Antigone. Electre
de Eschyle, Euripide, Sophocle

critiqué par Jules, le 7 juin 2002
(Bruxelles - 80 ans)


La note:  étoiles
La fin du destin tourmenté des Atrides
Euripide est le plus jeune des trois grands auteurs tragiques classiques avec Eschyle et Sophocle. Il est né en 480 et meurt très peu de temps avant Sophocle en 406 av. JC Il a rajeuni les mythes et accorde une plus grande importance que les autres à la psychologie des personnages.
Si vous lisez aussi la critique de Platonov sur « L’Orestie » d’Eschyle, vous verrez qu’Euripide nous présente une version assez différente de l'histoire du meurtre de Clytemnestre ainsi que du châtiment imposé à Oreste.
Agamemnon, à son retour de Troie, a été assassiné par sa femme, Clytemnestre, et son amant, Egisthe. Quelques années plus tard, nous retrouvons Electre, soeur d’Oreste et seconde fille de Clytemnestre, avec le laboureur qu’elle a été obligée d'épouser par Egisthe après avoir été exilée du palais de son père. Elle pleure son destin et ne voit de vengeance possible qu’à la condition que son frère Oreste revienne et venge leur père.
Celui-ci va lui apparaître sous les traits d'un jeune voyageur, mais sera reconnu par un vieillard qui l'a en partie élevé. Le frère et la soeur se mettront bien vite d’accord : il faut d'abord tuer Egisthe puis Clytemnestre leur mère. Pour le premier, Oreste n'hésite pas une seconde et exécute la sentence d'un coup vengeur. Mais il faudra toute l'énergie et la détermination d'Electre pour qu'il accepte de venger une seconde fois son père en tuant Clytemnestre. Cette dernière, dans un dialogue avec Electre, aura pourtant clairement avoué qu’elle aurait pu pardonner à son mari le meurtre de leur première fille, Iphigénie, mais pas le fait qu’en Cassandre, il ait ramené une rivale dans son palais. C’était donc bien la jalousie qui l’avait motivée et non un sens de la Justice.
Il est frappant de voir le Chœur, ainsi que le Coryphée, les pousser à exécuter la prophétie de Phoibos et, les choses à peine faites, de les voir se retourner instantanément contre eux et dire à Oreste « Tu as commis là le plus grand des crimes ! »
Quant à Electre, à peine sa mère morte, elle se met à gémir sur son sort et à dire qu’elle est maudite et qu'aucun époux ne voudra encore lui ouvrir sa porte.
Arrivent Castor et Pollux qui admettent que ce double crime a été prédit par Phoïbos et qu'ils ne sont donc pas entièrement responsables. La punition sera donc allégée. Oreste devra s’enfuir vers Athènes où Athéna le prendra sous sa protection et le défendra des Furies qui ne manqueront pas de le poursuivre. Quant à Electre, elle devra suivre Pylade en son pays avec son mari le laboureur.
Au passage, Castor nous apprend qu'Hélène n’a jamais été à Troie ! Elle n’aurait jamais quitté l'Egypte, Zeus « voulant semer parmi les hommes le meurtre et la querelle », n’aurait envoyé à Troie que son fantôme !…
Le Coryphée scelle le sort de Clytemnestre en déclarant : « Une femme, si elle est sage, doit tout permettre à son mari. Je me refuse à discuter avec celle qui pense autrement ; »
Voilà qui est clair ! A autres temps autres moeurs.
Je ne connais pas la version d'Euripide. 6 étoiles

Je n'ai pas lu l'Electre d'Euripide, mais celle celle de Sophocle, de Giraudoux et de Sartre ("Les Mouches")... Comme tous les grand mythes antiques, celui d'Electre donne lieu à de nombreuses "réécritures" et interprétations...

Cette tragédie est un classique. On y retrouve les thèmes de la famille, de la trahison, de la mort... et du destin.

Bref, une pièce trèèès intéressante (les profs de lycée le rabâchent assez)...

Artemis - - 39 ans - 3 décembre 2004