Penis desiderantis
de Samuel Ganes

critiqué par Perlimplim, le 21 juin 2011
(Paris - 48 ans)


La note:  étoiles
Intéressant
En 1896, Emile Zola autorise la publication du "Roman d'un inverti-né". Sous ce titre, sont regroupées trois lettres de confession anonyme qu'un aristocrate italien a envoyées à Zola, précédées d'une préface de l'auteur de "Nana", et suivies d'une "observation scientifique" du Docteur Laupts. C'est de ce livre que Samuel Ganes a tiré le présent monologue intitulé "Penis Desiderantis". L'adaptation dramatique du roman s'impose avec naturel, et le passage à la scène de ces confessions intimes donne aux propos originaux une plus grande immédiateté.
Le personnage est bien cerné, mais reste dans des limites légèrement convenues aujourd'hui. Le lecteur de 1896, à une époque où rares étaient ceux qui affirmaient publiquement leur homosexualité, fut certainement surpris d'une telle franchise de propos. Mais au début du XXIème siècle, le personnage semble un peu trop répondre au stéréotype de l'homosexuel, vu par une société qui ne l'accepte pas. Car d'entrée de jeu, il s'affirme comme différent et exceptionnel, comme un être incomplet, comme une femme manquée. Cette vision du personnage sur lui-même reflète autant-sinon plus- le regard d'une société qui le marginalise que sa nature profonde. En conflit avec les autres, il se révèle dans ses futilités, son amour des apparences et la peur de vieillir. Paradoxalement, ces confessions intimes paraissent bien pudiques, et gardent ainsi un ton très aristocratique. L'échec du monologue tient dans cette distance toujours maintenue entre le personnage et les spectateurs. Ces derniers ne peuvent que voir en lui un être d'un autre monde, inaccessible, tant il ne se conçoit qu'en opposition avec le reste du monde. Sans être antipathique, il n'appelle aucune sympathie.
Intéressant comme document, mais pas révolutionnaire.