Un rajah blanc à Bornéo : La vie de sir James Brooke de Nigel Barley
(White rajah)
Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances
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Comment rater un sujet inratable
Né en 1803 à Bénarès, James Brooke fit ses armes dans la Compagnie des Indes Orientales puis acheta une goélette avec l'argent légué par son père. Devenu mercenaire au service du sultan de Brunei, il combattit rebelles et pirates. Pour le remercier, on lui offrit le Sarawak, territoire de Bornéo où vivaient des coupeurs de têtes féroces et pittoresques, les Dayaks. Le règne du Rajah blanc, qui débuta en 1841, établit la dynastie des Brooke jusqu'en 1946.
Revenant de Bornéo et sur le point d'y retourner, j'ai acheté la biographie écrite par Nigel Barley sur ce personnage extraordinaire, me disant qu'il était impossible de rater un sujet pareil. Et bien si, malheureusement, et la déception est à la mesure de l'enthousiasme de départ.
Au lieu d'aventures trépidantes, "Un Rajah blanc à Borneo" offre en fait le spectacle affligeant d'un travail baclé, décousu et mal écrit (et sans doute aussi très mal traduit). Le livre est un catalogue désordonné de lieux, de noms et de faits qui s'entremêlent dans une logorrhée indigeste, sans construction ni véritable lien chronologique ou thématique. Les personnages apparaissent, disparaissent, changent de nom, sont parfois mis en scène comme si on savait tout d'eux. On revient alors en arrière en se disant "j'ai du oublier qui était Trucnuche". Mais non, rassure-toi lecteur, Alzheimer ne guette pas. Chez Barley peut-être, mais pas encore chez toi.
La confusion est telle qu'on en vient à se demander si le livre a été relu par l'éditeur avant d'être envoyé à l'imprimerie. Au bout de la dixième page, on a envie d'envoyer promener le bouquin, tant l'histoire de James Brooke, que l'on sait ou que l'on sent passionnante, est mal racontée.
Barley, auteur qui a fait un peu illusion avec des récits anthropologiques humoristiques, montre ici les limites d'un talent fortement surévalué. Bien plus gênant, il ne semble préoccupé que par le recensement des aventures masculines de Brooke, développant à longueur de page des considérations douteuses sur l'homosexualité de James, à un point tel qu'on finit par se demander si la fascination mi graveleuse mi homophobe de Barley pour le sujet n'en dit pas plus sur ses préoccupations intimes que sur la personnalité du Rajah.
Sur le même thème, je recommande définitivement l'excellent ouvrage de Gabrielle Wittkop, Les Rajahs blancs (éditions verticales).
Les éditions
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Un rajah blanc à Bornéo [Texte imprimé], la vie de sir James Brooke Nigel Barley traduit de l'anglais par Bernard Blanc
de Barley, Nigel Blanc, Bernard (Traducteur)
Payot & Rivages / Petite bibliothèque Payot (Paris)
ISBN : 9782228904339 ; 9,15 € ; 06/05/2009 ; 312 p. ; Poche
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