L'amazone de la foi : La fascinante histoire de Madeleine de la Peltrie
de Emmanuelle de Boysson

critiqué par Pascale Ew., le 21 août 2011
( - 57 ans)


La note:  étoiles
La foi contre vent et marées
Au début du XVIIème siècle, en Normandie, Madeleine naît la cadette des douze enfants Cochon de Vaubougon devenu par la suite Chauvigny, dans une famille riche. Son enfance est entourée de deuils successifs et elle voit mourir ses six frères les uns après les autres. Elle n’a qu’une aspiration : rentrer dans les ordres, mue par une foi profonde. Mais ses parents en ont décidé autrement et l’obligent à épouser Charles de la Peltrie. Elle aura une enfant de lui, mais la perdra elle aussi de maladie. Après sept ans de mariage, celui qu’elle aime finalement tendrement périt au cours du siège de La Rochelle.
Commence alors un long parcours afin de réaliser sa vocation et s’embarquer pour le Nouveau Monde afin d’évangéliser les ‘sauvages’. Il ne lui faudra pas moins de huit ans pour y parvenir et surmonter les nombreux obstacles mis sur sa route par sa famille (ses sœurs lui intentent toutes sortes de procès pour l’empêcher de donner sa fortune) et les diverses autorités. Elle a finalement recours à un subterfuge pour avoir quelque droit en ce siècle sexiste : puisqu’elle n’est pas religieuse, elle épouse chastement Jean de Bernières, ce qui lui confère un statut plus reconnu que celui de veuve et qui contente son père qui n’a de cesse de la marier. Elle s’engage à verser des fonds pour fonder un monastère d’ursulines à Québec, au Canada.
En 1639, son rêve devient réalité. Et jusqu’à sa mort en 1672, la nouvelle colonie sera sans cesse harcelée et attaquée par les cruels Iroquois, de sorte que son sort n’est jamais acquis et que plus d’une fois, la question d’un éventuel retour en France sera posée, sans que ces courageuses religieuses ne flanchent. Elles veulent convertir les indiens et ont quelque succès avec de rares Hurons, mais finalement leur tâche se concentre sur les colons.
La foi de Madeleine est édifiante et peut encore servir d’exemple pour nous aujourd’hui, mais bien sûr le ton des ‘gentils colonisateurs civilisés’ qui ne se posent jamais de question quant au bien-fondé de leur entreprise dérange. L’auteur reflète très bien la mentalité de l’époque.