On est toutes des Scarlett en puissance

Le titre fait bien sûr référence à Scarlett O’Hara, l’héroïne d’autant en emporte le vent. Et le livre pourrait être effectivement qualifié de roman fleuve : 506 pages et une bonne dizaine d’acteurs principaux orchestrent cette fresque qui retrace principalement le destin de 3 jeunes provinciales pleines d’ambition pour leur avenir.
Les 3 filles de K. Pancol ressemblent effectivement beaucoup à Scarlett O’Hara : même désir de vivre, de se battre pour réussir, même force d’engagement dans ce qu’elles croient, mêmes rêves d’amour, même moments d’abattement, provisoires, et même prise de conscience – les princes charmants ça n’existe pas, et il faut se battre pour parvenir à ce qui peut ressembler à un début de réalisation de ses rêves.
Toutefois, le contexte est radicalement différent, la guerre de sécession a fait place à la guerre des sexes, en pleine révolution soixante-huitarde, et la narratrice se limite à tracer les 4 premières années d’indépendance de ces 3 filles, alors que dans autant en emporte le vent c’est une vie complète qui y est retracée et donne à l’ouvre sa force exceptionnelle.
Dans le roman de K. Pancol, la richesse se trouve ailleurs et notamment dans la qualité et la diversité des parcours et personnalités de chacun et chacune des protagonistes. Pour ne citer que les 3 héroïnes : Bénédicte issue de bonne famille qui veut être journaliste et sort avec un représentant de la profession pour y arriver, se caractérise par ses certitudes qui un moment impressionnent ses amies jusqu’au jour où la réalité les démentit une à une ; Martine, originale, possède une rage intérieure venue en grande partie de ses origines modestes qu’elle tente de transcender, ce qui la pousse et la soutient dans ses projets ; Juliette, enfin, décidée, idéaliste au fond, dispose d’une grande ressource intérieure qu’elle est obligée de trouver pour faire face à sa dépendance des autres, et des hommes dont elle tombe trop facilement amoureuse. Sa relation à ses parents est comme pour les deux autres mêlée d’amour, d’incompréhension de conflit et de mutuelle dépendance. C’est de sa bouche que sort cette phrase qui résume si souvent nos relations avec nos géniteurs : ‘ quand je pense à eux, c’est chaud et douillet ; quand je leur parle, je suis déçue. Ils n’ont pas le même goût de près et de loin’.
Concernant la typologie des princes charmants, la palette utilisée est assez vaste et complète : allant de l’homme qui pense pouvoir tout acheter y compris l’amour des femmes, à celui qui a peur de s’engager, en passant par le collectionneur, ou encore le chercheur d’un ‘bon parti’, et oui, ça existe aussi chez les hommes.
Comme toujours chez Pancol tous les portraits sont très habilement dessinés et méritent en soi la lecture de son livre, tout comme la finesse dans l’analyse des relations humaines en général, hommes-femmes en particulier.
D’autres constantes propres à l’auteur, qui en font sa particularité, se retrouvent dans ce livre et permettent de divertir ou d’enrichir utilement le lecteur : ainsi, une intrigue policière bien conduite vient s’immiscer dans la trame de narration, et l’actualité de la période est retracée au travers d’événements emblématiques ou plus singuliers : la retraite du Général de Gaulle, la manifestation sanglante de londonderry ou encore les évolutions du secteur de la construction.
Vous passerez donc un agréable, divertissant et intéressant moment en compagnie de nos 3 jeunes filles, de leurs amies et autres compagnons de fortune d’autant que s’ajoutent d’autres atouts bien connus chez cette romancière : un style clair, précis et rapide, ponctué de bons dialogues et surtout un sens de l’intrigue très développé.

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  Scarlett si possible [Texte imprimé], roman Katherine Pancol

  de Pancol, Katherine
  Seuil / Points (Paris)
  ISBN : 9782020291583 ; 1,50 € ; 25/09/1998 ; 506 p. ; Poche

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