Sur les traces du serpent
de Mary Elizabeth Braddon

critiqué par Jfp, le 23 juillet 2011
(La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans)


La note:  étoiles
bienvenue à slopperton
Injustement accusé du meurtre de son oncle, alors qu'il venait de rentrer dans le giron familial après une fugue de sept années, le jeune Richard Marwood échappe de justesse à la peine de mort mais est condamné à un enfermement à vie dans l'asile d'aliénés du comté. Cependant, ses amis ne l'ont pas oublié, ainsi qu'un policier, muet mais pas sourd pour autant, qui reste fermement convaincu de son innocence et de sa santé d'esprit. S'étant échappé de l'asile au bout de 8 ans, notre héros va devoir prouver son innocence, rechercher et punir les vrais coupables. De nombreux personnages, masculins et féminins, émaillent ce roman policier étonnament moderne, datant pourtant du début de l'ère victorienne (1860). Coups de théâtre, scènes d'action, secrets et mensonges stimulent l'imagination du lecteur tout au long de ce récit aux entrées multiples, écrit dans un style qui rappelle bien des "polars" modernes. L'humour "so British" de cette jeune romancière anglaise ajoute également du piquant au récit. Un hourrah également pour le traducteur, qui a su rendre tout à fait actuelle cette tragédie d'un autre siècle...
Trois fois mort 8 étoiles

Tout le monde vous dira que le surveillant de pension Jabez North est le plus convenable des habitants de Slopperton. Mais pourquoi se glisse-t-il hors de l’établissement au moyen d’une corde la nuit même où un meurtre est commis? Et quel lien unit ce gentleman aux sordides occupants de la rue Peter- l’Aveugle ?

Ce roman qui marque les débuts littéraires de Mary Elizabeth Braddon est plus sinueux qu’un serpent. Difficile de le résumer en quelques lignes. L’intrigue, dense et bien ficelée, comporte des rebondissements sans nombre. Reine de la « sensation novel », Mrs Braddon nous entraîne des bas-fonds anglais à la haute société parisienne, multipliant au passage les crimes et les fausses identités. L’un des personnages finit même enfermé à tort dans un asile de fous, avant de réussir une évasion digne de Montecristo. Les noires péripéties imaginées par Braddon ne sont pas sans rappeler Eugène Sue, ce grand nom du roman feuilleton à la française. Rien de bien réaliste mais une histoire captivante et horrifique, servie par la plume enlevée de l’auteure. Descriptions et commentaires sont particulièrement réjouissants, ce qui contribue à créer une atmosphère, voire une certaine intimité avec le lecteur. C'est aussi un bon roman policier où l'enquête est menée de main de maître par un limier muet. Le milieu du XIXème siècle voit les débuts de la police urbaine de Londres et la création de la première brigade d’investigation de Scotland Yard. L’auteure répond ainsi à l’intérêt croissant des Britanniques pour le monde du crime. Et quel talent pour dépeindre la perversité du criminel à l’oeuvre! Voilà ce que lisait le grand public victorien avide de sensations fortes. Comparez avec un polar à succès d’aujourd’hui et vous verrez que nos ancêtres avaient meilleur goût en matière littéraire. Ce n’est pourtant pas l’œuvre la plus aboutie de Mrs Braddon, peut-être en raison de quelques défauts de jeunesse. On regrette notamment la psychologie trop peu fouillée des personnages – au regard de ceux de Wilkie Collins par exemple; mais n’oublions pas qu’en 1860, lorsque ce roman paraît sous le titre « Trois fois mort », l’auteure n’a que 25 ans !

Pierrequiroule - Paris - 43 ans - 28 août 2014


Ne passez pas à côté ! 9 étoiles

Ce livre est assez formidable pour ceux qui aiment l'époque victorienne, la littérature anglaise, un soupçon de Dickens, les intrigues familiales... et les enquêtes policières !
Ce livre a été écrit en 1860 par une femme assez exceptionnelle qui a une facilité certaine pour construire des intrigues dans les intrigues : morts suspectes, personne injustement condamnée, vengeance ... sans pour autant nous perdre. Tout est pensé, tout est construit, tout est minutieusement planifié, tout s'imbrique à la perfection. Tout à fait digne d'un Wilkie Collins par exemple dans "Mari et femme".
Je me suis très vite laissée prendre par l'histoire, et j'ai passé un très bon moment. Ce livre est un policier écrit à l'époque victorienne et il est de ce fait assez dense, travaillé et le vocabulaire est très recherché (J'ai d'ailleurs été étonné par tous les mots français qui ont été utilisés !). Les personnages sont incroyables, très bien construits comme ce Comte de Marolles diabolique, mais aussi ce Monsieur Peters, policier muet, qui est un personnage assez improbable et qui pourtant reste un des fil conducteurs de ce livre (notons, d'ailleurs que c'est l'une des premières fois que l'on voit apparaître un détective - policier dans les livres. Sherlock Holmes n'apparaît qu'en 1887).
C'est mon premier livre de Mary Elizabeth Braddon et ne sera pas le dernier !

Mandarine - - 52 ans - 28 novembre 2012