La petite fille de ses rêves
de Donna Leon

critiqué par Marvic, le 2 août 2011
(Normandie - 66 ans)


La note:  étoiles
Piano, piano..
Ce nouveau roman de Donna Leon commence et se termine par un enterrement. Celui de la mère de Brunetti au début et celui d'une petite fille dont il avait sorti le cadavre de l'eau.

Mais il faudra dépasser les cents premières pages pour que ce roman devienne un roman policier.
Le célèbre commissaire va donc mener l'enquête pour identifier la petite morte et éclaircir les circonstances de sa noyade.
Il va découvrir l'univers des Roms, un monde complètement à part, en dehors des lois du pays, mais aussi dans l'impossibilité d'obtenir une justice.

Comme à son habitude, Donna Leon nous fait visiter sa ville de Venise et côtoyer les mêmes personnages au fil de ses romans.
Comme à son habitude, elle suit les questionnements de son héros face aux dérives de la société, face à la religion, face à sa famille, et surtout dans ce roman, face à son impuissance.

Parallèlement, a lieu une recherche discrète ( sans grand intérêt) auprès d'une éventuelle secte, Brunetti ayant été sollicité par un prêtre, ami de la famille.

Un roman beaucoup plus psychologique que policier pour les amateurs de Donna Leon et de Venise.
Sus aux bons sentiments 8 étoiles

Ce roman policier met à nu quelques-uns des travers de notre société à travers 2 enquêtes qui mêlent étroitement les questionnements éthiques, les méthodes policières et la ville de Venise.

Le commissaire Guido Brunetti tout d’abord est atypique. Il est marié à une professeure d’université, est père de 2 adolescents et vit à Venise où on circule sans voiture.

Il est lucide sur le monde qui l’entoure avec des réflexions sur la religion avec célibat qui diffère de la chasteté et conduit à une interprétation des règles en fonction de ce qui convient à chacun. Des passages sur les « bons sentiments » envers les pauvres ou les étrangers (qui sont parfois les mêmes) et conduisent à des traitements différenciés sous couvert de respect des différences culturelles amènent également à s’interroger. Enfin il constate les passes-droits d’importants personnages qui arrivent, avec des appuis politiques et de l’argent, à faire en sorte que la vérité s’évanouisse dans la nature, faute de témoin.

Ces 3 thèmes forment la trame de ce livre et, sans y toucher, amènent à y réfléchir. Il produit cependant un constat d’impuissance car le parler politiquement correct est trop puissant pour qu’on se lâche en public. Mais en privé, entre amis, on peut exposer ses véritables sentiments et déplorer l’obligation au conformisme afin de pas briser sa carrière.

IF-0712-3923

Isad - - - ans - 31 juillet 2012


Ces Roms qui dérangent tant 8 étoiles

Le récit débute avec l'enterrement de la mère de Guido Brunetti et la détresse aisément imaginable dans laquelle est plongé celui-ci. Regrets, mots trop peu souvent dits, souvenirs des bons moments, autant de pensées qui le traversent le portent dans un monde de pensées à lui seul accessibles. Etat de courte durée car rapidement, une enquête le tire de son chagrin et le plonge dans un nouveau malaise, aussi profond: on a retrouvé le corps d'une petite fille dans le canal. Une bonne dizaine d'années, une robe blanche et un visage qui hante Brunetti. Un long travail d'identification se met en place et envoie Brunetti sur les traces des camps Roms de Venise et région. Un autre monde, d'autres silences et l'affrontement avec une société qui refuse de voir ces gens errer autour des palais vénitiens.
Ce que va découvrir Brunetti lui glace le sans et ne le réconcilie pas avec la race humaine, qui peut être décidément bien moche.
A côté de cette délicate affaire se déroule une autre enquête, liée à un ami proche du frère de Brunetti et au monde des sectes. brunetti doit marcher sur des oeufs et ses relations, que ce soit sa belle-mère ou Elettra lui seront d'une aide précieuse pour tirer cela au clair.

Une très bonne histoire et, comme toujours avec Donna Leon, un bon mélange entre intrigue policière, analyse psychologique et déambulations dans les ruelles vénitiennes. Les amateurs d'action et de rebondissements en seront pour leurs frais et c'est tant mieux en ce qui me concerne, tant j'apprécie la finesse du sens de l'observation de Donna Léon et sa manière de mettre en évidence les travers de notre société et les dérives politico-sociales.

Sahkti - Genève - 50 ans - 31 mars 2012