Apôtre des ténèbres

1944. Quelque part sur le front de l’Est, un homme se meurt. Un nazi. Son uniforme sombre forme une tache sur la neige qui recouvre les tanks abandonnés par l’armée en déroute. Il s’appelle Heinrich. Ses pensées ne sont pas pour la mère patrie mais pour son aimée, Rebecca, emmenée par les hommes de la Gestapo. Son visage en larmes se fige dans sa mémoire alors qu’un soldat soviétique l’achève d’une balle dans la tête.
Quelque part, dans un autre monde, un soldat mort se réveille. Un nazi. Il s’appelle Heinrich. L’univers qui l’entoure est rougeoyant, couleur sang écarlate. Il n’est pas seul. Un groupe de zombies fouille les cadavres qui apparaissent régulièrement. Ils ne l’ont pas encore trouvé. Un étrange véhicule volant en forme de crâne attire leur attention. L’appareil est abattu mais son pilote est indemne et prêt à en découdre. C’est un Nosferatu. Il s’appelle Otto.
Sur la face cachée de la Lune, où l’emmène Otto, Heinrich, qui se sait désormais être un Nosferatu lui aussi reçoit un entraînement impitoyable de deux ans. Drogué, initié à la magie, au combat mental, à la métamorphose, à contrôler les animaux et surtout à oublier ce qu’il a été, Heinrich apprend et survit. A l’issue d’une cérémonie noire, son maître, armé d’une épée et d’un calice impie le fait chevalier.
Dans le monde de Résurrection, un soldat nazi mort au combat sur le front de l’Est deux ans auparavant entame une nouvelle existence. Il s’appelle Requiem. C’est un chevalier vampire.
Encore une variation sur le thème du vampire qui surfe sur la vague Twilight… Et bien non, ce premier volume de la série Requiem, le dixième tome vient de sortir, date de 2000 et m’a coûté 79 F. Le prix est encore visible sur l’étiquette. De plus, il s’agit plus, à mon sens, d’une réinterprétation du mythe.
Sur Résurrection, les morts reviennent sous une forme qui correspond à la façon dont ils ont fait du mal sur Terre et les vampires sont la plus haute caste de ce monde sanglant. Du moins, c’est ainsi qu’ils se voient. Leur ordre vampirique est le bras armé des Maîtres de l’infini, dieux mystérieux qui s’opposent sans cesse aux dieux des Limbes, autres divinités non moins puissantes et inconnues. La vie des chevaliers vampires est vouée à leur service. Sur Résurrection, la vie marche à l’envers : on renaît puis on rajeunit pour finalement disparaître. La capitale de ce monde vampire s’appelle Necropolis et son souverain… Ai-je besoin de le préciser ?
Les vampires apprennent à oublier leur vie passée mais Heinrich n’arrive pas à se débarrasser de l’image de Rebecca et, pour un ancien nazi, fait preuve d’un certain sens de la justice qui est visiblement mal placé dans un monde tel que Résurrection où les vices sont encouragés. Comme l’explique Otto : « nous nous devons d’être les apôtres de l’obscurantisme ». Pour cela, les vampires reçoivent l’aide de l’opium noir, une drogue très puissante dont la consommation est plus que chaudement recommandée… Bref, Résurrection est un monde d’une rare violence où la mort rôde car, bien que déjà décédés, ses habitants disposent désormais d’une nouvelle vie qui peut être arrêtée avec les bonnes armes.
Le dessin d’Olivier Ledroit est absolument magnifique. Chaque case est une toile à part entière. Les teintes sombres qui caractérisent la série sont sublimes : tout suinte la mort, la désolation et le désespoir. Une réussite totale !

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  Résurrection [Texte imprimé] scénario, Pat Mills dessin, Olivier Ledroit trad., Jacques Collin...

  de Mills, Pat Ledroit, Olivier Collin, Jacques (Traducteur)
  Nickel
  ISBN : 9782914420006 ; 14,99 € ; 01/11/2000 ; 48 p. ; Cartonné

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