L'équation africaine
de Yasmina Khadra

critiqué par CHALOT, le 21 août 2011
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
Un hymne splendide et émouvant
« L'équation africaine »
roman de Yasmina Khadra

Un hymne splendide et émouvant

Chaque œuvre de cet auteur est un événement littéraire. Celui ci s'inscrit dans la lignée des précédents et notamment de « l'Olympe des infortunes »....
Le lecteur est invité à découvrir un Continent, tel qu'il est et à rencontrer ses différents acteurs dans leurs diversités.
C'est à la fois un tableau de maître, un roman d'aventures et une œuvre de réflexion.
On se croirait dans un film 3D particulièrement soigné : les descriptions superbes des paysages sont telles qu'il suffit de fermer les yeux pour prendre possession du cadre et le « spectateur » est capté par l'histoire et la magnificence.
Mais que va faire le médecin généraliste Kurt dans cette Afrique lointaine ?
Tout sourit à cet homme : une maison confortable, une résidence secondaire, une vie réglée et surtout une femme aimée et aimante.
Un jour tout bascule et un drame familial l'accable. Il décide d'abandonner son existence luxueuse pour partir avec son ami Hans en voilier aux Comores.
Le voyage de l'oubli se transforme très vite en cauchemar, le voilier est arraisonné par des pirates africains et les deux amis sont traînés de force et sans ménagement par leurs ravisseurs .
De la Somalie au Soudan, le voyage est long et pénible : les coups et les humiliations subies donnent à Kurt une image partielle et partiale de l'Afrique.
Qui lui donne le droit de prendre ces africains pour des sauvages. La réplique d'un de ses gardiens est sans appel :
«...La guerre ? Les vôtres sont pires que les cataclysmes. La misère ? C'est à vous que nous la devons. L'ignorance ? Qui te fait croire que tu es plus cultivé que moi ? »
C'est tout le drame et la réalité d'un continent livré à la violence des prédateurs occidentaux et africains et aux tyrans qui sont résumés ainsi....
Ce sont parfois des hommes simples, tranquilles et très cultivés qui se trouvent victimes d'une attaque génocidaire et qui à leur tout peuvent devenir des aventuriers sans foi ni loi...
L'Afrique est une terre de contrastes où se côtoient le pire et le meilleur, le premier étant le fruit des politiques colonialistes et locales .
L'enfer sur terre n'existe pas, il n'y a que « des démons et ils ne sont pas invincibles » …
Kurt arrivera t-il à comprendre et à se débarrasser de sa répulsion, née d'une détention pénible ?
Va t-il saisir et comprendre la force de ces africains qui, spoliés, pauvres, désarmés, soumis aux violences ne cèdent « pas une miette de leur lamentable existence » !?
Ce livre est comme un bijou incandescent qui brillerait de mille feux....

Jean-François Chalot
Les leçons d’une prise d’otages au large d’Aden 9 étoiles

Un docteur allemand, Kurt Krausmann, qui voyageait sur le yacht de son ami en mission humanitaire se fait enlever au large d’Aden et à la suite de mille périples se découvre quelque part dans le désert du Darfour en compagnie de quelques autres otages ballottés tel un bétail précieux au hasard des caprices de leurs ravisseurs.

Ceux-ci démunis de tout, mais surtout de cervelle, tout en jouant cyniquement avec la vie de leurs otages, semblent vouloir venger leur propre décrépitude, l’arme au poing et le rire haineux.

Jamais le prix de la vie, ou plutôt de la survie, n’aura été aussi bien rendu que dans cet excellent roman de Yasmina Khadra décrivant avec talent la misère ultime de ces villages au milieu du désert, et dont les populations demeurent les victimes désespérées des rapines incessantes de bandes armées.

Kurt, le héros de cette aventure hors du temps, ou plutôt hélas, bien de notre temps, parviendra-t-il à sauver son corps et sa raison pour retourner au pays et à ‘la civilisation’ ?

Nous sommes ici en présence d’un grand roman, instructif et cruel.

Ori - Kraainem - 89 ans - 21 janvier 2015


'l'Afrique ne se voit pas , elle se sent..' 9 étoiles

"c'est un être splendide, l'Africain.Qu'il soit assis sur le seuil de sa case, ou sous un caroubier, ou sur la berge d'une rivière infestée de crocodiles, il est d'abord en lui-même. Son cœur est son royaume. Personne au monde ne sait mieux que lui partager et pardonner. Si je devais mettre un visage sur la générosité, ce serait le visage d'un Africain. Si je devais mettre un éclat sur la fraternité, il aurait celui d'un rire africain..."

Ça résume tout, j'ai beaucoup aimé ce roman , peut-être parce que je l'ai lu après un voyage en Tanzanie, Tout au long de l'histoire on découvre que les guerres civiles , les conditions de vie non humaines n'ont pas pu changer la générosité et la joie de vie que porte chaque Africain en lui-même.

EZZdahmed - - 42 ans - 21 novembre 2013


Fabuleux 8 étoiles

Un livre plein d'émotions: amour, peur, colère, haine, compassion,... On est transporté jusqu'au bout, Il est très dur et trés tendre à la fois.
350 pages à avaler facilement et avec plaisir, pas d'ennui, pas de temps mort. Une description précise et détaillée à chaque Evénement, .... magnifique!
J'adore le proverbe africain « Qui ne voit l’Afrique qu’une seule fois dans sa vie mourra borgne »
Bravo!!!!

Keirabaker2007 - - 54 ans - 11 septembre 2013


Pirates de la Corne de l’Afrique 7 étoiles

On connait la pertinence de Yasmina Khadra, ex-commissaire de police algérien, sur de nombreux thèmes tournant autour de la problématique des pays arabes ou musulmans : l’Algérie bien sûr, l’Irak, l’Afghanistan, … Il élargit sa zone géographique de compétence avec cette « équation africaine ». il l’élargit à la Corne de l’Afrique : Somalie, Soudan …
C’est en effet le problème du piratage maritime, principalement somalien, qui est le sujet de ce roman.
Kurt est un médecin généraliste allemand bien installé dans la ville de Frankfurt. Son amour, son épouse adorée, suite à une désillusion professionnelle se suicide. Kurt est complètement déstabilisé, au point que son ami Hans, homme d’affaire riche et impliqué dans des actions humanitaires, lui propose de l’accompagner dans son périple en voilier de Chypre vers l’Afrique de l’Est. Et le pire arrive, le voilier est accosté par des pirates, le cuisinier philippin exécuté et Hans et Kurt emmenés sur la côte comme monnaie d’échange.

« Quatre hommes armés tiennent en joue Hans et Tao dans la cabine de pilotage en gueulant tous à la fois ; un cinquième barre l’escalier qui mène sur le pont. Ce dernier passe et repasse la lame d’un sabre sur la paume de sa main, aussi sinistre qu’un bourreau s’apprêtant à décapiter sa victime. Ses yeux brillent d’un éclat malsain, et son rictus figé me glace le sang. Malingre, le visage osseux et les bras démesurément longs, il donne l’impression de ne pas avoir toute sa tête avec les grotesques lunettes sans verre qu’il porte avec désinvolture. »

La suite du roman est le périple, principalement de Kurt, et bizarrement au Soudan alors que clairement, ces actes là sont Somaliens ?
Il y a de très belles pages sur ce qu’est le désert dans ces zones inhumaines, et sur ce que sont ces individus poussés à bout qui ont basculé dans le piratage (lire Nuruddin Farah, « Exils » par exemple pour avoir une petite idée de la pétaudière que représente la Somalie !). De très belles pages donc. Et en même temps des passages moyens au niveau psychologique et surtout au niveau des dialogues. De la naïveté, des passages faibles dont je n’avais pas souvenir dans ses autres romans.
N’empêche, les termes de l’équation sont clairement posés. Problème ; c’est une équation avec trop d’inconnues. Beaucoup trop. Et elle n’est pas près d’être résolue cette équation !

Tistou - - 68 ans - 20 janvier 2013


Magistral! 9 étoiles

Poétique, puissant, poignant et comme toujours une profonde humanité.
Khadra a le pouvoir merveilleux de nous réconcilier avec l'âme humaine et "L'équation africaine" ne déroge pas à la règle...
A lire, absolument!

Giz - - 40 ans - 18 janvier 2013


Ombres et lumières africaines 7 étoiles

Un voyage éclairant et prenant dans la région sinistrée de l'Afrique de l'Est, porté par une très belle écriture, ciselée et poétique. Seul bémol, certains personnages manquent d'un peu de crédibilité, s'exprimant comme des académiciens, notamment Blackmoon qui utilise des métaphores filées alors qu'il est censé avoir été emporté dans la tourmente violente des événements dès son plus jeune âge.

Elko - Niort - 48 ans - 3 octobre 2012


l'Afrique dans l'idéal et la charogne. Très bon Khadra 8 étoiles

Le point qui m’a le plus chagrinée c’est que le livre traine un peu en longueur quand le héros est à la base et qu’il fait subir au lecteur les redondances de ses réflexions. Yasmina Khadra aurait pu abréger ce passage où Kurt, emprisonné, ne cesse de repenser la valeur de son quotidien rangé en Allemagne auquel il n’accordait, à l’époque, pas d’importance et qui pourtant était l’essence de son bonheur. Les répétitions sur le sujet lasse le lecteur et c’est dommage car il y a là une leçon à retenir.

Malgré ce bémol, l'équation africaine est à lire absolument !

L’écriture de Yasmina Khadra est délectable. Il y a de la poésie dans le choix des mots, dans leur nuance. Le texte est puissant. Percutant autant qu’émouvant par le verbe et par ce qu’il raconte sur l’Afrique, ce continent des extrêmes. A la fois hymne et errance littéraire, une quête de la beauté pour chaque phrase. Je crois qu’il faut justement lire l’équation africaine comme de la poésie où l’esthétique prime sur le réalisme et sur l’histoire.


« Je ne vois que des débris humains charriant dans leur sillage l’ironie du sort qui les a épargnés et portant à bras-le-corps une étrange conviction qui ne ressemble ni à leurs prières, ni à un destin (…). »

Clo. - - 40 ans - 27 avril 2012


La confrontation de deux mondes 7 étoiles

C'est profitant d'un phénomène actuel qu'est la piraterie dans la corne de l'Afrique que Khadra nous mène dans une histoire qui reste bien structurée et qui tient en haleine le lecteur pendant une grande partie du bouquin.

Malheureusement, pour des besoins de scénario, l'auteur délire notamment en déportant ses otages vers le Darfour (improbable voire impossible). Par ailleurs, sa description du preneur d'otage à la fois poète et sanguinaire est assez difficile à cerner. Cela laisse planer un sérieux doute sur la crédibilité du contexte du roman.

La prise d'otage et son issue ne constituent aussi malheureusement qu'une grosse moitié du livre.

Par contre, pour une fois, Khadra trouve une chute, certes assez classique, mais qui ne tourne pas comme dans beaucoup de ses livres en eau de boudin.

J'ai aussi l'impression que Khadra écrit parfois certains de ses romans (comme celui-ci) en espérant pouvoir vendre les droits pour le cinéma.

En résumé, un bon Khadra, mais ses livres "algériens" + " l'attentat" sont bien meilleurs.

Pacmann - Tamise - 59 ans - 2 février 2012


Quelle émotion 10 étoiles

Les 5 étoiles pour sa description de l'amour qu'il porte à sa femme, soit les toutes premières pages de ce roman... J'ai fini le livre mais je suis toujours hantée par ces quelques lignes, comme c'est beau !

Julisa - bordeaux - 41 ans - 10 janvier 2012


Un très bon Khadra 9 étoiles

Le narrateur , Kurt , est un médecin allemand , relativement peu sympathique ni intéressant , qui est laminé par le suicide de son épouse , suicide commis pour une raison futile. Pour le sauver son meilleur ami l’invite à une croisière à escales humanitaires . Hélas ils seront victimes d’une prise d’otages et d’une détention particulièrement difficile. Une profonde répulsion de l’Afrique grandit en lui pendant cette détention malgré les encouragements d’un autre otage à porter un autre regard sur le continent et même sur leurs propres geôliers. Ayant pu se libérer et rejoindre un camp de réfugiés il lui faudra semble-t-il un temps considérable pour commencer à se rendre utile en tant que médecin . Bien que veuf , il aspire à repartir sur la trace sa vie antérieure en Allemagne , mais y sera confronté au souvenir de sa femme , à la vacuité et à la dépression.
Comme dans d’autres romans de Khadra , c’est la FORCE DE LA VIE qui triomphe en final. Dans le dénouement celle-ci le conduit à fuir un Occident vide de sens vers l’Afrique , la solidarité et une autre femme . Ceci me rappelle la fin des Sirènes de Bagdad où le terroriste , observe subitement avec humanité la foule qu’il l’entoure…

Nav33 - - 76 ans - 6 janvier 2012


Questions de vie ou de mort 8 étoiles

Le Dr Kurt Krausmann retrouve sa femme morte dans leur baignoire, suicidée. Son monde s’écroule. Le meilleur ami de Kurt, Hans Makkenroth, tente de lui changer les idées et lui propose de l’accompagner dans un voyage humanitaire en Afrique. Leur bateau est accosté par des pirates et les deux hommes sont kidnappés. Ici commence leur calvaire…
Ce roman est un traité de philosophie sur l’Afrique et ses malheurs. En prenant comme point de départ ses plus grands fléaux, à savoir la piraterie et les guerres, Yasmina Khadra arbitre un débat entre Bruno le défenseur de l’Afrique et un Kurt de plus en plus révolté. Il oppose la futilité du geste de la femme de Kurt à la ténacité des Africains qui luttent pour rester en vie un jour de plus et continuent d’espère contre toute logique.
Malheureusement, les grands discours tenus par certains ravisseurs défigurent ce livre car qui pourrait croire qu’un lettré ayant reçu de prestigieux prix littéraires puisse verser dans une telle insensibilité et surtout une telle violence ? La violence peut avoir ses raisons dans la douleur, mais alors, elle ne fait plus appel à la raison. Tout cela est incompatible.
Il n’en reste pas moins que le style de l’auteur est toujours aussi savoureux et que cette histoire a le mérite de nous faire réfléchir, notamment sur la chance dont nous bénéficions au quotidien. J’aime aussi sa conclusion silencieuse : l’homme trouve son salut lorsqu’il aide son prochain et non pas lorsqu’il se complait dans la complainte.

Pascale Ew. - - 57 ans - 22 décembre 2011


Déçu 4 étoiles

Pourtant féru de ses ouvrages, j'ai été étonné du style qu'il a opté pour rédiger ce roman qui est si loin de la plume des Hirondelles, de l'Attentat ou encore du Jour à la Nuit. Apologie de la Croix Rouge, discours pompeux des pirates, j'ai dû m'accrocher au bouquin parce que c'est Khadra, et que Khadra, c'est pas n'importe quel écrivain. Je n'ai reconnu l'auteur qu'à la fin du livre, dommage... 2 étoiles pour la fin, donc.

Belkech - - 51 ans - 11 novembre 2011


Un poète 8 étoiles

A la suite d’un drame familial,un médecin Allemand va subir un changement radical dans sa vie .Quittant une existence pleine de vacuité et frisant la banalité,il se retrouve pris en otage à la suite d’un abordage au large des côtes Somaliennes .C’est alors la lente et irréversible transformation d’un homme soumis à une détention à l’issue incertaine ,dans des conditions innommables dont personne ne sortira indemne .Dans ce roman abouti ,au cœur de l’actualité qui nous fait porter un autre regard sur le monde et les hommes ,on prend part aux réflexions sur l’évolution d’un être qui va découvrir un continent et se redécouvrir lui-même .
Dans ce roman même si le style en est un tantinet ampoulé,un brin sentencieux et si contre toute attente les pirates parlent comme Montherlant ,cette histoire contée par Yasmina Khadra
Le poète Algérois nous laisse l’agréable sensation d’avoir accompagné au fil des pages « Un homme de lettres »

Elfe191 - - 68 ans - 21 octobre 2011


Du grand Khadra ! 10 étoiles

Un livre lumineux dans lequel on plonge immédiatement, oserais-je dire avec gourmandise...
Et puis c'est l'odyssée, percutante, le grand tumulte de la rencontre avec une Afrique déchirée, en proie aux convulsions d'un XXIe siècle qui la dépècera ou la grandira de toutes ses infinies richesses...
Ce magnifique roman est un hymne vibrant à l'Afrique, dans ce qu'elle a de plus douloureux et de plus héroïque mais c'est aussi un voyage initiatique pour le lecteur en proie aux mêmes doutes que le héros, Kurt, dont il partage les colères, le dégoût, l'incompréhension, le rejet pour ce continent de tous les possibles.

« Qui ne voit l’Afrique qu’une seule fois dans sa vie mourra borgne » dit le proverbe.

C’est un livre dont il est difficile de parler tant les mots semblent ternes au regard de l‘impression qu’il laisse.
Bravo, Mr Khadra, vous êtes un merveilleux romancier, vous m’avez bouleversée et pour bien connaître l’Afrique qui ne m’a pas laissée borgne, je peux assurer que la beauté de votre écriture, la justesse de votre regard lui sont un réel hommage. Vous portez avec brio, ces paroles prononcées par votre Joma:
"Avec le Verbe, on peut assujettir l'adversité"

(5 étoiles, un maximum pour moi insuffisant)

Papyrus - Montperreux - 64 ans - 22 août 2011