Les ineffables
de Lewis Trondheim

critiqué par Perlimplim, le 6 août 2011
(Paris - 48 ans)


La note:  étoiles
Narrations apocalyptiques
"Les Ineffables" est une oeuvre étonnante, alerte, réjouissante. Il s'agit d'un recueil de petites histoires tenant sur une page chacune. Le ton est badin, léger, Trondheim manie l'absurde avec élégance. Même si certains thèmes abordés restent sérieux, l'approche est toujours ironique et comique. Les dessins en noir et blanc, simples et efficaces, soutiennent un texte (placé sous chaque vignette) qui d'ailleurs pourrait être lu tout seul. Par exemple:
"Les soeurs Malikov habitaient deux appartements mitoyens. La première, Hilda, était la plus avare des avares. Elle allait même jusqu'à conserver la poussière qui recouvrait ses meubles.
"C'est à moi" disait elle en suçant une pierre pour se couper la faim. La seconde, Gretta, était aussi avare que sa soeur. Elle stockait même l'air de chez elle et n'ouvrait jamais les fenêtres.
"C'est à moi!" disait-elle en attendant son tour pour sucer la pierre. Par économie de salive, les deux soeurs ne parlaient pas. Par économie de gestes, elles ne se faisaient pas de signe non plus.

Un jour, pour économiser encore plus d'air, Gretta cessa de respirer. Hilda eut la même idée en même temps et elles moururent touts les deux. Madame Petra, une voisine, décida d'en profiter pour voler leurs fabuleuses économies. Et mourut étouffée par la poussière".

Le dessin est une sorte de mise en scène de l'histoire écrite, qui prend alors un relief nouveau et parfois inattendu. Ce recueil des "Ineffables" se lit et se regarde avec un grand plaisir, et marque durablement son lecteur. A connaître absolument.