Le merle bleu
de Michèle Gazier

critiqué par Saule, le 4 juillet 2002
(Bruxelles - 59 ans)


La note:  étoiles
Un bon début mais ça pique du nez
Clothilde et René, un couple d'ornithologues distingués, vivent bien pépère une retraite qu'on suppose méritée. Leur principale occupation est la réalisation d'une étude sur le Merle Bleu, un ultime travail scientifique, qui leur a été commandé par une vague association d'ornithologues. Jusque là tout va bien. L'auteur me fait sourire avec sa description pleine de fraicheur et d'humour de ce couple somme toute bien sympathique. On y trouve même un peu du talent d'Angela Huth lorsqu'elle nous dépeint la vie de ces gens originaux avec humour, ironie, simplicité, le tout à la fois ! Malheureusement l'état de grâce ne dure pas et l'histoire pique du nez avec l'introduction d'un élément mi-policier, mi-thriller: un jeune émigré clandestin vient s'immiscer dans la vie des braves vieux. La raison ? Je vous laisse la découvrir. Et bien sûr le jeune en question est extrêmement séduisant, il porte le poids d'un passé terrible,.. bref les clichés abondent de plus en plus au fur et à mesure qu'on avance dans l'histoire. Et le style, que je trouvais plaisant au début, me semble de plus en plus simpliste et de mauvais goût. Bref je n'ai pas aimé. Mais je connais d'autre personnes qui l'ont aimé (notamment la personne qui me l'a prêté, mais aussi S-G-d-P qui critique un autre du même auteur sur le site), donc je ne voudrais pas vous décourager. A vous de voir.
Adopter un merle 10 étoiles

Claude et René Pernet vivent une vieillesse tranquille dans un appartement situé sur la Place aux Herbes à Uzès. René à 82 ans, ornithologue reconnu est toujours aussi passionné par les oiseaux, toujours suivi par Tante Clô son épouse qui va sur ses 80 ans. Une vie calme rythmée par les parties de bridge de Madame René, par les sorties d’observation, et par la rédaction d’un article pour l’Association Ornithologique du Gard ; pour lequel ils choisissent le merle bleu, leurs observations leur permettant de contredire certains faits établis.

Autour de la place, Clô voit souvent passer un beau jeune homme inconnu des habitants qu’il intrigue. Elle va faire sa connaissance, et rapidement, eux qui ne reçoivent jamais personne, et encore moins leurs neveux et nièces, vont l’inviter de plus en plus régulièrement pour finir par l’héberger.
Mais qui cet homme qui se fait appeler Alain Rachet ?
Peu importe, il est la lumière de la dernière partie de leur vie, il est le fils qu’ils n’ont pas eu, pas désiré ; il est le bonheur…
"Non, Alain Rachet ne lui inspirait ni amour, ni désir, ni tendresse, ni amitié. Il suscitait chez elle une passion comparable à celle qu’avaient déchaînée l’observation et l’étude de de certains oiseaux."
Mais d’autres ne voient pas cette arrivée d’un bon œil. La rumeur pour cet inconnu , la jalousie pour cet imposteur, profiteur.
Le merle bleu monticola solitarius est un oiseau solitaire et farouche.
Personne n’était capable de comprendre que ce jeune homme était leur dernier merle bleu. Que grâce à lui "le présent leur paraissait encore plus heureux que le passé, l’age d’or se conjuguait au présent."

Touchant, aussi bien dans ce couple de personnes âgées solitaires que dans l’ambivalence et le mystère qui entourent le jeune homme. Superbe !

Marvic - Normandie - 66 ans - 17 août 2022


Un joli conte. 5 étoiles

René Pernet, un ornithologue à la retraite, et son épouse Claude "Mme Clô" , se sont retirés à Uzès, dans le sud de la France, où ils coulent des jours paisibles et monotones, repliés sur eux-mêmes, une retraite de vieux couple: ils se connaissent bien, trop bien peut-être. Ils agrémentent cette retraite par l'étude du Merle bleu, un oiseau migrateur méditerranéen, solitaire, qui vit à l'écart, dans des paysages de pierres. Survient alors dans leur vie un autre migrateur solitaire, Alain Rachet, qui les charme, les éblouit et qu'ils installent chez eux. Leur vie s'en trouve alors métamorphosée, ils s'illuminent et renaissent, découvrent une nouvelle joie de vivre. Alain lui retrouve la paix et le calme, et un but dans sa vie d'exode. Mais tout ceci alimente les rumeurs, et attise les jalousies ! Et puis ...
Roman au sujet original, agréable à lire. M. Gazier décrit très bien ses personnages, leurs évolutions, les buts qui les animent, les sentiments qui les attisent et les réactions qu'ils suscitent. Elle malmène le petit monde étriqué de la bourgeoisie de Province, confinée dans ses certitudes et ses habitudes. Et donne une dimension extraordinaire à cet oiseau migrateur qui vient nicher chez les Pernet et qui sait donner de lui ce qu'il leur faut, pour recevoir ce qu'il cherchait. Un joli conte !

Homo.Libris - Paris - 58 ans - 27 février 2014


merle ou coucou? 10 étoiles

Les "René" (en fait Claude et René Pernet mais tout le monde les appelle ainsi, allez savoir pourquoi...) se sont installés à Uzès lorsque René a pris sa retraite du Muséum d'Histoire Naturelle. Ornithologues tous deux, ils collaborent à la société savante locale, qu'ils fournissent en articles et conférences au gré de leurs sorties de terrain et de leurs voyages. L'âge venant, le rythme des sorties s'allège et le goût des voyages s'estompe, la vie se ralentit, jusqu'au jour où survient... le Merle Bleu! Homme? Oiseau? Légende ou réalité? Il ne faut surtout pas déflorer ce roman écrit avec beaucoup de finesse et de tendresse, par l'une de nos meilleurs romancières d'aujourd'hui. Il se lit comme un roman policier (sans crime et sans police), tant la quête de la vérité (humaine) y tient le lecteur en haleine jusqu'à la dernière page. Michèle Gazier sait ménager ses surprises, en conteuse chevronnée elle tisse sa toile patiemment mais sûrement et j'apprécie particulièrement le dialogue qu'elle parvient à nouer avec ses lecteurs. Une belle leçon d'écriture, loin, très loin des dérives nombrilistes d'une certaine littérature d'aujourd'hui.

Jfp - La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans - 18 avril 2010


« (.) loin de ce monde où sa place, de jour en jour s'amenuise » 7 étoiles

D'accord avec Saule pour le parfum d’Angela Huth et d'accord aussi pour dire que l’auteur est souvent à la limite du cliché, parfois même légèrement dedans. Un de ses personnages est « tendu comme un arc ». C'est une image doublement malheureuse : elle est usée jusqu’à la corde (ben quoi ? c'est un cliché aussi ?) - la corde de l’arc cela va de soi -, et plus personne ne passe son temps à tendre un arc, ce qui rend l'image à la fois éculée et inopérante… Mais je reste vraiment séduit malgré les imperfections. Le personnage venant se glisser dans la vie du couple de vieux est traité avec nuances et l'ensemble, entre nostalgie et générosité lasse, nous permet de côtoyer notre future vieillesse avec un rien d’espérance mal placée. Oui, lisez ce livre pour jeter sur les personnes âgées -que vous serez un jour prochain- un regard de tendresse affolée. La fin de leur vie, c'est déjà un peu la fin de la vôtre, non ?

Bolcho - Bruxelles - 76 ans - 19 décembre 2002


J'ai plutôt aimé 7 étoiles

Trop de temps a passé depuis la lecture de ce livre, je ne peux donc livrer que l'impression qui m'en est restée : assez bonne...
C'était le premier Gazier que je lisais et, séduite, j'en ai découvert d'autres par la suite.
Son dernier, "Le fil de soie", par ailleurs critiqué, m'a déçue, au contraire.

Saint-Germain-des-Prés - Liernu - 56 ans - 5 juillet 2002