Critique de l'idéalisme et apologie de l'enracinement

je vous propose d’analyser ensemble Les Déracinés de Maurice Barrès. Sous la troisième République, cet écrivain fermement nationaliste et catholique
rédige le premier ouvrage de sa trilogie le roman de l’énergie nationale.

Histoire

6 lycéens de Nancy admirent leur professeur de philosophie Bouteiller, celui-ci professant une morale kantienne, cherche à inculquer à ses futurs bacheliers la rigueur et l’intérêt collectif autant que la culture française Hugolienne. Prévoyant pour chacun des 6 amis un avenir différent, ceux-ci s’attristent du fait que leur professeur décide de rejoindre Paris.

Cette bande d’amis décide de quitter leur terre natale pour Paris et y faire leurs études. Certains font des études de médecine, d’autres des études de droit et d’autres de journalisme. Loin de leurs parents, de leurs coutumes et de leurs proches, ceux-ci connaissent d’abord le déclassement car ils doivent travailler pour payer leurs études qui malheureusement n’aboutissent à aucune intégration sociale et professionnelle. Ils vivent de petits boulots et se rendent peu à peu compte de l’aliénation qu’a provoquée cette migration. Si Sturel vogue de femme en femme pour se convaincre qu’il nage dans le bonheur, c’est en réalité le milieu de la prostitution qu’il fréquente. Racadot fonde un journal où collaborent ses amis en publiant des articles politiques mais ils se rendent compte que leur idéalisme se heurte rapidement à la cruauté du petit monde parisien. Il faut avoir du réseau et tout journal ne survit que s’il est subventionné par des personnalités politiques puissantes dans le milieu financier. Ainsi, ils voient Bouteiller qui leur fait rencontrer un financier Reinach. Ils reçoivent quelques subventions mais leur journal ne survit pas. Entre Renaudin qui trahit Racadot en s’octroyant des bénéfices à son insu et les manques de financements, ils sombrent peu à peu dans la pauvreté et le crime. Un crime parce que Racado tue Astiné Aravian pour obtenir ses bijoux et les revendre afin de continuer à vendre son journal la nouvelle République et un déshonneur parce qu’il cherche à soustraire de l’argent à son père resté à Nancy, celui-ci lui reprochant dans chacune de ses lettres, son manque de valeurs familiales et son mauvais choix professionnel. Il aurait pu être notaire et faire fructifier son argent près de Nancy.

Analyse

Maurice Barrès fait de la famille et de la province, un lieu de transmission et d’héritage social et professionnel où seul le moi peut s’épanouir. La migration vers Paris est synonyme de dépravation et de dégradation de l’identité puisque l’homme y subvertit ses valeurs morales par la compromission au sein de réseaux, par l’argent qui amène à la trahison et au meurtre. Ainsi, Barrès oppose la ville à la campagne, une conception romantique de l’épanouissement individuel qui se rapproche de celle de Maurras qui fait lui l’apologie de Martigues et de la vie provençale.

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  Les déracinés [Texte imprimé] Maurice Barrès préface de François Broche

  de Barrès, Maurice Broche, François (Préfacier)
  Bartillat / Omnia (Paris)
  ISBN : 9782841004645 ; 13,00 € ; 01/10/2009 ; 364 p. ; Broché

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