souffre d’aucune ombre. Il l’avait façonnée de manière à se déculpabiliser totalement de sa condition d’homme : sa profession (avocat), ses activités, son style de vie, ses idées, sa politesse, sa servitude…tout tendait à faire de lui le personnage à la conscience parfaite, n’ayant rien à se reprocher, qu’il rêvait d’incarner. De cette image, qu’il se renvoyait de lui-même, il tirait fierté et vanité.
Cette apparente « conscience parfaite » commence à se fissurer lorsqu’il ne réagit pas au suicide d’une jeune femme (parce qu’il n’est qu’humain, lâche ?) qui se jette d’un pont dans la Seine. La chute de celle-ci devient la sienne, la chute de son ego ; sa vie bascule petit à petit dans l’autocritique. Il développe un sentiment croissant de culpabilité qui va le pousser à redéfinir ses convictions, sa vie entière, qu’il va dorénavant baser sur la culpabilisation, jusqu'à en devenir juge-pénitent, c’est à dire juge qui s’accuse lui même pour ne pas être accusé, pour ne pas accuser les autres mais pour qu’eux-mêmes, à leur tour s’accusent.
La vision de Camus est manichéenne. Elle laisse peu d’espoir car ce sont 2 extrêmes qui sont présentés. C’est le jugement de l’homme dont il est question, homme qui semble prisonnier de sa condition (un homme simplement lucide ?). Un magnifique exemple du travail de Camus qui nous fait, à notre tour, nous poser un sacré nombre de questions…
La Seine est souvent froide en hiver...
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 11 décembre 2003
La vie de ce faux prophète est avant tout celle d’une chute : la chute d'une jeune femme dans la Seine mais surtout la sienne, celle d'un homme qui prend conscience de sa vanité et du caractère factice de sa vie. Saint Jean-Baptiste disait « il faut que je diminue pour que celui qui me suit advienne » : Clamence aussi devra passer par l’effondrement de son moi démesuré avant d’advenir à ce qu’il est.
L’homme d’avant la chute est un homme comblé, qui rassemble tellement de qualités qu'il en vient à se croire élu. Il s’aime et il veut que tout le monde l'aime autant que lui. Mais l'édifice se fissure le jour ou une jeune femme se jette dans la Seine et qu’il ne bouge pas ("Trop loin, trop tard"). Plus tard il entend un rire, qui ne lui était peut-être pas destiné, et tout s’effondre : il prend conscience de sa vanité, du caractère factice de sa vie. Il essaye bien de s'illusionner en tombant amoureux, ensuite de se réfugier dans la débauche mais finalement échoue à Amsterdam, où il se transforme en "juge pénitent", une sorte de prophète qui s'accuse lui-même pour éviter le jugement des autres et pour accuser les autres par reflet.
C'est un livre écrit avec verve et brio. C'est amusant à lire et évidemment ce livre suscite la réflexion. Allez je vous en livre une de réflexion : si parfois vous regrettez les occasions passées, vous voudriez avoir une deuxième chance, vous pourrez penser à Clamence qui termine son monologue par ces mots « O jeune fille, jette-toi encore dans l’eau pour que j’aie une seconde fois la chance de nous sauver tous les deux ! Une seconde fois, hein, quelle imprudence ! Supposez, cher maître, qu’on nous prenne au mot ? Il faudrait s’exécuter. Brr.. ! l’eau est si froide ! Mais rassurons-nous ! Il est trop tard, maintenant, il sera toujours trop tard. Heureusement ! »
De ton avis quant à relire...
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 20 décembre 2001
Post scriptum
Critique de Lucien (, Inscrit le 13 mars 2001, 69 ans) - 20 décembre 2001
Relire Camus.
Critique de Lucien (, Inscrit le 13 mars 2001, 69 ans) - 20 décembre 2001
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