Margherita Dolcevita de Stefano Benni

Margherita Dolcevita de Stefano Benni
(Margherita Dolcevita)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Pucksimberg, le 28 août 2011 (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 45 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 430ème position).
Visites : 5 677 

Une famille italienne hilarante, parfois malgré elle ...

Margherita Dolcevita est une adolescente de 15 ans, spontanée, un peu enrobée qui voit sa vie chamboulée par la venue de nouveaux voisins, les Del Bene, des gens qui vous veulent du bien, enfin pas du tout !

Avant de dépeindre ces intrus atypiques, Margherita, la narratrice de ce roman, décrit sa famille, famille haute en couleur. Il y a tout d'abord Fausto le père bricoleur, Emma la mère rêveuse plongée dans sa série télévisée préférée du type "Les Feux de l'amour", le frère aîné Giacinto boutonneux et passionné par le foot, le petit frère Eraclito amoureux de sa prof de math, le grand-père qui mêle à ses repas des produits chimiques pour habituer son corps aux subtances dangeureuses et pour finir Roupillon le chien, "l'un des plus mystérieux composés archimboldiens de la nature". Je vous laisse imaginer le quotidien explosif d'une telle famille, qui n'est pas sans rappeler les familles chères à Pennac !

Les nouveaux voisins suscitent rapidement l'antipathie de Margherita, agacée par leur demeure, un cube noir, et intriguée par leur mode de vie. Le père exerce une profession lucrative, mais laquelle ? La mère se permet de juger Emma et se montre assez hautaine, leur fille est une jeune fille dévergondée, avatar de Paris Hilton. Quant au chien, il s'avère agressif et menaçant, tout à fait l'opposé de ce cher Roupillon.

Ce roman est hilarant, Stefano Benni accumule les remarques comiques toutes les deux à trois lignes. Mais où va-t-il chercher de telles idées ? On reconnaitra assez facilement l'humour italien : franchise des répliques de Margherita, le goût de la formule saisissante, des allusions sexuelles amusantes, des situations incongrues ... Quel bonheur de lire un tel roman ! Stefano Benni appartient au cercle des écrivains les plus renommés en Italie, mais il est vrai qu'en France cet auteur n'occupe pas encore la place qui lui est due.

Tout au long de ce roman, trop court à mon goût, les voisins envahissants vont exercer une nette fascination sur la famille de Margherita qui sera la seule avec son petit frère à résister au charme opéré par les habitants du cube noir. Elle sera résistante et mènera son enquête à sa manière. Le seul être qui aura grâce à ses yeux est Angelo, le fils de ces mêmes voisins, souvent interné et rejeté, donc fort attachant pour la jeune fille ! Une autre créature occupera une place particulière dans le petit coeur, au rythme anormal, de Margherita, c'est la Petite Fille de poussière, enfant tuée lors de bombardements, qui hante encore sa demeure délabrée ...

Stefano Benni fait de ce roman original et amusant une fable qui interroge l'homme sur sa relation à la nature, sur le progrès, sur le pouvoir ... Il n'emploie jamais un ton didactique, la critique apparaît implicitement pour qui voudra la voir. Ce roman ne cesse de nous captiver : le dialogue entre Margherita et son grand-père est touchant, la fin du roman surprenante et l'humour de l'héroïne ne laissera personne insensible ! Les portraits des personnages sont truculents parce que très travaillés par l'écrivain !

Un roman à mettre entre toutes les mains ...

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Les éditions

  • Margherita Dolcevita [Texte imprimé], roman Stefano Benni traduit de l'italien par Marguerite Pozzoli
    de Benni, Stefano Pozzoli, Marguerite (Traducteur)
    Actes Sud / Babel (Arles)
    ISBN : 9782742796793 ; 7,70 € ; 02/03/2011 ; 246 p. ; Poche
  • Margherita Dolcevita [Texte imprimé], roman Stefano Benni traduit de l'italien par Marguerite Pozzoli
    de Benni, Stefano Pozzoli, Marguerite (Traducteur)
    Actes Sud / Lettres italiennes (Arles).
    ISBN : 9782742772391 ; 14,00 € ; 03/01/2008 ; 248 p. ; Broché
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Les livres liés

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Un univers de BD

6 étoiles

Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 4 février 2015

Un décor qui ouvre des portes sur le fantastique et l’onirique, un regard décalé sur le monde moderne qui en révèle les dérives, de l’humour et de la tendresse , des situations tantôt cocasses, tantôt dramatiques .

Voilà des éléments constitutifs d’’un univers qui, à mon sens, auraient mieux convenu à la bande dessinée .

Dommage pour moi, l’auteur a choisi d’en faire un roman

"Etre amoureux, comme l'ont dit Platon et David Bowie, c'est horrible."

7 étoiles

Critique de Sissi (Besançon, Inscrite le 29 novembre 2010, 54 ans) - 5 juillet 2012

Stefano Benni, c’est quelqu’un d’extrêmement inventif, un auteur un peu déjanté, fantasque, loufoque.
Son écriture est rythmée, pleine de verve, et il sait doser l’humour intelligemment.
On peut dire que ça commence très fort avec Margherita Dolcevita, adolescente de quinze ans, pas forcément très bien dans sa peau, flanquée de deux frères qui ne sont pas forcément des cadeaux non plus, et qui voit débarquer des voisins inquiétants, envahissants et manipulateurs.
L’auteur parvient très bien à se mettre dans la peau de cette jeune fille, qui a un regard sans concession sur les adultes qui l’entourent et qui observe avec intelligence tout ce qui se trame autour d’elle :

« Et donc moi, qui suis une petite fille périmée, je pense :
a) que les grands n’ont plus rien à nous apprendre ;
b) qu’il vaudrait mieux que ce soit nous qui prenions les décisions, et eux qui écrivent des rédactions contre la guerre ;
c) qu’ils devraient arrêter de faire des films où la justice triomphe, et la faire triompher tout de suite, à la sortie du ciné.
Eh bien oui, je suis polémique. »

Ca commence très fort mais ça finit plutôt moins bien…on bascule dans une simili enquête policière qui bascule elle même à son tour dans une fin plutôt fantastique, et ça brise l’unité du texte qui évolue en se dénaturant un peu, (un peu beaucoup en fait).
Un bon moment néanmoins, et de belles idées qui émergent :

« L’art c’est cela : fuir la normalité qui veut te manger ».

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