Zéro heure
de John A. Russo

critiqué par Kalie, le 26 août 2011
(Sarthe - 54 ans)


La note:  étoiles
Du tout bon
Dans le prologue de ce livre, une mère et ses quatre enfants, âgés de dix à seize ans, capturent la fille d’un voisin dans un piège à loup. Persuadée qu’il s’agit d’un démon, la petite famille massacre leur victime en allant jusqu'à détacher à coups de pelle, la tête, les bras et les jambes du corps sans vie !

C’est à la disparition du père que cette mère de famille sombre totalement dans la folie en entrainant ses enfants avec elle. Cette partie du récit est particulièrement émouvante. Sous prétexte que le grand-père était un « sorcier », la mère et ses enfants vouent leur vie à la sorcellerie et deviennent des assassins.

Une dizaine d’années plus tard, Cynthia, la cadette est maintenant à la tête d’une congrégation qui réunit près de deux cents « sorciers » venus des quatre coins des USA pour assister au rituel de Pâques pendant lequel trois jeunes filles enlevées sont sacrifiées. Les frères de Cynthia ont grandi eux aussi et sa mère semble toujours présente mais jamais visible (on comprend à la fin ce qu’elle est devenue…).

Un professeur d’anthropologie essaie en vain de ramener Cynthia à la réalité. Malheureusement pour lui, il assiste à la cérémonie finale le corps paralysé (sauf la tête !) par les soins d'un chiropracteur membre de la congrégation de Cynthia.

Parallèlement, on suit Nancy, une jeune fille de seize ans qui s’enfuit de son domicile pour échapper à son beau-père, un policier alcoolique qui veut abuser d’elle. Dans sa fuite, Nancy est enlevée et séquestrée par notre famille d’illuminés pour le sacrifice de Pâques. Cette partie du roman m’a rappelé le film « Massacre à la tronçonneuse » avec sa famille de malades.

Dans sa cage, Nancy se tourne vers Dieu et prie, alors que dans la grande salle d’à côté se déroule une cérémonie obscène vouée à Satan.

Quelle serait la réaction du beau-père s’il voyait Nancy ainsi prisonnière, lui qui risque son couple, sa carrière et sa liberté si elle parle ? : la sauver ou la laisser à son triste sort ?

« Zéro heure » est le numéro 79 de la collection Gore, le quatrième et dernier roman de John Russo publié dans cette collection. C’est une histoire inédite qui n’a rien avoir avec les zombies, thème de prédilection de l’auteur. Ses novélisations des films de George A. Roméro : « La nuit des morts-vivants » (Gore n°1), « Le réveil des morts-vivants » (Gore n°6) et « Le retour des morts-vivants » (Gore n°9) ont marqué les débuts de la collection Gore.

La lecture de « Zéro heure » (titre original « Midnight » paru initialement en 1980) procure un certain malaise tant les personnages sont complexes. Leurs actes sont motivés et à leurs yeux excusables. Le policier est conscient des pulsions sexuelles qu’il ressent envers Nancy. Il fait tout pour les repousser mais elles finissent par avoir le dessus. Evidemment, il rejette la faute sur sa belle-fille qu’il juge provocante.

C’est probablement l’un des meilleurs romans Gore US de la collection. Subtil, notamment lorsqu’il aborde l’évolution de ces enfants innocents qui adultes deviennent des fanatiques à cause de la folie de leur mère.