Dernier vaisseau pour l'enfer
de John Boyd

critiqué par Kaftoli, le 10 juillet 2011
(Laval - 59 ans)


La note:  étoiles
Quand mathématique rime avec poésie...
Haldane IV, mathématicien prometteur et brillant, issu d'une prestigieuse famille de mathématiciens, tombe sous le charme de Hélix, une littéraire poète. Après avoir entretenu une liaison secrète avec elle pendant quelque temps, en l'aidant dans ses recherches sur un dénommé Fairweather Ier, créateur d'un pape électronique, robotisé, Haldane se fait arrêter, subit un procès au terme duquel il sera condamné à l'exil sur Enfer, où il fera d'étonnantes découvertes.
Un dernier vaisseau pour l'enfer est le premier roman de l'auteur américain John Boyd. La traduction française du titre (The Last Starship From Earth) me semble bien trompeur. Le récit, s'il a comme toile de fond une société religieuse et puritaine, a bien peu à voir avec une trame mysticofantastique: il n'est ni question des anges du mal, de Lucifer, il n'y a aucun exorcisme ni apparition spectrale… Enfer est une planète qui accueille ceux et celles qui ont été trouvés coupables de crimes contre l'État. Et ce voyage, que laisse deviner le titre, ne sera entrepris qu'une fois rendu aux deux-tiers du roman. C'est dire à quel point il n'est pas au centre de cette trame romanesque.
Dans ce roman particulier, Boyd peint une société régie par les castes, des classes imperméables, qui ont toutes un rôle et un mandat, voire des champs d'intérêt bien définis: les psychologues, les sociologues, les mathématiciens, etc.
Je n'en dis pas plus. Le roman propose une exploration de deux langages: la poésie et la science. La poésie est un langage intuitif, qui offre une exploration intérieure de la sensibilité humaine intime, qui propose une appropriation plus subjective du monde, qui force la ralentissement, voire un arrêt, pour mieux apprécier le monde. Le langage de la mathématique repose sur la logique, une rigoureuse objectivité, et sur une exploration codifiée du monde. Fairweather avait intégré ces deux langages. Haldane, le mathématicien, découvre peu à peu le langage de la poésie, qui l'ouvre à lui-même, à ses propres aspirations. Il a l'ambitieux projet de codifier ce langage pour l'interpréter sur un plan strictement mathématique. Cela pourrait rappeler certaines études structuralistes en littérature, qui étudiaient le texte, à l'aide d'équations "mathématiques".
Au final, le dernier tiers du roman réserve quelques surprises, parfois aussi quelques déceptions (surtout l'épilogue, inutile à mon avis, mais qui n'est pas trop long).
Le style du roman Le dernier vaisseau pour l'enfer n'est pas enlevant, mais il est efficace, assez agréable. Le lecteur doit aborder ce roman de science-fiction pour l'histoire, sans s'attendre à un thriller, mais bien à une proposition qui prend le temps de s'installer. Bonne découverte.

Une critique intéressante: http://noosfere.org/icarus/livres/…